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Faut-il croire les prévisions des experts pour 2016?

A quoi sert-il de tenter de prédire l’avenir, comme c’est souvent le cas en fin d’année, vu que dans la plupart des cas, les experts se trompent ? Les prévisions des médias sont souvent à côté de la plaque.

Les religieux ont toujours raillé ceux et celles qui tentaient de prédire l’avenir, vu que l’avenir, selon eux, appartient à Dieu et qu’il est vain pour un simple mortel d’essayer de le deviner. Pourtant en cette fin d’année, et jusqu’à la première ou deuxième semaine du mois de janvier, les médias seront remplis de prévisions établies par des experts, que ce soit en géopolitique ou en finance par exemple, les deux sujets de prédilection pour cet exercice de lecture de boule de cristal.

Pourtant, même s’il est plaisant à lire, cet exercice est bien souvent inutile, car l’histoire montre qu’expert ou pas expert, nous sommes à côté de la plaque. Si vous avez des doutes, il suffit de regarder l’histoire des innovations humaines (1) pour s’en persuader. En 1876, par exemple, un mémo de Western Union concluait que le téléphone avait trop d’inconvénients pour être un instrument de communication fiable. Cela prête à sourire aujourd’hui, mais le mémo a bien existé et a été pris au sérieux à l’époque. De même, le patron de la Warner Bros, déclarait en 1927, un an avant le premier film parlant, The Jazz Singer, que ce genre de film n’avait aucun intérêt : “qui veut entendre des acteurs parler” disait-il le plus sérieusement du monde.

Les erreurs des uns sont parfois les bonnes surprises des autres.

Plus près de nous, en 1981, Bill Gates, grand partisan des disquettes, estimait que 640 kilooctets devaient suffire à chacun. Or, la moindre clé USB aujourd’hui contient dix-mille fois plus de capacité. Je clôturerai cette liste établie par l’économiste Daniel Cohen, en rappelant qu’en 1992, Bill Clinton avait réuni autour de lui les plus beaux esprits de l’époque pour discuter et évaluer à quoi ressemblerait le futur. La chose la plus frappante, c’est qu’en 1992, hier donc, aucun de ces beaux esprits n’a cité ou mentionné Internet.

Donc, oui, en matière de prévision, il faut rester modeste. On l’a vu en 2014 pour le prix du pétrole. Aucun expert ne s’attendait à ce qu’il dévisse aussi bas. On l’a encore revu en 2015, là encore, les experts estimaient que le baril de pétrole avait atteint un prix plancher. Mais la semaine dernière les a infirmé à nouveau dans leurs pronostics. C’est ce qui permet aux automobilistes aujourd’hui de faire le plein avec un litre de diesel à moins d’un euro. Les erreurs des uns sont parfois les bonnes surprises des autres.

  • Le monde est clos et le désir infini, Daniel Cohen, Albin Michel

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