Corée du Nord: nouvelles sanctions américaines contre des entreprises chinoises

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Les Etats-Unis ont annoncé mardi de nouvelles sanctions ciblées contre des entreprises nord-coréennes, mais aussi chinoises, pour isoler encore davantage la Corée du Nord et, espèrent-ils, l’obliger à des négociations sur son programme nucléaire.

Elles visent des entreprises “qui font du commerce avec la Corée du Nord pour des montants cumulés atteignant des centaines de millions de dollars”, a annoncé le secrétaire au Trésor américain Steve Mnuchin dans un communiqué. Au total, un ressortissant chinois, treize sociétés et entités ainsi que vingt navires sont frappés par ces mesures.

Le président Donald Trump avait inscrit lundi la Corée du Nord sur la liste noire américaine des “Etats soutenant le terrorisme”, promettant de nouvelles mesures punitives “importantes”.

Son secrétaire d’Etat Rex Tillerson avait toutefois insisté sur le caractère avant tout “symbolique” de cette nouvelle mise au ban et sur l’objectif ainsi poursuivi: faire “comprendre” au régime de Kim Jong-Un “que ce sera de pire en pire s’il refuse de négocier”.

Le chef de la diplomatie américaine s’est dit certain que les sanctions internationales draconiennes adoptées durant l’été par le Conseil de sécurité de l’ONU, en réponse à de nouveaux essais balistiques et nucléaires, et celles, unilatérales, décidées par les Etats-Unis commencent à avoir un “impact significatif” sur l’économie du pays reclus.

Comme il l’avait expliqué, le nouveau train de mesures punitives américaines étend le champ de celles déjà imposées ces derniers mois, notamment en juin contre l’établissement chinois Bank of Dandong, accusé d’être un “canal” financier au service des ambitions nucléaires de Pyongyang.

Mardi, le Trésor a ciblé quatre sociétés d’import-export chinoises ainsi que le propriétaire, également chinois, d’une d’entre elles. Il s’agit de Dandong Kehua Economy & Trade Co. Ltd, de Dandong Xianghe Trading Co. Ltd, et de Dandong Hongda Trade Co. Ltd, spécialisées dans le commerce d’ordinateurs portables et de minerais, et de Sun Sidong et son entreprise, Dandong Dongyuan Industrial Co. Ltd, qui exporterait en Corée du Nord, entre autres, des véhicules à moteur ou des “articles associés aux réacteurs nucléaires”, selon le ministère.

Stratégies de contournement

Cette dernière entreprise a également été associée avec des sociétés liées à la fabrication d’armes de destruction massive en Corée du Nord, a-t-il affirmé.

Côté nord-coréen, les nouvelles sanctions visent des administrations, agences et entreprises impliquées dans le transport maritime. Vingt navires battant pavillon nord-coréen sont aussi épinglés, accusés notamment de participer aux stratégies du régime pour contourner les sanctions internationales.

Enfin, Korea South-South Cooperation Corporation, une entité qui “exporte” des travailleurs nord-coréens notamment en Chine, en Russie, au Cambodge et en Pologne, pour “générer des revenus” pour le régime, est également concernée par ce train de mesures.

Les Etats-Unis appellent le reste de la communauté internationale à resserrer l’étau autour de Pyongyang en participant à leur “campagne de pression maximale”. Sanctions ciblées à l’appui, ils demandent notamment à la Chine, principal partenaire commercial de la Corée du Nord, de lâcher définitivement son voisin — Donald Trump s’est montré confiant à cet égard après sa récente tournée asiatique, malgré le scepticisme de nombreux observateurs.

Washington espère qu’une fois totalement isolé, soumis à un strict blocus économique et sous la menace de l’option militaire souvent brandie par le président américain, Kim Jong-Un finira par accepter des négociations. La plupart des experts estiment toutefois qu’il ne renoncera jamais à l’arme atomique, qu’il considère comme l’assurance-vie de son régime.

“Nous avons toujours espoir dans la démocratie”, avait assuré lundi Rex Tillerson, qui a récemment évoqué des “canaux de communication” ouverts avec Pyongyang en l’attente d’un “signe” du dirigeant nord-coréen pour envisager des discussions. Il a souhaité la poursuite de la “période de calme” en cours — aucun tir de missile ni essai nucléaire nord-coréen depuis le 15 septembre — mais s’est abstenu d’y voir le résultat de la politique américaine.

Pékin condamne les sanctions américaines

Pékin s’est dit opposé “par principe” aux nouvelles sanctions adoptées par les Etats-Unis contre des entreprises chinoises commerçant avec la Corée du Nord, dénonçant la stratégie américaine “unilatérale” pour accroître la pression sur Pyongyang.

“Nous sommes opposés à ce que quelque pays que ce soit adopte des sanctions unilatérales fondées sur ses propres lois”, a martelé Lu Kang, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, dénonçant une méthode juridique “mauvaise”.

La Chine, en revanche, “applique strictement et en totalité” les sanctions internationales adoptées par le Conseil de sécurité de l’ONU, a-t-il insisté.

“S’il s’avère que des entités ou individus chinois exercent sur le sol chinois des activités violant nos lois et règlements ou nos engagements internationaux, nous traiterons ces cas avec sévérité conformément à la loi”, a réagi Lu Kang.

“Si d’autres pays ont des éléments solides” sur de telles infractions, “ils peuvent tout à fait partager leurs informations avec la Chine, d’une façon collaborative”, a-t-il ajouté.

Conformément aux sanctions onusiennes, qu’elle a approuvées, la Chine a interrompu ses achats de charbon, de minerais et de fruits de mer nord-coréens, avant d’imposer de surcroît des restrictions bancaires.

Pour autant, hantée par la perspective d’un effondrement chaotique du régime stalinien ou d’un conflit à sa porte, le géant asiatique poursuit son soutien à Pyongyang, notamment via ses exportations pétrolières.

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