Crise : le “trop peu, trop tard” de Jacques Delors

© Image Globe/EPA

Pour l’ancien président de la Commission européenne, les problèmes actuels de l’euro sont la conséquence d'”une combinaison entre l’obstination de la vision allemande du contrôle monétaire et l’absence d’une vision claire de la part des autres pays”.

Face à la crise de la dette, les responsables européens agissent “trop peu et trop tard”, affirme le Français Jacques Delors, un des principaux architectes de la monnaie unique, qui juge également que l’euro était voué à l’échec dès le départ, dans une interview au Daily Telegraph publiée samedi.

Pour l’ancien président de la Commission européenne, les problèmes actuels de l’euro sont la conséquence d'”une combinaison entre l’obstination de la vision allemande du contrôle monétaire et l’absence d’une vision claire de la part des autres pays”.

Or, désormais, “même l’Allemagne” devra se battre, car “les marchés sont les marchés. Et ils sont désormais minés par l’incertitude”, souligne-t-il, alors que la chancelière allemande Angela Merkel a martelé vendredi son intention de modifier les traités européens pour réformer la zone euro en une véritable union budgétaire, avant un nouveau sommet européen les 8 et 9 décembre.

Quant aux Britanniques, comme ils ne font pas partie de la zone euro, ils ne “partagent pas le fardeau”, même s’ils sont “au moins aussi embarrassés que les leaders européens par cette crise”, juge encore Jacques Delors, selon qui la création d’eurobonds constituerait par ailleurs “un gros souci” pour la City.

Remontant plus loin dans le temps, il estime que la crise actuelle a été générée par “un défaut d’exécution” des responsables politiques qui ont supervisé les premiers pas de la monnaie unique, car ils ont tourné le dos aux faiblesses et aux déséquilibres des Etats membres : “Les ministres des Finances (de l’époque) ne voulaient rien voir qui soit désagréable et qu’ils auraient été obligés de gérer. Chacun doit examiner sa conscience.”

L’ancien ministre français de l’Economie (1981-1984) reconnaît néanmoins qu'”il y avait du vrai” dans les mises en garde des responsables politiques et des économistes “anglo-saxons” qui affirmaient qu’une monnaie unique et une banque centrale sans Etat unique serait intrinsèquement instable.

Trends.be, avec Belga

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