Dexia: Yves Leterme ne se sent “absolument pas responsable” des Panama Papers

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Lors du sauvetage de Dexia en 2008, l’ancien premier ministre Yves Leterme n’était pas concrètement au courant de la route du Panama organisée par Dexia via le Luxembourg, même s’il nourrissait des soupçons.

Les Panama Papers révèlent que le bureau de conseil luxembourgeois Experta, qui faisait partie du groupe Dexia par le biais de la Banque Internationale à Luxembourg (BIL), a aidé à fonder plus de 1.600 entreprises offshore via Mossack Fonseca.

Le système a été mis en place dans les années 90 et a fonctionné jusqu’au démantèlement du groupe fin 2011. Cela signifie que même après avoir été sauvé en 2008 avec 3 milliards d’euros d’argent du contribuable belge, le groupe Dexia a aidé des clients à esquiver les impôts via le Panama.

“Nous n’étions certainement pas spécifiquement au courant de ces Panama Papers. Mais on pouvait soupçonner qu’un certain nombre de banques systémiques organisaient ce genre de transactions pour leurs clients”, déclare Leterme au quotidien De Morgen.

L’ancien premier ministre de Belgique affirme qu’il a “immédiatement” demandé à Jean-Luc Dehaene et Pierre Mariani, respectivement président et CEO de Dexia à l’époque, de surveiller les éventuelles activités passées par les paradis fiscaux. Plus tard, il y a encore fait allusion, sans insister. “Alors, on part du principe que les autorités compétentes, telles que l’inspection des impôts et la FSMA, font leur travail.”

Leterme ne peut pas dire si la FSMA et l’Inspection spéciale des impôts ont échoué. “Ce n’est pas moi d’en juger.”

À la question de savoir s’il se sent responsable de ce que dévoilent les Panama Papers, Leterme répond résolument: “Absolument pas. Personnellement, je n’en savais rien. Et pour ce qui est de ma responsabilité politique: nous avions une banque à sauver. Il va falloir me croire quand je dis que pendant les quelques heures dont nous disposions, nous n’avons pas pu vérifier les activités de Dexia en détail. La priorité était de mesurer la profondeur du trou et d’étudier comment gérer ces produits toxiques.”

“C’est bien pire depuis que l’État est propriétaire”

Leterme ne se dit pas étonné que ces pratiques aient lieu au sein de banques d’affaires internationales dans un marché concurrentiel. “Mais je suis étonné qu’elles aient eu lieu à grande échelle après la crise bancaire. C’est bien pire depuis que l’État est propriétaire. Le moins que l’on puisse dire, c’est que cela suscite des questions”, explique Leterme au quotidien De morgen.

Bien que Leterme ne se sente absolument pas concerné par les Dexia Papers récemment dévoilés, il espère “que 2008 nous aura enseignéla clarté au niveau de la réglementation et de la tâche des surveillants”. À cet égard, Leterme cite les étapes prises en faveur d’une fiscalité internationale transparente, telle que les textes de l’OCDE déjà approuvés par le Luxembourg et la Suisse. (DM/BO)

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