Grèce: La demande de prolonger le programme d’aide a été rejetée

Jeroen Dijsselbloem, Cristobal Montoro Romero et Yanis Varoufakis. © AFP/John Thys

La demande grecque de prolonger d’un mois le programme d’aide, qui devait arriver à échéance le 30 juin, dans l’attente du référendum que le Premier ministre grec a annoncé pour le 5 juillet, a été rejetée par les ministres des Finances de la zone euro, ont indiqué des sources européennes.

La réunion, commencée peu après 14h00, a été suspendue moins de trois heures plus tard, les premières informations qui en filtrent faisant état du rejet, par l’Eurogroupe, de la demande grecque de prolonger le programme d’aide.

Le président de l’Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem devrait faire une déclaration à la presse, avant de retrouver 18 des 19 ministres des Finances – le ministre grec Yanis Varoufakis n’y participant pas – pour une nouvelle réunion informelle.

L’Eurogroupe travaille maintenant à assurer la stabilité de la zone euro

Le président de l’Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem a indiqué que les ministres des Finances de la zone euro, à l’exception du Grec Yanis Varoufakis, allaient travailler à assurer la stabilité de la zone euro et la force et la crédibilité de l’euro, alors que la demande d’Athènes de prolonger d’un mois le programme d’aide du pays en vue du référendum qui doit être organisé le 5 juillet a été rejetée samedi après-midi.

L’annonce vendredi soir par le Premier ministre grec Alexis Tispras d’un référendum pour que le peuple grec se prononce pour ou contre le paquet de mesures proposé par les créanciers d’Athènes a constitué une “surprise très déplaisante” pour les membres de l’Eurogroupe, comme l’avait indiqué à son arrivée le ministre finlandais des Finances Alexander Stubb.

“Le programme expirera mardi”, a confirmé le président de l’Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem. Les 18 ministres des Finances restants devaient à nouveau se réunir après la déclaration de M. Dijsselbloem pour examiner les mesures à prendre en vue d’assurer la stabilité de la zone euro, “la force et la crédibilité de l’euro”, a indiqué Jeroen Dijsselbloem.

La confiance entre le gouvernement grec et ses partenaires européens semblait plus endommagée que jamais, le président de l’Eurogroupe critiquant une “façon injuste” de solliciter le peuple grec et soulignant que le Premier ministre grec avait “parlé si négativement du programme que cela constitue un gros problème”. Aucun programme d’aide ne pourra jamais être facile, a-t-il encore souligné. “La question, c’est: à qui pouvons-nous faire confiance? Avec qui travaillons-nous? “

Le ministre grec, Yanis Varoufakis, a défendu la démarche de son gouvernement. “Nous avons été élus avec 36%, il nous semble normal que sur des sujets pareils, une majorité de 50% + 1 soit un minimum nécessaire”, a-t-il commenté”.

Le conseil des gouverneurs de la BCE va se réunir dimanche

Le conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE) va se réunir dimanche, sans doute par téléphone, pour décider de la marche à suivre alors que la Grèce se dirige vers le défaut de paiement et une panique bancaire.

Une telle réunion aura lieu dimanche, a confirmé la BCE sur Twitter. Le conseil des gouverneurs, qui réunit les six membres du directoire de l’institution et les 19 gouverneurs des banques centrales de la zone euro, prend entre autres les décisions sur le maintien à flot des banques grecques au moyen de prêts d’urgence.

Varoufakis suggère que la BCE paie ce que la Grèce doit au FMI le 30 juin

Le ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis, a suggéré samedi que la Banque centrale européenne (BCE) verse directement au Fonds monétaire international 1,9 milliard d’euros, ce qui couvrirait la somme due par la Grèce à l’institution le 30 juin, et éviterait au pays d’être en défaut de paiement.

“La BCE nous doit 1,9 milliard d’euros, qu’elle les donne au FMI”, a suggéré M. Varoufakis, sans donner plus de détails, avant de quitter Bruxelles, où s’est tenue samedi une réunion de la zone euro sur le cas grec.

La proposition des créanciers, rejetée vendredi par Athènes, prévoyait un premier versement immédiat d’une tranche de 1,8 milliard d’euros provenant des intérêts réalisés en 2014 par le programme “SMP” (Securities Market Program) de la BCE.

Ce programme a vu la banque centrale racheter à partir de mai 2010 sur le marché secondaire des titres grecs. En 2012, la BCE a décidé d’échanger ses obligations grecques contre de nouvelles, moyennant une décote, ce qui lui a permis de réaliser des plus-values. La Grèce et les institutions s’étaient entendues sur le fait que cet argent reviendrait in fine à Athènes, sous réserve de conclusion positive du programme d’aide.

Mais en attendant, comme tous les bénéfices réalisés par la BCE, il a été redistribué aux banques centrales de l’Eurosystème. C’est donc auprès des banques centrales nationales que cet argent devrait être collecté.

“Notre proposition était depuis le début que l’argent que nous doit la BCE” dans le cadre de ce programme “soit payé au FMI”, a insisté M. Varoufakis.

Il a assuré que la Grèce allait “continuer à se battre” pour un accord avec ses créanciers d’ici mardi, date après laquelle la zone euro a décidé samedi de ne plus prolonger l’aide au pays, exposé au défaut de paiement.

Schäuble: La zone euro va “tout faire pour éviter un risque de contagion”

La zone euro va “tout faire pour éviter tout risque de contagion” de la crise grecque, après le refus de la zone euro de prolonger le programme d’assistance financière à Athènes au-delà du 30 juin, a assuré samedi le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble.

La Grèce, qui risque de ne pas pouvoir rembourser 1,5 milliard d’euros au FMI le 30 juin et qui a décidé d’organiser un référendum sur les propositions de ses créanciers, provoquant une rupture des négociations, va rencontrer de “grandes difficultés dans les prochains jours”, a prédit M. Schäuble, tout en assurant qu’elle restait “membre de la zone euro”.

Van Overtveldt: Le gouvernement grec porte une énorme responsabilité envers la population

En décidant d’interrompre les négociations et d’organiser un référendum sur les propositions mises sur la table, le gouvernement grec “porte une énorme responsabilité envers la population grecque”, a commenté le ministre belge des Finances Johan Van Overtveldt à l’issue de la réunion de l’Eurogroupe.

“Nous avons décidé de ne pas prolonger le programme d’aide” actuel, qui arrive à échéance et dont Athènes demandait la prolongation le temps que la population se prononce sur le paquet de mesures proposées par les créanciers de la Grèce. “Les propositions des institutions (FMI, BCE, Commission européenne) n’avaient pas encore été approuvées par l’Eurogroupe”, a rappelé le ministre belge.

La position du gouvernement d’Alexis Tsipras, qui a promis d’appliquer les mesures si le ‘oui’ l’emportait au référendum alors qu’il fait campagne pour le ‘non’ en l’état actuel des propositions, n’a pas les faveurs de Johan Van Overtveldt. “Ce serait une situation folle et incroyable – et je pèse mes mots – de mettre en oeuvre des mesures qu’on a critiquées si vertement avant”, a-t-il commenté.

La Grèce reste membre de l’Union monétaire, souligne le ministre, mais elle sort du programme d’aide. Les ministres des Finances de la zone euro, à l’exception du Grec Yanis Varoufakis qui avait quitté la réunion après le rejet de sa demande de prolongation, ont convenu de certaines choses pour garder la situation sous contrôle et pour stabiliser la zone euro.

Au niveau belge aussi, un travail préparatoire a été effectué par prudence. “L’exposition des banques belges est très réduite”, a relevé le ministre. “Il faut maintenant attendre de voir comment les marchés vont réagir lundi.”

La situation est désormais entre les mains de la Banque centrale européenne, dont le conseil des gouverneurs se réunit dimanche. C’est la BCE qui est chargée de veiller à la stabilité de la zone euro.

En attendant, aucune date n’a été fixée pour une nouvelle réunion de l’Eurogroupe. “On va suivre la situation au jour le jour via les institutions mais ce sera la responsabilité de Jeroen Dijsselbloem (le président de l’Eurogroupe) de convoquer une nouvelle réunion”, a conclu M. Van Overtveldt.

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