Commerce USA-Chine: “D’importants différends subsistent”, selon Pékin

En juillet 2017 le secrétaire au Trésor Steve Mnuchin rencontre le Vice Premier ministre Wang Yang à Washington © Reuters

Deux jours de négociations menées à Pékin par une délégation américaine de haut rang n’ont pas permis de débloquer substantiellement l’important contentieux commercial entre les Etats-Unis et la Chine, trois semaines avant l’application attendue de droits de douane punitifs par Washington.

Dénonçant depuis des mois le colossal déficit des Etats-Unis avec la Chine et les pratiques commerciales “déloyales” de Pékin, le président américain Donald Trump avait missionné le secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin pour mener des tractations avec le régime communiste.

A la tête d’une importante délégation, il était jeudi et vendredi à Pékin pour tenter d’éviter une guerre commerciale entre les deux puissances.

L’enjeu était de taille: cette visite intervenait alors que la Chine est sous la menace, qui pourrait se concrétiser dès le 22 mai, de droits de douane sur quelque 50 milliards de dollars de produits exportés vers les Etats-Unis. Pékin s’est dit prêt à répliquer avec des taxes sur 50 milliards de dollars de produits américains importés (soja, automobiles, boeuf…)

Or, à l’issue de deux jours de pourparlers, “les deux parties ont reconnu qu’il subsistait d’assez importants différends sur certains problèmes et qu’il fallait continuer à intensifier le travail” de négociations, a rapporté l’agence étatique Chine nouvelle, sans livrer de précisions.

La délégation américaine, qui comprenait aussi le secrétaire au Commerce Wilbur Ross et le représentant au Commerce Robert Lighthizer, s’est entretenue avec le vice-Premier ministre chinois Liu He, un proche du président Xi Jinping et grand orchestrateur de la politique économique chinoise.

“Ils ont eu des discussions franches, efficaces et constructives”, notait Chine nouvelle, ajoutant que les deux pays “ont convenu de rester en étroite communication” via “un mécanisme de travail”.

“Echanges de vues”

“Nous avons de très bonnes discussions”, avait lancé vendredi matin aux journalistes Steven Mnuchin lui-même alors qu’il quittait son hôtel.

Les Etats-Unis ont remis à leurs interlocuteurs “une liste détaillée de demandes”, a déclaré depuis Washington le conseiller économique du vice-président Mike Pence, Mark Calabria, selon des propos rapportés par l’agence Bloomberg.

L’administration Trump souhaite que les droits de douane chinois soient ramenés au niveau des droits imposés par les Américains, a-t-il expliqué.

La Maison Blanche a réclamé une réduction de 100 milliards de dollars du déficit des échanges avec la Chine (375 milliards de dollars en 2017 selon les chiffres américains) et entend obtenir une plus grande ouverture du marché du géant asiatique.

Les Etats-Unis exigent également une protection renforcée des droits de propriété intellectuelle, fustigeant les transferts technologiques imposés par Pékin aux sociétés étrangères.

De fait, les deux parties ont eu un “échange de vues” sur le déséquilibre des échanges bilatéraux, le respect de la propriété intellectuelle ou encore les barrières tarifaires et non-tarifaires, “parvenant à quelques consensus sur certains sujets”, a souligné Chine nouvelle.

De façon générale, les médias chinois sont restés discrets sur la visite de la délégation américaine, l’événement du jour étant l’hommage rendu par le président Xi Jinping à Karl Marx pour le bicentenaire de sa naissance.

D’emblée, la prudence avait dominé de part et d’autre sur la possibilité d’un accord immédiat à l’issue des discussions dans la capitale chinoise.

“Le cas ZTE”

Les Etats-Unis avaient pourtant salué d’apparents gestes de bonne volonté de la part de Pékin, Xi Jinping ayant promis début avril “une nouvelle phase d’ouverture” économique en Chine.

Les Chinois “sont perplexes”, voyant les Américains augmenter leur pression alors même qu’ils engagent des réformes, observe Zhang Monan, chercheur de l’influent Centre chinois pour les échanges économiques internationaux.

Autre dossier crucial: les ambitieux objectifs de Pékin pour créer des champions technologiques à horizon 2025 inquiètent Washington, qui dénonce des vols de propriété intellectuelle et le soutien massif de l’Etat chinois aux entreprises.

La Chine, qui veut enrayer sa dépendance à l’égard des technologies américaines –notamment sur les semiconducteurs–, a pu se trouver confortée par la décision des Etats-Unis, mi-avril, de bloquer les exportations de composants destinés au géant chinois des télécoms ZTE, accusé par Washington d’avoir violé des embargos commerciaux.

La Chine a d’ailleurs transmis à la délégation américaine de M. Mnuchin “ses protestations solennelles sur le cas de ZTE”, selon un porte-parole du ministère chinois du Commerce.

Côté américain, des chiffres mensuels du commerce extérieur, publiés jeudi, n’ont probablement guère mis de baume au coeur de Donald Trump.

Le déficit commercial total de l’Oncle Sam a certes reculé de 15,2% en mars, mais il s’est élevé quand même à 48,95 milliards de dollars… en dépit d’exportations record vers la Chine, dopées par des variations saisonnières.

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