Euro fort : bon ou mauvais pour l’économie ?

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Les avis des experts divergent quant à l’effet de l’euro fort sur l’économie. Entrera-t-on en récession à cause d’un euro à 1,50 dollars ou, in fine, un dollar faible est-il positif pour l’Europe ? Passage en revue des arguments pour et contre.

L’euro fort ne devrait pas faire dérailler la reprise européenne, les répercussions néfastes sur les exportations étant limitées et, surtout, compensées par les bienfaits sur une facture pétrolière de plus en plus salée, estiment de nombreux économistes.

Christine Lagarde, ministre française de l’Economie, a reconnu lundi des “inconvénients” pour les entreprises exportatrices, mais ajouté que l’appréciation par rapport au dollar présentait “l’avantage” de permettre de “régler avec une monnaie plus forte un certain nombre de factures”, notamment la facture pétrolière.

Mauvais : “Avec un euro autour de 1,50 dollar, la zone euro entrera en récession au 3e trimestre”

Voici un an, au plus fort de la crise de la zone euro, la dépréciation marquée de la monnaie unique était au moins considérée comme une bouée de sauvetage pour une croissance poussive. Un euro plus faible a en effet la vertu de rendre les produits européens moins chers pour les pays qui les paient avec d’autres devises : cela peut doper les exportations et, avec elles, l’activité économique.

Depuis, la tendance s’est inversée. Tombée sous la barre de 1,20 dollar voici onze mois, la monnaie européenne a atteint lundi, à 1,49 dollar, son plus haut niveau depuis décembre 2009.

Quelques économistes commencent à s’inquiéter. “L’euro trop fort va encore casser le peu de croissance qui existe dans les pays à forte dette, aggravant le chômage”, met en garde Marc Touati chez Assya Compagnie financière. Selon lui, “avec un euro autour de 1,50 dollar, la zone euro entrera en récession au troisième trimestre”, une rechute d’autant plus grave que les Etats n’ont plus de marge de manoeuvre budgétaire.

Bon : “In fine, un euro fort est peut-être même légèrement positif pour l’économie”

Ce scénario du pire est toutefois contesté par de nombreux autres experts. D’abord, souligne Clemente De Lucia chez BNP Paribas, “le taux de change n’a d’effet que pour la moitié des exportations de la zone euro destinées à des pays hors zone”. En outre, poursuit-il, “tant que la demande mondiale reste relativement forte, comme c’est le cas actuellement, notamment en provenance des pays émergents, les exportations devraient plutôt bien se porter”.

Ralph Solveen, chez Commerzbank, fait aussi valoir qu’on devrait parler de dollar faible plutôt que d’euro fort : “Si l’on regarde l’évolution de la monnaie unique par rapport à l’ensemble des autres devises, l’appréciation n’est pas si forte et la valeur externe de l’euro demeure plus faible qu’en 2009.”

Qui plus est, l’ascension de la monnaie européenne a comme conséquence de mitiger la flambée du prix du pétrole et des nombreuses autres matières premières, libellés en dollars sur le marché international. “In fine, l’effet est peut-être même légèrement positif pour l’économie”, affirme Ralph Solveen.

Principale inquiétude : les pays fragilisés par la crise de la dette, toujours

La principale inquiétude concerne, une fois de plus, les pays déjà fragilisés par la crise de la dette, qui peinent à renouer avec la croissance et sont pénalisés par la structure de leur commerce extérieur.

En revanche, l’Allemagne, locomotive de l’économie européenne, semble à l’abri : “Quand vous exportez des machines que vous êtes le seul à savoir faire”, rappelle cet économiste, “le client va payer le prix qu’il faut”.

Trends.be, avec Belga

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