Eolien : l’avenir se joue en altitude

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L’éolien traditionnel est souvent la proie des critiques. Trop cher et pas assez productif, son efficacité est souvent remise en doute. Des chercheurs tentent cependant de révolutionner ce type d’énergie. L’idée principale : aller chercher le vent en altitude.

L’un des principaux défauts des éoliennes classiques est leur difficulté à exploiter le vent de manière efficace. Ce dernier est instable à proximité de la terre et relativement peu puissant. Depuis des années, les éoliennes sont de plus en plus grandes afin d’être plus efficaces mais les structures atteignent peu à peu leurs limites.

L’idée d’ingénieurs est donc d’aller chercher le vent là où il est potentiellement le plus exploitable : à 400 m d’altitude voire jusqu’à 1.000 m pour certains prototypes. A cette hauteur, le vent souffle à une vitesse comprise entre 100 et 350 km/h et de manière constante. Un potentiel énorme donc, surtout quand on sait que les éoliennes classiques ne sont productives que 20 % du temps. Les vents de hautes altitudes représenteraient, selon plusieurs études américaines, un potentiel de production annuelle de 18.000 terawatts. A l’heure actuelle, la planète n’a besoin “que” de 180 terawatts. Le calcul est vite fait : seulement 1 % des vents exploités suffirait à produire l’énergie nécessaire à la consommation mondiale.

Des premiers prototypes encourageants Concrètement les projets ne sont qu’à leurs débuts. Les Etats-Unis et plusieurs autres pays se sont lancés dans l’aventure. Aujourd’hui, il existe deux familles principales de prototypes. Le premier type d’éolienne volante est rattaché par un câble à la terre et fonctionne comme un cerf-volant. Il effectue des mouvements circulaires à environ 300 m d’altitude. Le mouvement ainsi généré produit de l’électricité directement retransmise à la terre via le câble d’attache. L’entreprise américaine Makani Power présente actuellement un modèle qui serait deux fois plus productif en énergie grâce aux vents puissants qui soufflent à cette altitude.

Le deuxième prototype ressemble d’avantage à un ballon géant gonflé à l’hélium et muni d’une turbine. Celui-ci reste stable à une altitude de 600 m, là où les vents sont encore plus puissants. La firme américaine Altaeros Energies qui produit ce prototype annonce également qu’il est deux fois plus productif qu’une éolienne classique. En plus de produire de l’énergie, cette éolienne peut servir de base à une multitude d’autres services. Elle peut être équipée pour avoir des fonctions de surveillance et de communication par exemple.

Une énergie disponible partout et moins cher Les avantages des éoliennes volantes sont nombreux. Fini les grandes structures à l’esthétique controversée et aux nuisances sonores. Plus efficace dans la production d’énergie, le coût de l’électricité se voit réduit. De plus, il est facilement imaginable de voir ces prototypes se développer partout dans le monde. Makani compte développer ses éoliennes au-dessus de la mer. Les vents y sont plus puissants qu’en plaine. Mais ce n’est pas tout, les régions où les ouragans et typhons sont fréquents ne peuvent pas accueillir d’éoliennes classiques. Celles de hautes altitudes, rapidement déplaçables (Altaeros Energies annonce que son prototype est déplaçable en 24 h), pourront donc y être installées. Les turbines requièrent bien moins de matériel. La firme AWT annonce une réduction de matériel de 90 % comparé à une éolienne classique. Son coût de production est également plus restreint. Des risques limités Très vite se posent des questions de sécurité. Mais de ce côté-ci aussi les chercheurs semblent s’être déjà penchés sur la question. Une collision est, paraît-il, impossible avec les avions ; les éoliennes volent bien en dessous des couloirs aériens classiques. Des impacts avec des oiseaux semblent aussi peu envisageables, les turbines étant cette fois trop hautes pour la plupart des oiseaux et à des endroits où les passages des volatiles sont rares. Le fait qu’elles soient continuellement en mouvement (pour le prototype de Makani) réduit également la possibilité de collision. Une étude a d’ailleurs montré que les fenêtres des buildings tuent 5.000 fois plus d’oiseaux qu’un tel prototype.

Si ces nouvelles technologies ne sont qu’au stade de prototypes, leurs aboutissements ne sont pas loin pour autant. L’avenir de l’éolien se trouve fort probablement dans ces nouvelles technologies. Les plus optimistes espèrent pouvoir faire fonctionner leurs nouvelles technologies d’ici 10 ans. Et les chercheurs ne sont pas les seuls à y croire. Altaeros Energies a reçu une aide du gouvernement américain de 1,3 million de dollars et a déjà fait des premiers tests en Alaska. L’entreprise Makani Power a elle été rachetée par Google, qui espère bien développer cette technologie, même si quelques améliorations sont encore nécessaires.

Arnaud Martin

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