“Game of Thrones”, un véritable cours de macroéconomie!

Vous aussi, vous êtes accro à la série ? Non ? Le sang qui gicle, les scénarios alambiqués et la nudité vous laissent de glace ? Vous avez mieux à faire ? Revoyez votre copie… car “Game of Thrones” est un authentique cours de macroéconomie.

Si vous ne voulez plus entendre parler de Game of Thrones, mieux vaut déménager sur Mars. Au bureau, dans le train, en soirée… partout vous rencontrerez forcément quelqu’un qui suit la série et qui ne peut s’empêcher d’en parler. La série de fantasy est devenue un véritable phénomène médiatique. Lorsque la chaîne américaine HBO a diffusé il y a 15 jours le premier épisode de la quatrième saison, les serveurs, surchargés, se sont plantés. En Belgique, la saison 4 est visible ( avec une semaine de retard sur les USA) sur les chaînes de télévision payantes BeTV et Prime.

Game of Thrones est basé sur la série de livres Le Trône de fer (A Song of Ice and Fire), de l’écrivain George R. R. Martin. Au centre de l’oeuvre, la lutte pour le Trône de Fer, le siège très inconfortable, dit-on, du Roi des Sept Royaumes, sur l’île de Westeros. Les royaumes en question sont des sociétés féodales où la terre appartient à des familles nobles. Richesse et pouvoir ne s’obtiennent que par la force ou grâce à la générosité du monarque. Les guerres incessantes que se livrent les familles pèsent lourdement sur l’économie. Ni les nobles ni le bas peuple ne sont encouragés à investir dans des actifs productifs (fermes, ateliers, navires commerciaux, etc.) ; le risque de dommages de guerre ou de confiscation arbitraire par des fonctionnaires corrompus est trop grand. Le seul secteur prospère à Westeros est l’industrie de guerre, au détriment des activités pacifiques et productives.

Game of Thrones n’échappe pas aux intrigues politiques, aux scènes sanglantes ou à la nudité, fonctionnelle ou non. Pour autant, l’épopée est également truffée d’enseignements économiques. Ci-dessous, nous vous en présentons une sélection. Lisez sans crainte, nous n’y dévoilons rien de l’intrigue.

Dans “Game of Thrones” …

La corruption et le népotisme règnent parmi les fonctionnaires royaux, en raison de l’absence de contrôle démocratique. Songez au Grand Argentier Petyr Baelish (surnommé Littlefinger) qui s’octroie des prêts à lui-même pour ériger son propre empire économique.

Dans le monde réel…

Certains pays et institutions se soucient uniquement de leurs propres intérêts. Dans leur célèbre ouvrage Why Nations Fail, Daron Acemoglu et James Robinson, deux économistes américains, observent que les pays qui sont dominés par des élites égoïstes finissent par connaître le déclin. Le capitalisme d’Etat chinois, par exemple, dominé par une petite élite économique, est, selon eux, voué à l’échec.

Cela dit, l’Occident possède également ses formes de népotisme. Dans la banque de crédit hypothécaire américaine Countrywide Financial, les amis du PDG Angelo Mozilo pouvaient obtenir des prêts à des taux préférentiels (le programme avait même un nom : les “Amis d’Angelo”). Countrywide fut l’une des premières victimes de la crise financière. Angelo Mozilo a payé une amende de 67,5 millions de dollars pour s’éviter un séjour en prison. Ensuite, c’est Anglo Irish Bank qui a accordé des prêts d’une valeur de plusieurs dizaines de millions d’euros au PDG et aux administrateurs. Cette banque a elle aussi fait faillite.

Dans “Game of Thrones” …

Petyr Baelish ne fait pas que se servir lui-même, il approvisionne également son suzerain en fonds. Les coûts extrêmement élevés des tournois et des noces royales sont tolérés en vertu du principe selon lequel cet argent finit par se retrouver dans l’économie réelle.

Dans le monde réel…

Cet argument est également utilisé pour justifier les dépenses élevées du gouvernement. Pourtant, l’économiste politique français Frédéric Bastiat avait déjà discrédité ce raisonnement en 1850. Le contribuable peut même utiliser son argent de façon plus productive que ne le fait le gouvernement. C’est particulièrement vrai si l’Etat gaspille de l’argent dans des activités improductives, comme les projets de prestige ou une bureaucratie excessive.

Mathias Nuttin Retrouvez cette comparaison complète dans le magazine Trends-Tendances de cette semaine.

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