Egypte : 57 milliards “évaporés” à cause de la corruption

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L’Egypte est le 3e pays d’Afrique le plus touché par le crime et la corruption, estime l’organisation Global Financial Integrity. Un système qui “a rendu le régime dictatorial de Moubarak insupportable et mené l’Egypte dans les tourments sociaux et politiques actuels”.

Le crime et la corruption ont globalement coûté, à l’Egypte, 6 milliards de dollars par an entre 2000 et 2008, soit un total de 57,2 milliards de dollars, selon une récente étude de Global Financial Integrity (GFI), organisation de recherche prônant la transparence dans le système financier international, basée à Washington.

Une bonne part de cet argent a été perdue via l’évasion fiscale, en plus de la corruption et du crime, note Dev Kar, lead economist de GFI, ex-senior economist du FMI et auteur de l’étude, dans un communiqué. Le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord (Egypte incluse), dans ce cadre, affichent le plus fort taux de croissance de “sorties” financières illicites.

“Ce qui arrive en Egypte est le résultat d’un système dont Moubarak n’est qu’un élément parmi d’autres, souligne encore Dev Kar. Une gouvernance faible a permis corruption rampante, vol, crime et évasion fiscale conduisant à drainer des milliards de dollars du pays chaque année. La perte annuelle d’argent, qui a sévèrement amoindri la capacité du gouvernement à stimuler le développement économique et diminuer la pauvreté, a rendu le régime dictatorial du président Moubarak insupportable et mené l’Egypte dans les tourments sociaux et politiques actuels.”

En près de 40 ans, cinq pays d’Afrique du Nord “perdent” 1.767 dollars par habitant

Entre 1970 et 2008, chiffre encore GFI, l’Egypte, l’Algérie, la Libye, le Maroc et la Tunisie ont, ensemble, perdu plus de capital par habitant que tout autre groupe de nations africaines. La perte cumulée de capital illicite par les pays d’Afrique du Nord durant ces près de quarante années a ainsi atteint 1.767 dollars par habitant. Un niveau “incroyable”, juge l’organisation de Washington.

Entre 2000 et 2008, trois de ces cinq nations nord-africaines, à savoir l’Egypte, l’Algérie et le Maroc, ont respectivement “perdu” 57,2 milliards, 13,6 milliards et 13,3 milliards de dollars. Ce qui les classe dans le Top 6 du continent africain en termes d'”exportation de capital illicite”, tandis que la Tunisie se classe 10e, avec 9,3 milliards de dollars.

Egypte : sa carte d’identité en matière de flux internationaux d’argent illicite

2000-2008 : 57,209 milliards de dollars

Moyenne annuelle : 6,357 milliards de dollars

Pic : 13,625 milliards de dollars en 2007

Classement : 3e dans le classement de toutes les nations africaines en termes de “pertes cumulées” entre 200 et 2008

“Si nous divisons la population en cinq groupes (ou quintiles), nous voyons qu’en 2005 – année la plus récente pour laquelle la Banque mondiale dispose de données de revenu pour l’Egypte – le quintile le plus bas de la population détenait 8,96 % du revenu du pays, tandis que le quintile le plus élevé affichait une étonnante part de 41,46 % du revenu total de l’Egypte, note GFI. Ces indicateurs se sont très certainement détériorés ces six dernières années et éclairent le problème d’inégalité de revenu en Egypte.”

Trends.be

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