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France et Grande-Bretagne, la comparaison économique est cruelle

J’aurais pu démarrer cette chronique économique en disant: “c’est l’histoire d’un mec…”, pour reprendre le titre d’un sketch de Coluche. En réalité, c’est plutôt l’histoire de deux pays, qui se ressemblent par leur glorieux passé et qui ont été rivaux tout au long de l’histoire: la France et la Grande-Bretagne.

La comparaison économique est plutôt cruelle en ce moment, et en défaveur de la France. Il n’y a qu’à regarder les chiffres de plus près. Chacun savait que la Grande-Bretagne, comme l’Allemagne (ou les États-Unis), était en situation de plein-emploi, mais les derniers chiffres montrent que le chômage continue de baisser et que ce taux de chômage se situe aujourd’hui à 4,7%. Il faut remonter 32 ans en arrière pour retrouver le même taux. Quant au taux d’emploi, il atteint presque 75%, c’est aussi du jamais vu depuis… 1971. Si on juge de l’efficacité d’un gouvernement à son taux de chômage et à son taux d’emploi, il faut avouer que la Grande-Bretagne est plus efficace que la France, qui reste scotchée avec un taux de chômage à 10%, soit le double par rapport à l’autre-côté de la Manche ! Sans oublier que si la croissance est de 1,1% en France, elle est de 2,2% en Grande-Bretagne, soit encore une fois le double.

Vous me direz, en quoi pouvons-nous tirer une leçon de ces chiffres opposés ? C’est simple: ils forcent à réfléchir. En France, comme en Belgique d’ailleurs, nous avons tendance à nous réfugier derrière notre modèle social en considérant qu’il est le meilleur et qu’il faut donc le préserver. Pourquoi pas ? Mais on part également du principe que le modèle social britannique est moins intéressant pour le citoyen… Ces chiffres, comme ceux de l’Allemagne, forcent aujourd’hui les autres Européens à s’interroger. Il est vrai que les modèles sociaux allemand et britannique sont un peu plus rugueux que le nôtre, cependant Anglais et Allemands ont au moins du travail et nous nettement moins.

Les Français ont horreur des inégalités, mais ils adorent les privilèges

La différence, selon certains économistes, c’est qu’en Allemagne et en Grande-Bretagne, les dirigeants n’ont pas hésité à mettre en place des réformes parfois dures et immédiates, alors qu’en France ou dans d’autres pays similaires, les gouvernements ont préféré atermoyer et diluer les réformes. On peut donc dire que nous avons tous assisté en direct, au cours des cinq dernières années, à des choix et expériences de politique économique diamétralement opposés et dont les résultats sont également diamétralement opposés. Il semblerait que la rigueur, si elle est couplée à de vraies réformes structurelles, peut donc aider un pays à sortir du chômage de masse !

En France, plus que jamais, ce genre de discours reste inaudible, car dès qu’on touche à un avantage, il y a aussitôt des hurlements à gauche comme à droite. L’humoriste Anne Roumanoff a assez bien résumé la situation, je la cite: “Les Français ont horreur des inégalités, mais ils adorent les privilèges. Souvent, ‘inégalités’, c’est le nom que tu donnes aux privilèges des autres.” Toute ressemblance avec la Belgique ne saurait être que fortuite, bien entendu.

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