Fin de la saga Hinkley Point: le Royaume-Uni autorise le projet de centrale nucléaire

© Reuters

Le gouvernement britannique a donné jeudi son accord à la construction de la centrale nucléaire Hinkley Point C, un projet controversé de 18 milliards de livres porté par le français EDF avec le soutien d’une compagnie chinoise.

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“Nous avons décidé de la construction de la première centrale nucléaire depuis une génération”, a expliqué le ministre à l’Énergie, Greg Clark, dans un communiqué.

“Après avoir revu en détail les propositions pour Hinkley Point C, nous allons introduire une nouvelle série de mesures pour améliorer la sécurité et allons nous assurer que Hinkley ne changera pas de mains sans l’accord du gouvernement”, a-t-il précisé toutefois.

La Première ministre Theresa May a appelé le président français François Hollande mercredi pour l’informer de l’accord, selon l’Élysée. Il s’agira de la première construction d’une centrale nucléaire dans le pays depuis plus de vingt ans, et Hinkley Point C doit fournir 7% des besoins britanniques en électricité.

La France s’est aussitôt réjouie de cette nouvelle, le secrétaire d’État à l’Industrie, Christophe Sirugue, jugeant que cette approbation crédibilisait la filière nucléaire du pays en pleine refonte – au moment où EDF est confrontée à des problèmes de délais et de coûts pour la construction d’une centrale EPR à Flamanville (nord-ouest de la France).

L’ex-Premier ministre britannique David Cameron avait donné son accord de principe au projet dès le mois d’octobre 2013 et EDF avait pris sa décision finale d’investissement cet été. Mais Theresa May, qui a succédé à David Cameron en juillet dans la foulée de la victoire du Brexit, avait créé la surprise en annonçant se donner un temps supplémentaire de réflexion.

Le projet, prévu pour être opérationnel à partir de 2025, est gigantesque, portant sur l’équivalent de plus de 21 milliards d’euros pour bâtir deux réacteurs EPR dans le sud-ouest de l’Angleterre.

Le maître d’oeuvre, la compagnie d’électricité française publique EDF, va financer les deux tiers du projet et son partenaire chinois, l’entreprise étatique CGN, le tiers restant.

Les autorités britanniques garantissent un prix à EDF pour l’électricité produite sur place, mais ce tarif est jugé trop élevé par les détracteurs du projet au Royaume-Uni. Certains opposants ont mis entre autres en avant l’alternative de projets nucléaires plus petits ou des énergies renouvelables – notamment l’éolien où le Royaume-Uni est en train d’élever des capacités à un coût de plus en plus réduit.

Hinkley Point C a provoqué aussi d’importants remous au sein d’EDF: son directeur financier Thomas Piquemal est parti avec fracas en mars, jugeant, à l’instar des syndicats, ce chantier irréalisable à court terme en raison des risques financiers et industriels. L’action EDF cédait 1,07% à 11,07 euros peu après 08H00 GMT à la Bourse de Paris.

Investissements futurs

Mais la présence des Chinois fait également froncer des sourcils. Le chef du cabinet de Mme May, Nick Timothy, a ainsi, par le passé, jugé “incompréhensible” que le Royaume-Uni accepte des investissements chinois dans son réseau d’électricité, évoquant des risques en matière de sûreté industrielle.

Au-delà de Hinkley Point, un accord politique conclu au moment de la visite au Royaume-Uni du président chinois Xi Jinping, en octobre 2015, prévoit que EDF pourrait construire une autre centrale de deux réacteurs EPR à Sizewell, dans le Suffolk (est de l’Angleterre), avec de nouveau à ses côtés un partenaire chinois minoritaire.

Cet accord prévoyait aussi que les Chinois pourraient bâtir un réacteur avec leur propre technologie de type Hualong à Bradwell, dans l’Essex, près de la côte est, un projet souhaité ardemment par Pékin pour servir de vitrine dans les pays occidentaux.

Le communiqué de Londres souligne à ce sujet que le gouvernement va créer un “nouveau cadre légal pour les investissements futurs dans les infrastructures stratégiques du Royaume-Uni”. “Cela signifie qu’après Hinkley, le gouvernement britannique sera particulièrement attentif à tous les projets nucléaires futurs”.

En 2015, l’électricité générée au Royaume-Uni a été produite à environ 30% par des centrales au gaz, à 30% par des centrales à charbon, à 19% par des réacteurs nucléaires et 19% par les énergies renouvelables (éoliennes, hydroélectricité, énergie solaire, biomasse, etc.).

Mais des huit centrales nucléaires en fonctionnement, une seule marchera encore après 2030 et les centrales au charbon les plus polluantes sont aussi vouées à la fermeture.

Les autorités doivent donc trouver de nouvelles sources d’électricité, tout en respectant leur objectif très ambitieux de réduire de 57% les émissions de dioxyde de carbone d’ici à 2030 par rapport à leur niveau de 1990, dans la foulée de l’accord international conclu en décembre à la COP21 à Paris.

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