Croissance : pourquoi la Commission n’est pas optimiste pour la Belgique

© Reuters

La Commission européenne a publié ses “prévisions de printemps”. Pour la Belgique, elle mise sur une croissance économique de 1,3 % en 2010 et 1,6 % en 2011, avec un déficit stable à 5 %. Des chiffres qui n’amènent pourtant pas l’exécutif européen à des conclusions optimistes pour notre pays.

La croissance économique de la Belgique atteindra 1,3 % en 2010 et 1,6 % en 2011, avec un déficit stable à 5 %, selon les dernières prévisions de la Commission européenne. L’économie du pays, tournée vers les exportations, devrait profiter de la reprise marquée du commerce international, qui lui permettra de croître davantage que la moyenne de la zone euro (0,9 %).

Ces chiffres n’amènent pourtant pas la Commission à des conclusions optimistes. “Au vu des performances à l’exportation de la Belgique au cours des dernières années, des doutes existent quant à sa capacité de bénéficier pleinement du rebond du commerce mondial”, souligne-t-elle. Les exportations belges ont en effet enregistré “une perte structurelle de leurs parts de marché, aussi bien pour les produits que pour les services”, notamment parce qu’elles “sont caractérisées par une spécialisation dans les technologies de niveau intermédiaire, faciles à imiter, comme la chimie et l’acier”.

La hausse des coûts salariaux, plus marquée que dans la zone euro, a également nui à la compétitivité de la Belgique. Les exportations sont en outre dirigées essentiellement vers la zone euro, tandis qu’elles ne trouvent pas beaucoup de débouchés dans les pays émergents à forte croissance.

L’emploi, qui avait bien résisté pendant la crise grâce au chômage économique, devrait souffrir cette année et l’an prochain. La Commission table sur une hausse du taux de chômage, de 7,9 % en 2009 à 8,8 % en 2010 et 9 % en 2011. “Au vu des caractéristiques du marché de l’emploi en Belgique, il y a un risque que certains chômeurs restent inactifs de façon permanente”, ajoute-t-elle.

Sur le front des finances publiques, la Commission table sur un déficit de 5 % cette année, légèrement plus élevé que la prévision de 4,8 % émise par le gouvernement. A politique inchangée, le déficit ne baisserait pas en 2011, alors que le gouvernement compte atteindre 4,1 %. La dette devrait quant à elle s’élever à 99 % du PIB cette année et dépasser à nouveau le seuil de 100 % en 2011, un niveau qu’elle n’avait plus atteint depuis 2002.

Au niveau européen : malgré des perspectives de croissance à court terme moroses, “une amélioration modeste est prévue”

La récession économique a pris fin dans l’UE au cours du troisième trimestre de 2009, en grande partie grâce aux mesures de crise exceptionnelles adoptées au titre du plan européen pour la relance économique, mais aussi sous l’effet de certains autres facteurs temporaires, souligne Olli Rehn, commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, dans un communiqué.

“Au-delà du redressement initial, la relance s’avère plus progressive que lors de périodes de reprise précédentes, avance-t-il. Cela n’est pas surprenant, compte tenu de la nature extraordinaire de la récession récente. Le redressement conjoncturel qui suit une crise financière a tendance à être plus tempéré qu’en d’autres circonstances. A l’instar d’autres pays développés, l’UE sera aux prises avec l’héritage de la crise pendant un certain temps encore.”

Même si les perspectives de croissance à court terme restent globalement moroses, une amélioration modeste est prévue par rapport aux prévisions d’automne, prévient cependant le commissaire : “Elle résulte du redressement plus marqué de l’activité et du commerce mondiaux à la fin de l’année dernière, et d’une amélioration des perspectives extérieures. Par la suite, l’économie de l’UE restera confrontée à des vents contraires sur plusieurs fronts, qui devraient peser sur la demande. Plusieurs facteurs temporaires, qu’ils soient liés à la météorologie, conjoncturels ou encore induits par les politiques menées, sont susceptibles d’influer sur le profil de la reprise.”

Ces effets s’estompant, la croissance du PIB ne devrait redémarrer plus fermement qu’à partir de la fin de 2010, assure enfin Olli Rehn. “Cela s’explique par le niveau d’utilisation des capacités toujours très bas, la réduction de l’effet de levier et une aversion au risque accrue qui freine l’investissement, et par la morosité de la consommation privée. La croissance de la consommation est également limitée par la faible croissance des salaires et de l’emploi, ainsi que par la correction du marché du logement.”

Trends.be, avec Belga

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content