Dettes publiques: la Belgique est du bon côté

C’est le constat que dressent Bruno Colmant et notre consoeur Jennifer Nille dans un livre consacré à l’endettement des Etats.

A l’occasion de la sortie de leur livre intitulé “Dettes publiques : un piège infernal”, nous avons rencontré Bruno Colmant, partner chez Roland Berger ainsi que professeur à l’UCL, et Jennifer Nille, journaliste à L’Echo.

Pourquoi ce livre sur les dettes publiques ?

Bruno Colmant: Parce que la dette publique européenne s’alourdit chaque année. Sa croissance est exponentielle. Certains pays sont au bord de la faillite et d’autres agonisent. Aujourd’hui, la dette publique belge tourne autour des 100 % du PIB. La Belgique est plus endettée que ses voisins économiques. L’Allemagne, la France et les Pays-Bas ont des niveaux d’endettement inférieurs au nôtre. Dans contexte, il nous a paru intéressant de se pencher sur le concept même de dette publique ? D’où vient-elle ? Comment fonctionne-t-elle ? L’Etat providence est-il en danger ? Etc.

La dette belge est-elle soutenable ?

Bruno Colmant: Malgré un taux d’endettement élevé, la Belgique est du bon côté. Globalement, sa dette est soutenable. L’épargne des Belges est importante. Elle est bien canalisée par les banques et les compagnies d’assurance vers le financement de la dette. Résultat des courses : les taux sont bas et le financement aisé. C’est une situation atypique : une sorte de pompe en circuit fermé. L’Europe du Sud, en revanche, n’est pas à l’abri d’un effacement de dette.

Jennifer Nille. L’action du gouvernement Di Rupo crédibilise aussi le pays auprès des prêteurs étrangers. Jusqu’à présent, il n’y pas eu non plus de krach immobilier qui a appauvri la population.

Y a-t-il un niveau d’endettement idéal ?

Jennifer Nille: Non, l’Argentine a fait défaut alors que son taux d’endettement atteignait 56 % du PIB. Idem pour la Russie qui a craqué avec un ratio de 57 %. Le piège s’est par contre refermé sur la Grèce alors qu’elle affichait un taux d’endettement de 120 %. Il n’y a pas de règle en la matière. Si ce n’est qu’il faut une épargne suffisante.

Bruno Colmant. C’est d’ailleurs ce qui formule un Etat. Une dette publique est une immense sécurité sociale. Certains prêtent de l’argent à l’Etat et d’autres en bénéficient. Parfois se sont les mêmes personnes.

Comment finissent les dettes excessives ?

Bruno Colmant: L’histoire montre qu’on arrive généralement à trois solution : l’hyperinflation, la restructuration silencieuse (nationalisation de divers fonds pensions comme c’est le cas actuellement au Portugal) ou la restructuration brutale (décote de 50 %, par exemple).

Propos recueillis par Sébastien Buron

Dettes publiques : un piège infernal. Bruno Colmant et Jennifer Nille, 152 pages, Larcier.

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