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Enfin un gouvernement prévoyant

L’âge légal de la pension passe à 66 ans en 2025 et à 67 ans en 2030. Ce n’est qu’une demi-surprise. Il se disait depuis quelque temps déjà que le prochain gouvernement adopterait dans une large mesure les recommandations livrées en juin dernier par la Commission de réforme des pensions, et celle-ci en faisait partie.

On entend déjà l’opposition hurler au scandale. Encore une mesure du “gouvernement des injustices” ! Alors que cette mesure, précisément, est tout sauf injuste : elle touche tous les travailleurs sans exception, et du reste, ce critère d’âge est indissociable de celui de la durée de la carrière, ce qui ne défavorise donc pas ceux qui ont commencé à travailler plus tôt.

Mais cela n’empêchera pas l’opposition de hurler de plus belle. Encore une promesse non tenue des libéraux ! C’est vrai, dans leur programme électoral, tous les partis francophones sauf le FDF avaient inscrit le maintien de l’âge légal de la pension à 65 ans. Normal, vous répondra-t-on : la Commission des pensions n’avait pas encore sorti son rapport le 25 mai. La voilà la vraie anomalie, mais dont tous les partis sont collectivement responsables : celle d’avoir volontairement retardé la sortie de ce rapport afin de ne pas devoir justifier en période électorale une mesure ô combien impopulaire.

Qu’à cela ne tienne, l’opposition hurlera encore. On ne peut pas faire reposer la charge des pensions sur les seules épaules des travailleurs ! C’est pourtant le principe même du mécanisme de répartition qui est à la base de notre système de pensions légales. Les travailleurs actifs paient pour les inactifs dans une proportion relative à la hauteur de leurs revenus (si ça ce n’est pas de la solidarité…). A partir du moment où le nombre d’actifs par rapport au nombre d’inactifs diminue, trois solutions sont possibles : soit on réduit la pension des inactifs, soit on augmente les contributions des actifs (en diminuant d’autant leur salaire net), soit on augmente leur nombre en allongeant leur temps de travail. Faites un sondage auprès des personnes concernées sur la solution préconisée et vous aurez probablement une réponse assez unanime.

Dans son rapport, la Commission des pensions a insisté sur l’importance d’offrir à la population un repère de façon à pouvoir préparer correctement sa fin de carrière. Ce devoir de prévoyance a fortement manqué aux gouvernements précédents et en ce sens, on ne peut que féliciter le gouvernement en devenir de prendre des engagements nécessaires à la survie à long terme du système de pensions. Mais la Commission insiste également sur le fait que des deux facteurs qui mettent ce système en danger _ papy-boom et augmentation de l’espérance de vie _ le premier n’aura qu’un effet temporaire, qui devrait logiquement s’inverser après 2040.

De même, on peut espérer que le taux d’emploi augmentera d’ici là, ce qui pourrait permettre, probablement même dès 2025, d’adapter le système prévu aujourd’hui à l’avantage des travailleurs.

Pension : plutôt que de hurler, l’opposition devrait songer à remercier le prochain gouvernement qui ose prendre des engagements allant au-delà de son mandat

Si les socialistes reviennent au pouvoir dans cinq ou 10 ans, peut-être pourront-ils se payer le luxe de le faire, mais ce sera alors grâce aux efforts menés par leurs prédécesseurs. Et s’ils ne le peuvent pas, au moins n’auront-ils pas la lourde responsabilité de prendre, dans l’urgence, des mesures d’autant plus intolérables qu’elles sont à effet immédiat. Plutôt que de hurler, l’opposition devrait donc plutôt songer à remercier ce gouvernement qui ose pour une fois prendre des engagements allant au-delà de son mandat. Et prier pour qu’il relève à court terme le plus gros défi auquel il est confronté : la création d’emplois.

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