Grèce: première loi contre la pauvreté, l’Europe au balcon

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Le gouvernement grec de gauche radicale d’Alexis Tsipras a fait adopter mercredi par le parlement, avec le soutien des conservateurs, la première loi de sa mandature consacrée à un paquet de mesures sociales en faveur des plus démunis frappés par la crise. Les partenaires européens de la Grèce observent la situation avec une grande attention.

La loi a été votée dans ses principes par les 149 députés Syriza et ses 13 alliés des Grecs indépendants, mais aussi par les partis conservateur Nouvelle Démocratie et socialiste Pasok. Le texte doit encore faire l’objet d’un vote article par article dans la journée alors que les relations sont tendues entre Athènes et ses créanciers qui cherchent un nouvel accord sur le déblocage de fonds à la Grèce.

“Nous soutenons pleinement l’objectif de soutenir les plus vulnérables en Grèce, ceux qui ont le plus souffert de la crise”, a commenté mercredi midi le commissaire européen aux Affaires économiques et financières Pierre Moscovici. “Mais nous avons besoin d’évaluer l’impact budgétaire des mesures proposées” et les contacts difficiles entre les responsables grecs et les fonctionnaires européens chargés d’évaluer la situation grecque n’aident pas à le faire. “Je veux ici dire, de la manière la plus ferme, que nous avons en Grèce des équipes d’une qualité exceptionnelle et que je les soutiens pleinement”, a insisté M. Moscovici, niant tout “durcissement de ton” envers les dirigeants grecs.

Le Premier ministre grec Alexis Tsipras et son parti de gauche radicale Syriza avaient promis durant leur campagne électorale d’en finir avec la Troïka, le groupe d’experts de la Commission européenne, de la Banque centrale européenne (BCE) et du Fonds monétaire international (FMI), incarnation pour les Grecs des politiques d’austérité qui ont asphyxié la population depuis 2010. Les nouveaux dirigeants grecs avaient obtenu que le terme Troïka soit abandonné au profit d’un plus neutre “institutions”.

Les ministres des Finances de la zone euro ont aussi accordé à la Grèce une extension de son programme d’aides financières jusqu’en juin, en y assortissant des conditions drastiques, dont l’obligation de proposer pour fin avril une liste approfondie de réformes structurelles. Les discussions à ce sujet ont pris du retard et ont commencé – sous pression – la semaine dernière à Bruxelles.

La situation en Grèce n’était pas prévue à l’agenda du sommet européen qui réunira jeudi et vendredi les chefs d’Etat et de gouvernement des 28 Etats membres, mais le sujet pourrait finalement s’inviter, en marge du sommet, sans que la forme de la discussion soit encore établie.

Les derniers développements, et les lenteurs constatées dans les discussions, ont passablement irrité les partenaires européens de la Grèce, qui ont de manière répétée appelé Athènes à accélérer le tempo. “Moi, et tous ceux qui suivent cela, nous avons tous l’impression que le temps est compté pour la Grèce”, a ainsi déclaré le ministre des Finances allemand Wolfgang Schäuble jeudi à Berlin. “Il va être de plus en plus difficile de trouver des solutions, c’est cela le gros souci.”

Une première liste de réformes, soumise fin février par le ministre grec des Finances Yanis Varoufakis à ses collègues de la zone euro, prévoyait un volet humanitaire pour tenter d’aider les Grecs les plus pauvres. Le document précisait cependant que ces mesures ne pourraient pas avoir d’impact budgétaire négatif, sans plus de détails sur leur financement concret.

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