Grèce et BCE se renvoient la balle

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Le gouvernement grec est prêt à retourner “à tout moment” à la table des négociations avec ses créanciers, a indiqué lundi une source gouvernementale grecque, tandis que pour le président de la BCE, Mario Draghi, la balle est indiscutablement dans le camp de la Grèce.

“Nous attendons une invitation des institutions (les créanciers, ndlr) et à tout moment nous y répondrons pour poursuivre la négociation”, a indiqué cette source, au lendemain d’un week-end qui n’a pas permis de dégager d’avancée à Bruxelles. “La partie grecque est allée à Bruxelles avec des contre-propositions cohérentes, correspondant au résultat de la concertation entre le Premier ministre et les autres dirigeants européens, qui visait à démarrer un autre cycle de négociations”, ajoute-t-elle.

Mais “ce round de négociations n’a jamais eu lieu”, déplore cette source grecque, expliquant que “les représentants des équipes techniques des trois institutions se sont déclarés incompétents”, c’est-à-dire qu’ils n’avaient pas mandat pour négocier sur les propositions grecques.

Elle assure que “les représentants grecs ont déposé des propositions de convergence, à la différence des institutions respectives, qui ont soumis un texte contenant des mesures que le parlement grec avait rejetées”.

Selon Bruxelles, les Grecs acceptent désormais de tenter d’obtenir un excédent primaire (c’est-à-dire hors charge de la dette) de 1% cette année, alors qu’ils préféraient rester à 0,75% dans la dernière phase de négociation.

Dans une interview lundi matin, le Premier ministre Alexis Tsipras avait paru moins pressé de retourner négocier, indiquant que la Grèce était prête après ce week-end raté à “attendre patiemment que les institutions se rallient au réalisme”, et les accusant “d’opportunisme politique”.

Draghi: “La balle est dans le camp des Grecs”

Tous les acteurs engagés dans la négociation que mène la Grèce avec ses créanciers doivent faire des efforts, mais la “balle est indiscutablement dans le camp” de ce pays, a pour sa part estimé Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne (BCE).

“Tous les acteurs vont désormais devoir faire encore un effort, mais la balle est indiscutablement dans le camp du gouvernement grec” qui doit “prendre les mesures nécessaires”, a affirmé M. Draghi devant des députés du Parlement européen à Bruxelles, appelant à conclure un accord “fort et global avec la Grèce” et ce “très rapidement”.

“La BCE fait tout ce qu’elle peut pour faciliter une issue positive”, a-t-il également affirmé.

L’institution monétaire est l’une des trois, aux côtés du Fonds monétaire international (FMI) et de la Commission européenne, avec lesquelles Athènes négocie pour obtenir un nouveau renflouement et pouvoir honorer dans les semaines qui viennent des remboursements. La Grèce doit d’ailleurs notamment près de sept milliards d’euros cet été à la BCE. La Banque centrale européenne assure aussi en ce moment le financement des banques grecques, par le biais de prêts d’urgence.

M. Draghi a affirmé que ce soutien continuerait, “tant que les banques grecques sont solvables” et peuvent apporter suffisamment de garanties à ces prêts.

En revanche, l’institution n’est pas prête à revoir un plafond d’émissions d’obligations à court terme qu’elle impose au gouvernement grec, et qui limite fortement la marge de manoeuvre financière d’Athènes, tant que les négociations avec les créanciers n’ont pas abouti.

M. Draghi a précisé qu’il était “absolument clair” que la décision de débourser de nouveaux fonds pour la Grèce serait “une décision politique, qui devrait être prise par des politiques élus et pas par des dirigeants de banques centrales”.

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