Etienne Davignon: “Chaque année je me dis : cette fois, j’arrête”

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Il se prépare à rédiger ses mémoires. Il voudrait, dans ses rêves, se retirer des affaires, mais n’y parvient pas. Entretien sur l’Europe, la Belgique, l’énergie et les transports, avec le “parrain” de l’économie belge.

Fidèle à lui-même, la pipe à la main et l’oeil rieur, Etienne Davignon nous reçoit dans son bureau bruxellois qu’il occupe chez GDF Suez. L’énergie est un secteur dans lequel il est encore actif. Et c’est loin d’être le seul. Etienne Davignon nous livre ses remarques acérées sur l’Europe (en transition permanente), la troïka (un désastre), la Belgique (le scénario sécessionniste est irréaliste) ou les absurdités qui règnent en Europe dans l’énergie et le transport aérien…

TRENDS-TENDANCES. Lorsque l’on vous voit toujours aussi actif, on a envie de vous demander ce qui vous fait courir encore après tant d’années.

ÉTIENNE DAVIGNON. Vous n’êtes pas le seul à vous poser la question ! Moi aussi je me le demande. Ce qui me fait courir ? L’habitude, et l’espoir que l’on peut encore être utile. L’expérience que l’on acquiert au fil des ans a des avantages et des inconvénients. L’inconvénient est de croire que l’on a tout vu. L’avantage est que l’on a quand même appris deux trois choses au fil du temps, dont on peut faire profiter d’autres. L’expérience vient d’ailleurs surtout de ce qu’on n’a pas réussi…

Fortis par exemple ?

Je tiens à souligner que j’étais parti avant les diverses décisions concernant ABN Amro. Mais j’ai commis une grande stupidité lorsque l’on m’a demandé de prendre la relève et de présider Fortis Holding fin 2008. Grâce au ciel les actionnaires m’ont sauvé (lors de l’assemblée de décembre 2008, la proposition de nommer Etienne Davignon à la présidence de Fortis n’a récolté que 49,91 % des voix, Ndlr). C’était une erreur de ma part de croire que j’étais la personne indiquée pour la situation. Il fallait un regard neuf, des personnes apportant une nouvelle confiance. L’intention était louable, la décision, fausse, je le dis sincèrement.

Je pense en revanche que je peux encore être utile dans le domaine de l’énergie, pour essayer de déterminer les priorités et de rapprocher les positions entre la Commission européenne et les entreprises : j’ai participé à la création de l’Agence internationale de l’énergie, j’ai été responsable de l’énergie à la Commission, j’ai une certaine idée de ce qu’est un groupe énergétique…

Il ne vous est pas arrivé un moment où vous vous êtes dit : cette fois, j’arrête ?

Mais je me le dis chaque année ! Et chaque fois survient un événement inattendu. Un jour, le gouvernement wallon me demande si je ne peux pas essayer de retrouver la paix autour de Francorchamps. Je ne suis pas un passionné de Formule 1. Mais la Wallonie m’a aidé dans le dossier de Brussels Airlines, je trouve qu’il faut renvoyer l’ascenseur lorsqu’on le peut. Un autre jour arrive Brussels Airlines. C’est un dossier compliqué, on ne peut pas arrêter aussi facilement. Ce n’est pas dans mon caractère de laisser tomber quelqu’un.

Interview complète dans le magazine Trends-Tendances de cette semaine.

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