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En Italie, on rase gratis, mais sans un euro dans les caisses

L’Italie n’est pas encore tirée d’affaire. Le nouveau chef de gouvernement est un parfait inconnu dont même le CV est contesté, et les promesses électorales faites par les deux partis antisystèmes ne sont pas financées et font déjà peur aux marchés financiers qui risquent de sanctionner l’Italie et donc les Italiens.

Le président italien a confirmé Giuseppe Conte à la tête du futur gouvernement local. Vu de loin, on pourrait se dire que c’est une bonne nouvelle pour nos amis italiens, ils ont enfin quelqu’un qui va pouvoir guider et former le futur gouvernement. A priori, c’est toujours mieux que la vacuité du pouvoir. En réalité, cela restera à démontrer. Il est même plus que probable que nos amis italiens risquent d’être très déçus.

D’abord, parce que le nouveau chef de gouvernement est un parfait inconnu des Italiens. Il a été désigné par les deux chefs de file des deux partis arrivés au pouvoir. Il ne connaît rien à la politique et c’est un professeur de droit dont le CV de 18 pages est déjà contesté par certaines universités. Au-delà de la remise en cause de son CV, certains disent clairement qu’il sera une marionnette. Comme il n’a aucune légitimité électorale, il devra prendre ses ordres auprès des deux chefs de file des partis antisystèmes. Que ce soit au niveau national et encore plus au niveau international, la crédibilité du nouveau chef de gouvernement sera minime, car ses interlocuteurs savent qu’ils ont en face d’eux une marionnette et non pas un homme de pouvoir.

Quant aux partis qui formeront le nouveau gouvernement, ils n’ont aucun point commun si ce n’est de rejeter les pouvoirs en place et donc d’être antisystème, anti tout. Pour résumer ce qui se passe en Italie, un commentateur a eu la bonne idée de résumer la situation en disant qu’en Italie, ce sera champagne pour tout le monde, sauf pour les immigrants. Et le champagne, c’est l’addition de toutes les promesses électorales faites par ces deux partis antisystèmes. Je vous cite en vrac ce qui est proposé : un revenu citoyen pour tous de 780 euros par mois, pour les retraités les plus démunis et les chômeurs, une baisse de l’impôt sur le revenu à 15% et 20% contre 23 % et 43% actuellement, et un abaissement de l’âge de la retraite. Montant estimé de la facture de ces promesses : entre 100 et 150 milliards d’euros. Le seul souci, c’est que ces largesses ne sont pas financées. Or, la dette publique italienne est déjà de 132% du PIB. Voilà pourquoi les taux d’intérêt en Italie sont en train de grimper. Pas énormément encore mais la hausse est déjà là. Plus ce gouvernement présentera des mesures jugées irréalistes par les marchés financiers, plus les taux d’intérêt monteront. Autrement dit, les Italiens ont voté, mais leur dette publique ne les laissera pas libres.

Je résume donc la situation actuelle en Italie : un chef de gouvernement novice et dont même le CV est contesté, un programme électoral du genre “on rase gratis pour tout le monde” mais sans un euro dans les caisses, et des marchés financiers qui sont à l’affût et sont prêts à sanctionner le gouvernement en place, donc les Italiens par ricochet. Comme résultat à la sortie des urnes, on a déjà connu mieux.

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