Comment le Danemark a atteint le plein-emploi

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Le Danemark, royaume de la “flexisécurité”, a atteint le plein-emploi et doit trouver des mesures pour éviter une pénurie de main-d’oeuvre néfaste à sa croissance, a affirmé mercredi la banque centrale du pays.

L’emploi est le point fort de l’économie danoise, qui pourtant a connu une reprise lente après avoir durement souffert de la crise économique de 2008-2009. Le gouvernement table ainsi sur 0,9% de croissance cette année, après 1,0% en 2015 et 1,3% en 2014.

Ce pays de 5,7 millions d’habitants semble avoir vaincu le chômage conjoncturel. Le casse-tête dans les mois et années à venir risque plutôt d’être de trouver des gens à embaucher.

“Le chômage a atteint maintenant son niveau structurel (…) Il n’y a, pour ainsi dire, pas de réserve de travail chez les chômeurs”, a indiqué la Banque nationale du Danemark dans un rapport économique trimestriel.

“Il y a déjà des signes de tensions sur le marché du travail. Les indications les plus claires sont que l’on fait état de pénuries de main-d’oeuvre à la fois dans le secteur de l’industrie et de la construction”, a-t-elle ajouté.

Le taux de chômage corrigé des variations saisonnières est à 4,2% depuis mai, et selon l’institut monétaire il sera extrêmement difficile de tomber plus bas compte tenu du chômage “frictionnel” (celui des actifs voués à trouver rapidement un emploi).

La banque centrale a évoqué quatre sources potentielles de main-d’oeuvre pour éviter la pénurie: les travailleurs âgés qui peuvent repousser leur retraite, les étudiants qui peuvent avancer leur entrée dans la vie active, les handicapés et les immigrés.

Mais pour elle, difficile de les mobiliser rapidement. Alors que la progression de l’emploi ces dernières années a bénéficié à des Danois qui en étaient exclus, “il est douteux qu’une main-d’oeuvre suffisante puisse être tirée des groupes de populations actuellement en dehors de la population active”.

Haut niveau de qualification

L’un des atouts du Danemark est la politique de “flexisécurité”, consistant à offrir une protection faible contre le licenciement mais des indemnités fortes contre le chômage. Un chômeur peut recevoir pendant deux ans 90% de ses trois derniers salaires, jusqu’à un plafond d’environ 2.400 euros mensuels.

Un autre est le haut niveau de qualification de ses travailleurs, qui assure un niveau de vie élevé aux habitants, avec un temps de travail annuel plutôt faible par rapport aux autres économies occidentales.

Le Danemark, dont la balance commerciale est excédentaire, se situe en pointe dans des secteurs comme l’industrie éolienne, agro-alimentaire ou pharmaceutique, sans compter ses performances dans la finance ou le transport maritime.

Le revers de la médaille, régulièrement souligné par le Fonds monétaire international ou l’OCDE, est la faible progression de la productivité, mais il semble surtout affecter les secteurs les plus protégés de l’économie nationale, dans les services.

L’Islande est un autre pays nordique arrivé au plein-emploi, avec un taux de chômage encore plus bas (2,1% seulement en juillet).

Quant à la Suède, rival qui affiche une croissance bien plus rapide que le Danemark, elle connaît aussi un chômage plus élevé. Mais elle a adopté ces dernières années une politique d’immigration bien plus généreuse, qui rend le risque de pénurie de main-d’oeuvre bien moins pressant.

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