Grèce: l’espoir d’un accord dès mardi se renforce, malgré les réticences de l’Allemagne

Alexis Tsipras © REUTERS

La fin du marathon? Après avoir continué tout le week-end, les discussions entre Athènes et ses créanciers sur un troisième plan d’aide à la Grèce sont reparties dès lundi matin, avec l’espoir d’en finir mardi, malgré des réticences en Allemagne.

Samedi, et jusque tard dans la nuit de dimanche à lundi, les Grecs ont poursuivi les discussions, dans un hôtel du centre d’Athènes, avec les créanciers, Union européenne (UE), Banque centrale européenne (BCE), Fonds monétaire international (FMI) et Mécanisme européen de stabilité (MES).

Il s’agit pour Athènes de donner des gages de bonne volonté en acceptant des réformes d’assainissement de l’économie du pays, en échange d’un plan d’aide sur trois ans de plus de 80 milliards d’euros, le troisième après déjà les 240 milliards d’euros apportés depuis 2010.

Les discussions ont repris lundi matin, a indiqué à l’AFP une source gouvernementale, “avec intensité, mais sans heurts”. Selon l’agence ANA, les négociateurs souhaitent en finir mardi au plus tard, voire dès lundi soir.

Dès dimanche, une source européenne avait indiqué que les discussions pourraient aboutir “sous 48 heures”. Et le ministre grec de l’Economie Giorgos Stathakis, a considéré samedi que les discussions étaient “dans la dernière ligne droite”.

Il reste cependant à se mettre d’accord sur de nombreux points, aussi divers et précis que l’augmentation de l’impôt de solidarité sur les hauts revenus, ou les taux de TVA sur les cours privés, l’essence destinée aux agriculteurs, ou la viande de boeuf.

Mais aussi sur le sort à réserver – cession à des fonds spécialisés, ou création d’une “bad bank” – aux quelque 90 milliards d’euros de créances douteuses qui encombrent le bilan des fragiles banques du pays.

Le texte d’accord pourrait ensuite être voté par les députés grecs, jeudi, puis être présenté vendredi aux ministres des Finances de la zone euro (Eurogroupe).

“Il y a toujours la possibilité d’un financement relais”

Ce scénario idéal ouvrirait la voie à une entrée en vigueur du plan d’aide avant le 20 août, date à laquelle la Grèce doit absolument rembourser 3,4 milliards d’euros à la Banque centrale européenne (BCE).

Vu l’ambiance de bonne collaboration entre Athènes et ses créanciers, inédite depuis l’arrivée au pouvoir du parti Syriza d’Alexis Tsipras en janvier, il semble n’y avoir aucun risque que les créanciers d’Athènes la laissent dans l’impossibilité d’honorer ce paiement.

Mais il semble que l’Allemagne, notamment, serait plutôt favorable à ne pas tout donner tout de suite et à poursuivre le plus loin possible les négociations, en n’accordant qu’un nouveau prêt-relais de quelques milliards d’euros pour payer l’échéance à la BCE.

Un peu comme l’UE l’avait déjà fait en juillet, en versant 7 milliards d’euros à la Grèce après la conclusion au forceps de l’accord en vue du troisième plan d’aide. L’argent avait été aussitôt englouti dans un précédent versement de 4,2 milliards à la BCE, à échéance du 20 juillet, et dans le remboursement de deux milliards d’euros dus au FMI depuis fin juin.

Le député allemand Ralph Brinkhaus, haut responsable du parti conservateur CDU de la chancelière Angela Merkel, a ainsi jugé lundi à la radio publique Deutschlandfunk qu’il “serait bon que nous ayons d’ici le 20 août une solution bonne, supportable et solide”. Mais il a rappelé qu’il “y a toujours la possibilité d’un financement relais”. Une solution provisoire qu’il a jugée “meilleure qu’un mauvais accord”.

Un accord exhaustif plutôt que rapide

L’Allemagne a par ailleurs estimé ce lundi plus important que l’accord actuellement négocié entre la Grèce et ses créanciers sur un troisième programme d’aide soit “exhaustif” plutôt que conclu rapidement.

“Une conclusion rapide des négociations serait souhaitable, mais nous ne devons pas oublier qu’il est question d’un programme de trois ans, un programme avec une importante liste de réformes et d’autres mesures, un programme qui doit être une base solide et de long terme pour continuer à travailler ensemble”, a déclaré le porte-parole de la chancelière Angela Merkel, Steffen Seibert, lors d’un point presse régulier du gouvernement.

“En conséquence, (…) l’exhaustivité passe avant la rapidité”, a-t-il ajouté, alors que la Grèce et ses créanciers semblaient bien partis pour boucler un accord dès mardi.

Le porte-parole du ministre des Finances Wolfgang Schäuble, chef de file d’une ligne exigeante à l’égard d’Athènes qui réclame pour la troisième fois depuis 2010 une aide financière à ses voisins européens pour éviter la faillite, a également répété que “la qualité passait avant la vitesse”.

Néanmoins, “nous sommes prêts à un examen rapide(d’un accord) si cela est nécessaire”, a toutefois indiqué Jürg Weissgerber, précisant que pour l’heure, aucun document n’avait été présenté.

Il a rappelé que l’Allemagne voulait que cet accord contienne “un plan budgétaire et de financement ambitieux, une stratégie de privatisation crédible et une réforme des retraites durable”.

Elections dès septembre?

La presse grecque s’interrogeait de nouveau lundi sur le calendrier des élections législatives anticipées que M. Tsipras, toujours très populaire, pourrait vouloir organiser prochainement, afin de raffermir sa base dont l’aile gauche est opposée à la signature d’un troisième accord.

Le quotidien de centre-gauche Ethnos avançait deux scenarios possibles. Soit M. Tsipras attendrait novembre, et de possibles concessions des créanciers sur la dette du pays qui le renforceraient encore.

Soit il profiterait de la dynamique de l’accord et de l’actuelle impréparation de son opposition, tant à l’intérieur de Syriza que dans les autres partis, pour aller le plus vite possible vers des élections, même dès les dimanches 13 ou 20 septembre, selon Ethnos.

Avec l’AFP

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