Energie : comment baisser les prix en 5 leçons

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Les prix de l’énergie explosent mais les revenus des travailleurs ne suivent pas, déplore le Crioc dans sa dernière étude. Voici pourquoi la libéralisation de l’électricité et du gaz est un échec… et les 5 solutions pour faire en sorte qu’elle engendre (enfin) une baisse des prix.

L’étude du Centre de recherche et d’information des organisations de consommateurs, réalisée à la demande du syndicat libéral CGSLB, montre une progression des prix de l’énergie plus rapide que celle des salaires. “La part du budget des ménages allouée aux dépenses en gaz et en électricité n’a jamais été aussi importante”, conclut le Crioc.

Avant la libéralisation du marché, les prix du gaz et de l’électricité étaient fixés par le Comité de contrôle de l’électricité et du gaz (CCEG) sur base de l’évolution des coûts de production, rappelle le Centre dans un communiqué. Depuis la libéralisation, les prix de vente aux consommateurs sont libres. La libéralisation imposée par la Commission européenne devait fournir un meilleur accès à l’énergie, un meilleur service ainsi que des prix plus avantageux pour les utilisateurs. Or, “aujourd’hui, les prix sont plus élevés”, note encore le Crioc.

Les prix de l’énergie ont connu une croissance plus importante que le pouvoir d’achat

Sur la période allant de juin 2006 à juin 2011, les prix de l’électricité ont augmenté presque quatre fois plus rapidement que les salaires sur la même période. Les prix du gaz, eux, ont augmenté plus de trois fois plus rapidement que les salaires sur la même période, indique le Crioc.

En Flandre, les prix de l’électricité ont, depuis mars 2008, augmenté plus rapidement que les salaires. Le prix du gaz a quant à lui triplé depuis 2007.

En Wallonie, les prix pratiqués par les fournisseurs restent depuis 2007 supérieurs aux prix réglementés. Depuis 2007, les prix de l’électricité ont augmenté plus de deux fois plus rapidement que les salaires, selon les quantités consommées. Les prix du gaz, eux, ont augmenté trois fois plus rapidement que les salaires.

A Bruxelles, la libéralisation de l’électricité n’a pas été favorable aux habitants de la Région-Capitale. Les prix de l’électricité ont globalement augmenté deux fois plus rapidement que les salaires, alors que les prix du gaz augmentaient trois fois plus rapidement.

Depuis la libéralisation, l’évolution des prix de l’énergie a induit une perte de pouvoir d’achat.

Le prix moyen de l’électricité à nos frontières est bien meilleur marché

Pour une famille moyenne par rapport à nos pays voisins, les prix de l’électricité sont entre 21 % et 57 % plus élevés en Flandre; entre 26 % et 59 % plus élevé en Wallonie et entre 22 % et 57 % plus élevé en Région bruxelloise. Toujours selon l’étude du Crioc, le gaz naturel est très coûteux pour les familles en Belgique, mais assez bon marché pour les grandes entreprises.

Pourquoi la libéralisation de l’énergie est un échec…

Depuis 2003 les ménages consacrent un budget de plus en plus important aux dépenses en énergie et la part des dépenses des ménages consacrée à l’énergie n’a jamais été aussi élevée que depuis 2009 (voir graphique ci-dessous). “La période suivant la libéralisation n’a globalement pas permis de substantielles baisses de prix en matière énergétique, prolonge le Crioc. Comme l’a montré le graphique ci-dessus, la baisse de prix de 2009 n’a pas permis d’obtenir une diminution des dépenses énergétiques des ménages. La libéralisation est un échec.”

La libéralisation de ce secteur a été mal préparée et aucune des conditions nécessaires à son succès n’était réunie, déplore le Centre dans son étude. Quasi-absence d’une réelle concurrence, tout est fait pour que les consommateurs ne soient pas à même de changer de fournisseur, absence de pouvoir chez le régulateur. De plus, la séparation des métiers de producteur, de transporteur (lignes à haute tension) et de distributeur a augmenté les coûts de chaque métier et créé des coûts de transmission d’informations.

Souvent, les nouveaux fournisseurs actifs sur le marché belge ne disposent pas de capacité de production propre suffisante, et comme le transport transfrontalier est limité, ils sont par conséquent condamnés à acheter leur électricité au fournisseur historique, estime encore le Crioc. Même sur la Bourse d’énergie (Belpex). la complexité de la production et le temps de démarrage des centrales a créé des sous-marchés qui induisent des coûts qui se répercutent sur les consommateurs.

… Et comment faire en sorte que la libéralisation de l’énergie engendre une baisse des prix

La libéralisation d’un marché sera d’autant plus favorable au consommateur qu’il existe une réelle concurrence entre les entreprises, ce qui nécessite 5 éléments, selon le Crioc :

– Des clients bien informés et prêts à changer de fournisseur. “Ainsi, les consommateurs peuvent forcer un fournisseur à livrer un service de qualité au meilleur prix par la menace crédible de choisir un autre fournisseur. Ce qui n’est possible que s’il y a transparence totale de l’information et qu’il est facile et sans coûts de changer de fournisseur.”

– Des clients qui peuvent changer facilement et sans contrainte de fournisseur. “Les amendes infligées aujourd’hui par des fournisseurs en cas de départ anticipé ne sont pas de nature à inciter au changement. Elles doivent être supprimées.”

– Des clients rassurés sur les risques liés au changement. “Force est de constater que tant l’opérateur historique que des relais directs ou indirects n’hésitent pas à suggérer aux consommateurs que le changement de fournisseur pourrait entraîner certaines difficultés en matière d’approvisionnement énergétique et de pannes du réseau.”

– Un marché qui permette la présence de plusieurs acteurs sans pour autant augmenter les coûts de production. “Dans le cas de la Belgique, cela nécessite l’instauration d’une concurrence transfrontalière. La capacité de transport transfrontalier trop limité est néfaste pour les utilisateurs qui voudraient importer, mais elle place aussi un nouveau venu sur un marché dans l’impossibilité d’exporter ses éventuels excédents de production. Cette situation crée donc une barrière d’accès physique pour les nouveaux venus.”

– Un ou des régulateurs forts, “à qui l’on donne les moyens de sa ou de leurs politiques.”

Trends.be

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