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Des gouvernements trop impopulaires pour réussir

Jamais les gouvernements du pays n’ont atteint un tel niveau d’impopularité, nous apprend le dernier baromètre de La Libre Belgique. Les taux de satisfaction oscillent entre 16 % (Paul Magnette) et 28 % (Geert Bourgeois).

Personne n’a donc bénéficié de cet état de grâce qui accompagne traditionnellement les premiers mois d’une nouvelle majorité. Et cela ne rejaillit même pas sur l’opposition. Tout au plus, notera-t-on le gain de 2 % d’intentions de vote pour le PTB et Groen. Marginal.

Dans une époque où la critique et l’ironie fusent via les réseaux sociaux, le gros trait négatif enregistré dans ce baromètre est peut-être un peu forcé. Mais il n’en reste pas moins irréfutable. Les chiffres confirment clairement le rejet global de la classe politique, déjà constaté lors du scrutin de mai dernier. L’abstention, le vote blanc et les petits partis représentaient alors un quart de l’électorat. Six mois plus tard, la défiance est toujours bien là. Communication chaotique, mesures cachées dans des lois ou décrets-programmes et, plus fondamentalement, incapacité à définir un projet porteur ont rythmé la vie politique depuis l’installation des gouvernements. Dans ces conditions, on ne pouvait décemment s’attendre à ce que cela suscite l’adhésion, et encore moins l’enthousiasme.

C’est bien là le drame. Sans adhésion ni enthousiasme, le moteur économique ne redémarrera pas. De nombreux économistes l’ont dit au lendemain de la présentation du plan Juncker pour tenter de relancer les investissements en Europe : les liquidités sont là mais les acteurs économiques s’enferment dans une position d’attente en attendant de retrouver des raisons d’avoir confiance en l’avenir. Sans cette confiance, rien ne repartira. Et la Belgique, comme toute l’Europe, restera engluée dans une spirale négative.

Personne n’a bénéficié de cet état de grâce qui accompagne traditionnellement les premiers mois d’une nouvelle majorité. Et cela ne rejaillit même pas sur l’opposition.

L’installation aux manettes fédérales d’une équipe inédite et clivante pouvait apporter une vision nouvelle et par là, contribuer à créer ce climat de confiance. Le débat reste, hélas, bloqué sur de vieilles recettes. Comme si un saut d’index ne pouvait être que le recul social absolu ou le remède miracle à notre déficit de compétitivité. Les quatre partis de la coalition fédérale ne sont cimentés que par le malin plaisir d’avoir réussi à renvoyer les socialistes dans l’opposition après 25 ans de participation au pouvoir. On est loin, très loin, des réformes fiscales plus ambitieuses les unes que les autres promises par chacun durant la campagne. La “suédoise” n’offre en fin de compte à ses militants qu’une sorte de projet par défaut, comme un supporter de football qui hue l’adversaire quand il ne sait plus trop comment encourager son équipe.

Au niveau régional, ce n’est guère mieux. Une majorité de Bruxellois n’ont tout simplement pas d’avis sur l’action de Rudi Vervoort (par désintérêt ?) alors que les Wallons sont les plus sévères face aux gouvernements : à peine 12 % de satisfaction pour Charles Michel (contre 20 % au niveau national) et 16 % pour Paul Magnette. Il faut dire qu’on leur ressort pour toute perspective une énième version du plan Marshall, avec des “recentrages” encore très flous et les sempiternels engagements à investir davantage dans “le capital humain” et la formation en alternance. L’installation de majorités asymétriques au fédéral et dans les régions (du côté francophone) a renforcé cette impression de chaos improductif, ces positionnements tout en noir et blanc. Le pire, c’est qu’on ne voit pas comment les décideurs politiques vont pouvoir sortir de cette guerre de tranchées qui plombe toutes leurs actions.

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