Grèce : la facture de son adieu à l’euro

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La Grèce n’est pas parvenue à se doter d’un gouvernement. La probabilité de sa sortie de la zone euro a nettement augmenté. Voici les conséquences chiffrées d’une telle sortie.

Effrayant. C’est le mot qui décrit le mieux la situation grecque, selon le chef de l’Etat grec, Carolos Papoulias. Le pays n’est pas parvenu à se doter d’un nouveau gouvernement. Résultat, les aides financières et le processus de réformes sont bloqués. Pour la troisième fois en deux ans, la question du maintien de la Grèce dans la zone euro se pose, mais avec une acuité inédite.

Voici, en quelques chiffres, ce qu’une telle sortie pourrait donner. Sans surprise, elle coûterait beaucoup d’argent. Et pas seulement à la Grèce.

Un choc équivalent à la moitié du PIB pour la Grèce

40 à 50% du PIB. C’est ce que pourrait coûter à la Grèce une sortie de la zone euro la première année, selon les calculs de la Banque UBS. Cela correspond à une facture comprise entre 9.500 et 11.500 euros par habitant. L’addition diminuerait, mais resterait salée les années suivantes : entre 3.000 et 4.000 euros annuels par personne. Pourquoi un tel coût ? Parce que l’abandon de l’euro aurait des effets négatifs en cascade. A commencer par un effondrement de la drachme. Celle-ci serait d’au moins 20% selon le FMI et elle pourrait aller jusqu’à 60% selon Natixis.

En apparence, c’est une bonne nouvelle. La dévaluation rendrait les produits grec moins chers à l’étranger ce qui pourrait doper les exportations du pays. Le problème ? L’économie grecque n’étant pas très ouverte, le pays n’en profiterait pas beaucoup. Et puis il y a l’inflation. La dévaluation augmenterait fortement le prix des importations, dont la Grèce est friande. Résultat : une inflation à 2 chiffres – de l’ordre de 20 à 30% – pourrait voir le jour. De quoi faire chuter le pouvoir d’achat des ménages.

Enfin, la dévaluation ferait exploser la dette en euros de l’Etat et des entreprises grecques. E cas de dévaluation de 50%, la dette publique grecque pourrait grimper à 330% du PIB en 2014, calculent les experts de la Coface. Finalement, ce serait pire encore que les deux années passées d’austérité, résume un économiste.

Une ardoise globale de 400 milliards à régler

En cas de faillite, la Grèce laisserait une ardoise importante. Selon Bloomberg, la Grèce doit en tout 400 milliards d’euros à des créanciers privés mais aussi à des Etats européens et à des institutions financières internationales comme le FMI ou la BCE. Avec une monnaie dévaluée, la Grèce aurait un mal fou à honorer ses créances.

Une faillite de la Grèce entraînerait donc des pertes pour les Etats, les créanciers privés et les institutions. La faillite grecque pourrait même mettre la BCE en difficulté. Toujours selon Bloomberg, la Grèce devrait, de manière indirecte, 172 milliards à l’Institution. Sur cette somme, 104 milliards d’euros seraient dus par la Banque centrale de Grèce à ses homologues de la zone euro.

Par ailleurs, la BCE n’a toujours pas revu en baisse la valeur des obligations grecques qu’elle détient (55 milliards). Ce qui rendra la perte finale d’autant plus importante en cas de faillite du pays. Une sortie de la Grèce aurait donc des conséquences importantes sur le bilan de la BCE. Ce qui rendrait obligatoire, selon Bloomberg, de procéder à une augmentation de son capital.

Les contribuables français et allemands mis à contribution

Selon les économistes de la banque Deka, le coût d’un retrait de la Grèce serait de 86 milliards d’euros pour les contribuables allemands en raison du non-remboursement des aides consenties par Berlin. Ce coût dépasse même 100 milliards d’euros si on tient compte de l’engagement financier de l’Allemagne au FMI, qui fait partie lui aussi des créanciers de la Grèce, ainsi que les pertes à éponger au sein des banques publiques régionales.

En France, le coût pour le contribuable semble un peu moins élevé. Le ministre sortant de l’Economie et des Finances, François Baroin, a estimé qu’une sortie de la Grèce de la zone euro “coûterait net 50 milliards” d’euros. Mais ce chiffre ne tient pas compte des “titres grecs que détiennent les banques ou les assurances dans leurs portefeuilles”, ni des éventuels surcoûts liés à l’intervention du FMI en Grèce.

Sébastien Julian, L’Expansion.com

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