Dette américaine: en pleine épreuve de force, Obama va s’adresser à la nation

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Le président américain Barack Obama doit s’adresser à la nation vendredi à propos de la dette, en pleine épreuve de force avec les Républicains qu’il a pressé d’agir pour éviter le défaut de paiement du pays.

Après cinq jours de négociations infructueuses à la Maison Blanche, Obama a déclaré jeudi aux élus qu’ils avaient 24 à 36 heures pour trouver un accord et il a programmé une conférence de presse vendredi à 11H00 (15H00 GMT).

Depuis la mi-mai, la dette fédérale américaine a atteint le maximum autorisé, un problème que le Trésor n’entend pas contourner éternellement et qui requiert un relèvement du plafond légal par un vote du Congrès.

Les Républicains, majoritaires à la Chambre des représentants, bloquent pour l’instant souhaitant qu’on s’attaque au déficit, après avoir cultivé une attitude inverse pendant des années jusqu’en 2009.

Au-delà du 2 août, le défaut de paiement menace, a répété jeudi le secrétaire au Trésor, Timothy Geithner: “Nous n’avons plus beaucoup de temps. Il faut agir” et “profiter de cette occasion pour nous occuper de nos problèmes budgétaires à long terme”.

“Le temps des décisions est venu”, a déclaré M. Obama, selon un responsable démocrate au courant des pourparlers entre le président et les élus.

Le président a souhaité que les élus se consultent avec leurs groupes respectifs pour déterminer ce qui peut être fait, sous peine de convoquer une nouvelle réunion pendant le week-end.

Il a exclu tout accord intermédiaire de court terme qui permettrait de poursuivre les négociations au-delà du 2 août, exigeant “du concret pour progresser”.

M. Obama, qui veut obtenir un vaste accord, estime avoir fait sa part en acceptant de sacrifier d’importants budgets publics et de toucher aux programmes sociaux Medicare et Medicaid, au coeur de sa campagne en 2008.

En échange, il attend que les Républicains acceptent une hausse de la fiscalité des plus riches.

Ajoutant aux crispations, les agences de notation financières se sont invitées dans ce face-à-face politique tendu non dénué d’arrières-pensées électorales, M. Obama souhaitant décrocher un deuxième mandat fin 2012.

La dette américaine atteint 14.294 milliards de dollars.

Les Etats-Unis bénéficient actuellement de la meilleure note (“triple A”) auprès des trois grandes agences d’évaluation financière, ce qui leur permet d’emprunter à des taux d’intérêt particulièrement avantageux.

Mais coup sur coup, Moody’s mercredi puis Standard and Poor’s jeudi ont publié des communiqués envisageant un abaissement de la note attribuée aux obligations fédérales américaines.

“Nous pensons maintenant que nous pourrions abaisser les notes des Etats-Unis sous trois mois”, a écrit S&P jeudi.

Pour deux raisons avancées: l’une conjoncturelle, “l’incapacité persistante à relever le plafond de la dette publique américaine”, l’autre plus structurelle liée à la crainte que le gouvernement et la Congrès ne parviennent pas à un plan crédible de rééquilibrage des finances publiques à moyen terme.

Les mises en garde sur les conséquences d’un éventuel défaut de paiement des Etats-Unis se sont multipliées ces derniers jours, venant de la Fed, de la banque américaine JPMorgan Chase qui a utilisé le mot de “catastrophe”, et de la Chine.

La Chine a investi plus d’un tiers de ses colossales réserves de change en bons du Trésor américain et détient plus de mille milliards de dollars.

Certains économistes et milieux d’affaire redoutent l’onde de choc pour l’économie mondiale encore convalescente en cas de défaut de paiement.

Face à la pression et aux déclarations alarmantes, le porte-parole de la Maison Blanche, Jay Carney, avait affirmé jeudi avant la réunion que “malgré tout, des progrès avaient été effectués”.

lexpress.fr

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