Combien a coûté le psychodrame du shutdown aux Etats-Unis?

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Cette production américaine coûtera finalement 24 milliards de dollars. 24 milliards de dollars, c’est le coût de deux semaines de paralysie budgétaire aux Etats-Unis, et il sera aisément récupéré. Pourtant, la crise budgétaire pourrait coûter très cher à long terme.

La crise budgétaire aux Etats-Unis, qui s’est provisoirement refermée mercredi soir après deux semaines de paralysie des services de l’Etat fédéral, le fameux shutdown, aura coûté plusieurs milliards de dollars au pays mais surtout ébranlé son leadership économique.

En vigueur depuis le 1er octobre, la fermeture de certains services publics et la mise au chômage partiel de centaines de milliers de fonctionnaires vont ôter 0,6 point de pourcentage à la croissance économique américaine au quatrième trimestre, a calculé mercredi l’agence Standard & Poor’s. La richesse produite aux Etats-Unis entre octobre et décembre aura donc été amputée de 24 milliards de dollars, selon l’agence de notation.

L’agence concurrente Moody’s arrive à peu près aux mêmes conclusions en affirmant que l’accord conclu entre républicains et démocrates a évité une “catastrophe”. Selon ses estimations, la croissance américaine au dernier trimestre sera réduite de 0,5 point, ne causant qu’un dommage financier finalement “limité”.

Un impact économique limité… Les pertes liées à la paralysie budgétaire sont dans l’ensemble largement réversibles, d’autant plus que les fonctionnaires recevront rétroactivement les salaires dont ils ont été privés depuis deux semaines.

“La confiance des consommateurs a certainement été affectée mais elle devrait rebondir assez rapidement”, notent les analystes de High Frequency Economics.

Au rang des coûts économiques, il faudra toutefois ajouter le renchérissement des rendements sur les bons du Trésor à court terme qui va alourdir le service de la dette du gouvernement américain. La Fed a également relevé mercredi “l’incertitude” qu’a fait peser la crise du Congrès sur les embauches à l’heure où le taux de chômage reste élevé (7,3% en août).

… mais le statut des Etats-Unis a été affecté Les plus grandes craintes portaient toutefois sur un autre volet de la crise budgétaire, le relèvement du plafond de la dette, qui menaçait de contraindre les Etats-Unis au premier défaut de paiement de leur histoire. L’accord intervenu au Congrès ne règle toutefois que temporairement cette lancinante question, en ne relevant le plafond que jusqu’au 7 février, ce qui augure d’une nouvelle bataille au Congrès.

Au-delà de son coût économique, cette nouvelle crise budgétaire a également eu un impact, moins quantifiable, sur le leadership économique américain. Vendredi, les Etats-Unis ont eu le désagréable honneur d’être nommément montrés du doigt par les ministres des Finances des pays du G20, réunis à Washington. “Les Etats-Unis doivent agir d’urgence pour régler leurs incertitudes budgétaires à court terme”, indique le communiqué final de la réunion.

Tout au long de la semaine dernière, marquée par les assemblées générales du FMI et de la Banque mondiale, les Etats-Unis ont plus généralement été sermonnés par les grands argentiers du globe. La directrice générale du FMI, Christine Lagarde, a elle-même exhorté la première puissance économique mondiale à “mettre de l’ordre” dans ses finances publiques.

La Chine, la Russie et le Japon ne se sont pas privés de dénoncer l'”incertitude” que les Etats-Unis faisaient peser sur le globe du fait de leur crise budgétaire.
Le secrétaire au Trésor américain Jacob Lew l’a reconnu: les Etats-Unis ne peuvent pas tenir leur leadership économique “pour acquis”. Certaines banques centrales auraient déjà commencé à acheter des yuans chinois.

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