Contre le paludisme, la nécessite de fournir plus d’efforts

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Un vaccin sera testé à grande échelle au Ghana, au Kenya et au Malawi.

La lutte contre le paludisme est l’une des réussites méconnues du 20e siècle. En 2000, la maladie tuait 47 personnes à risque sur 100.000. En 2015, l’année des derniers chiffres disponibles, le chiffre était tombé à 19, soit une baisse de 60 %. Le paludisme continue néanmoins de tuer 430.000 personnes par an, dont 70 % sont des enfants de moins de cinq ans.

En 2018, le taux de mortalité chez les enfants pourrait cependant commencer à régresser. L’année à venir sera en effet marquée par un test à grande échelle du premier vaccin efficace contre le plasmodium falciparum, le parasite à l’origine de la forme la plus mortelle de paludisme. Réservé aux enfants, ce vaccin, appelé RTS, S, est le produit d’une collaboration amorcée en 2001 par GlaxoSmithKline, une entreprise pharmaceutique britannique, et Path, une organisation caritative américaine oeuvrant à l’amélioration de la santé mondiale.

La mise au point d’un vaccin antipaludique n’est pas une tâche facile. La méthode utilisée pour les vaccins contre des virus et des bactéries – l’injection d’agents pathogènes atténués ou inactivés – est inefficace contre le plasmodium, un micro-organisme beaucoup plus complexe qu’une bactérie ou un virus. Le vaccin doit donc être conçu pour conduire le système immunitaire à viser un point faible de l’armure du parasite, plutôt que de prendre pour cible le parasite entier.

Agir au stade de la contamination

Les inventeurs du RTS, S ont découvert la faille qu’ils recherchaient dans une protéine des sporozoïtes du paludisme. Les sporozoïtes sont la forme prise par le parasite dans les glandes salivaires du moustique. C’est sous cette forme qu’ils sont injectés dans le sang de l’hôte lors de la piqûre. Ils rejoignent ensuite le foie, où ils se multiplient et se transforment en mérozoïtes, la phase suivante de leur cycle de vie. Mais si l’on agit au stade des sporozoïtes, on peut stopper l’infection avant qu’elle ne se développe. L’injection d’un vaccin contenant une version de synthèse de cette protéine, qui peut être produite en quantité importante en laboratoire, permet au système immunitaire de la repérer, de l’attaquer et de détruire le parasite sur lequel elle se trouve.

Même si l’essai du RTS, S prévu en 2018 au Ghana, au Kenya et au Malawi n’est qu’un projet pilote destiné à tester l’efficacité du vaccin dans le contexte médical difficile de l’Afrique, ce sera un test à grande échelle. Le programme de mise en place d’un vaccin contre le paludisme s’appliquera à 360.000 enfants d’un âge compris entre cinq et 17 mois, qui recevront quatre doses successives de RTS, S. Afin d’établir des comparaisons, un nombre équivalent d’enfants du même âge seront mis en observation sans avoir été vaccinés (le groupe témoin). La campagne sera menée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et les coûts seront pris en charge par trois organisations sanitaires internationales : Gavi, le Fonds mondial et Unitaid.

Pas la panacée

Le test devrait avoir de bons résultats. Dans le précédent essai à grande échelle du RTS, S, qui a pris fin en 2014, le taux d’infection des enfants vaccinés s’est avéré de 40 % inférieur à celui des enfants non vaccinés.

Il sera peut-être difficile de convaincre les parents d’amener leurs enfants dans un centre de soins à quatre reprises, surtout si les dates ne coïncident pas avec l’actuel calendrier de vaccination. En outre, même si le RTS, S est aussi efficace que ses partisans l’espèrent, il ne suffira pas à éradiquer le paludisme. Mais, ajouté aux moustiquaires, aux insecticides et à un usage judicieux de médicaments, il constituera une arme supplémentaire contre la maladie et contribuera à faire baisser le nombre de victimes dans les années qui viennent.

Par Geoffrey Carr.

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