Grèce: Tsakalotos ne satisfait pas aux exigences de crédibilité de la zone euro

Euclide Tsakalotos © Reuters

Le nouveau ministre grec des Finances, Euclide Tsakalotos, n’a pas amené de nouvelles propositions à la réunion de l’Eurogroupe mardi après-midi à Bruxelles.

Le président de l’Eurogroupe, le Néerlandais Jeroen Dijsselbloem, devait faire une courte déclaration dans la foulée de la fin de la réunion, vers 16h10. Il semble que les Grecs soient venus sans nouvelles propositions, contrairement à ce qu’avait promis le Premier ministre Alexis Tsipras. Celui-ci pourrait cependant les présenter en fin de journée, au sommet de la zone euro.

D’autres informations faisaient ensuite état de propositions formulées oralement à l’Eurogroupe, avant d’être présentées par écrit mercredi.

“L’absence de propositions concrètes de la part du gouvernement grec n’aide pas pour le sommet des dirigeants de la zone euro ce soir”, a indiqué le Premier ministre maltais Joseph Muscat sur son compte Twitter.

Crédibilité

Un paquet “crédible” de propositions est attendu du nouveau ministre des Finances grec, Euclide Tsakalotos, avait déclaré le président de la zone euro, Jeroen Dijsselbloem, à son arrivée à la réunion des ministres des Finances mardi à Bruxelles.

“Je pense que vu la situation après le “non” au référendum en Grèce, nous devons d’abord écouter comment le gouvernement grec envisage une solution, comment il estime que nous pouvons dégager un accord”, a expliqué M. Dijsselbloem, qui doit s’entretenir personnellement avec M. Tsakalotos avant la réunion des grands argentiers. “Nous allons recevoir de nouvelles propositions et voir si elles sont crédibles, et si une solution peut être envisagée”, a déclaré le Néerlandais, précisant qu’il était disposé à tout pour faire pour protéger la zone euro.

Le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Pierre Moscovici, a aussi indiqué attendre “des propositions crédibles, complètes, efficaces” afin d’éviter le Grexit, une sortie de la Grèce de la zone euro.

Le ministre belge des Finances, Johan Van Overtvledt, a pour sa part rappelé l’urgence de la situation, et dit attendre des propositions grecques à même de remettre la croissance sur les voies dans le pays. M. Van Overveldt a souligné que l’éventualité d’un “Grexit” serait une issue de dernier ressort, et que seul le peuple grec pourrait prendre un telle décision.

Le ministre slovaque des Finances s’est lui dit sceptique qu’un accord puisse être dégagé aujourd’hui, tout en mettant en garde que la prolongation des discussions était préjudiciable à la Grèce et à la zone euro. “Nous devons décider, dans un sens ou dans l’autre.”

Le commissaire européen en charge de l’Euro, Valdis Dombrovkis, a encore souligné qu’il n’y avait aucune intention de discuter d’un “Grexit”, ” mais que “si aucun paquet crédible n’est présenté, cela ne peut être exclu”.

Un “Grexit” serait un “échec terrible, un échec collectif que nous ne voulons pas”, a encore signifié Pierre Moscovici. Ce dernier à l’instar d’autres partenaires a noté la nécessité de restaurer la confiance autour de la table, avec le nouveau ministre grec des Finances. “Il y a beaucoup d’incompréhension mais les raisons d’un accord sont plus fortes, il faut que nous sachions mettre de côté les jeux politiques pour mettre en avant les intérêts généraux.”

La question du rééchelonnement de la dette, une nécessité pour le gouvernement Syriza, “n’est pas la question la plus urgente, mais elle sera sur la table”, a admis le ministre lituanien Rimantas Sadzius, à l’instar de l’espagnol Luis De Guindos. Cette option est d’ailleurs recommandée par son homologue irlandais Michael Noonan, qui se base sur l’expérience de son pays en la matière.

Alléger la dette n’est par contre pas une option pour Wolfgang Schauble, le grand argentier allemand, qui a souligné que les traités n’autorisaient pas de restructuration de la dette en cas de renflouement.

Alexander Stubb, le ministre finlandais des Finances, s’est également montré intransigeant à cet égard, rappelant qu’une renégociation de la dette avait déjà eu lieu en 2011 et 2012.

Pas de discussion sur la dette avant les réformes

Du côté du ministre de l’Economie et vice-chancelier allemand Sigmar Gabriel, on estime qu’une éventuelle discussion sur un allègement de la dette grecque n’était pas envisageable avant la mise en oeuvre de réformes par Athènes. On pourra “parler de la possibilité de réduire la dette seulement quand le gouvernement grec montrera qu’il met en oeuvre les réformes”, a déclaré M. Gabriel dans une interview à l’hebdomadaire Stern.

Dans le cas contraire, “la dette recommencerait à augmenter dès le lendemain de la réduction de dette”, a-t-il ajouté.

Berlin s’est pour l’heure montré ferme à l’égard d’Athènes refusant de négocier actuellement une restructuration de la colossale dette du pays, au bord de l’asphyxie financière. Cette renégociation est pourtant une condition posée par le gouvernement grec d’Alexis Tsipras pour trouver un accord avec les créanciers du pays.

Un allègement de la dette “n’est pas un sujet pour nous”, avait tranché lundi le porte-parole du ministère des Finances, Martin Jäger, ajoutant ne pas voir “de raison de nous lancer à nouveau dans cette discussion”.

Alors que les responsables de la zone euro se réunissent mardi à Bruxelles après la victoire retentissante du non au référendum grec de dimanche, le vice-chancelier allemand s’est tout de même dit confiant que “à la fin nous trouverons une issue à la crise en Grèce”.

Le responsable social-démocrate a par ailleurs estimé que faire entrer ce pays dans l’euro avait été une erreur. “L’intégration de la Grèce dans la zone euro s’est faite de façon très naïve”, a-t-il dit. “Le pire est que tout le monde s’est contenté d’observer pendant beaucoup trop longtemps” le pays s’enfoncer dans la crise, a-t-il ajouté, affirmant qu’il ne “fallait plus jamais détourner le regard quand un pays ne se tient pas aux règles du jeu de l’Europe”, qu’elles soient financières ou autres.

M. Gabriel avait indiqué lundi que les dirigeants de la zone euro allaient sans doute discuter mardi à Bruxelles d’une “aide humanitaire” à apporter à la Grèce. “Il ne faut pas rendre les gens responsables des bêtises de leur gouvernement”, a affirmé Sigmar Gabriel.

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