Exportations : une querelle typiquement belge

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Que pèsent exactement la Flandre et la Wallonie dans les exportations belges ? En principe, la réponse devrait être limpide. Elle diffère cependant d’un côté à l’autre de la frontière linguistique…

Alors qu’une importante délégation d’hommes d’affaires belges se presse actuellement en Russie dans le cadre d’une mission économique, Flamands et Wallons divergent au sujet des “vrais chiffres” des exportations. En clair : la part wallonne approcherait, selon la Wallonie, les 20 % du total belge alors que, selon la Flandre, elle ne serait que d’environ 15 %.

Du point de vue néerlandophone, il y aurait là de quoi relativiser les récentes sorties sudistes soulignant un rebond de l’export wallon de 20,1 % sur les neuf premiers mois de l’année 2010 ainsi qu’une croissance moyenne des ventes de 7,2 % par an sur les 15 dernières années. D’autant que cette performance wallonne serait non seulement supérieure à celle de l’Allemagne (+ 6,6 % sur la même période)… mais aussi, sensiblement, à celle de la Flandre (+ 5,8 %).

Selon les statistiques de la Banque Nationale de Belgique (BNB), la part wallonne dans l’export total du pays est effectivement en hausse depuis des années : de 18,5 % en 2005 à 20,5 % en 2009. Cette année-là, l’export flamand se tassait à 77,2 % du total belge pour 78,5 % en 2005, le solde étant constitué par la Région de Bruxelles-Capitale. Mais la Flandre avance d’autres chiffres : sa part dans l’export belge atteindrait 82,2 % en 2009 (les chiffres officiels pour 2010 seront publiés sous peu par la BNB). Soit une différence sensible de 5 % qui conduirait à réduire la part wallonne à 15,8 % du total au lieu de 20,5 %.

Comment les statistiques peuvent-elles différer à ce point ? En raison de la “méthodologie”. La Flandre incorpore en effet dans ses chiffres les flux qui transitent sur son territoire, par le biais de l’aéroport de Zaventem et du port d’Anvers, essentiellement. Selon Philippe Suinen, administrateur général de l’Agence wallonne à l’exportation et aux investissements étrangers (Awex), “c’est un peu comme si, en Flandre, on regardait passer les trains…”

D’après l’Awex, pareille démarche est trompeuse à plus d’un titre : elle conduit non seulement à doper la part nordiste dans l’export belge mais aussi à tirer des conclusions erronées sur le poids respectif des secteurs les plus performants. Sans le transit, la part de la pharma dans l’export flamand – une industrie dont chaque Région aime se prévaloir – tomberait par exemple de 13 % à seulement 3 %.

On notera que, du côté wallon, “par souci de transparence”, on exclut aussi des statistiques le gaz naturel pourtant comptabilisé dans l’export sudiste par la BNB alors qu’il ne fait que transiter par pipeline vers nos voisins immédiats. L’effort est peut-être louable (il réduit la part de l’export wallon dans le total belge de 20,5 % à 19,3 % en 2009) mais il ne facilite pas davantage la comparaison des chiffres avancés…

Benoît July

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