Coca et post-it plus chers: la guerre commerciale touche le quotidien des Américains

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Des canettes de Coca-Cola et de Fanta plus chères, des prix d’automobiles à la hausse, des colis et des post-it plus onéreux: les entreprises américaines ont commencé à répercuter sur les consommateurs les coûts de la guerre commerciale déclenchée par Donald Trump.

Un grand nombre de fleurons américains ont préparé les esprits à une hausse des prix à l’occasion de la publication des résultats du deuxième trimestre. Ils entendent protéger leurs marges face à l’envolée des cours de l’acier et de l’aluminium qui renchérit les coûts de fabrication.

“Clairement, c’est perturbant pour nous. C’est perturbant pour nos clients”, mais c’est “nécessaire”, explique James Quincey, patron de Coca-Cola, qui a augmenté ses prix début juillet après l’entrée en vigueur des nouvelles taxes de 25% et 10% sur les importations d’acier et d’aluminium imposées par le président Trump.

Ces droits de douane, qui ont été suivis de représailles de la part de la Chine, de l’Union européenne, du Canada et du Mexique, touchent l’activité d’embouteillage (plastique, résine et transport). “A court terme, il va y avoir un certain impact pour les consommateurs”, avertit pour sa part Deborah Thomas, directrice financière d’Hasbro.

Le spécialiste des jeux de société (Scrabble, Trivial Pursuit) est en discussions avec ses fournisseurs et ses distributeurs. Il est question d’une augmentation des prix, qui pourrait intervenir lors de la cruciale période des fêtes de Noël. Le secrétaire au Commerce Wilbur Ross avait pourtant assuré en mars que les consommateurs n’allaient pas s’apercevoir de l’entrée en vigueur de nouvelles taxes sur l’aluminium. Les nouvelles taxes affectent les entreprises de deux manières.

Augmentation des coûts des matières premières

D’une part, elles augmentent les coûts des matières premières et des matériaux importés. D’autre part, elles renchérissent les coûts pour leurs clients sur les marchés à l’exportation. Les droits de douane interviennent en outre au moment où les sociétés américaines sont confrontées au dollar fort qui handicape leurs exportations et à la chute de devises de pays émergents (real brésilien, peso argentin…) rognant les bénéfices réalisés dans ces régions. Les “Big Three” de Detroit (General Motors, Ford, Fiat Chrysler) ont revu à la baisse mardi leurs ambitions pour 2018, invoquant les nouvelles taxes, ce qui a entraîné la plus mauvaise séance boursière des actions depuis la banqueroute de GM et de Fiat Chrysler en 2009.

Les mesures protectionnistes américaines et les représailles de certains pays épargnent très peu de secteurs et causent des dégâts jusque dans l’Amérique rurale. Consciente des dangers alors qu’approchent les élections de mi-mandat en novembre, l’administration Trump vient d’annoncer un plan d’urgence de 12 milliards de dollars pour aider les agriculteurs pénalisés par les mesures de rétorsion chinoises. Les producteurs de whiskey, de bourbon, des motos Harley-Davidson, produits frappés de taxes punitives de l’UE, ont déjà également fait part de leurs difficultés.

Les plus grosses entreprises américaines pourraient être fortement touchées

La guerre commerciale pourrait réduire de 15% les bénéfices des 500 plus grosses entreprises américaines, selon une étude de Goldman Sachs. Des risques importants menacent notamment la chaîne d’approvisionnement des industries trop dépendantes des importations comme l’énergie, le charbon, l’électronique, l’informatique et les transports. “Nous nous préparons à changer nos sources d’approvisionnement”, avance Nicholas Gangestad, directeur financier du conglomérat industriel 3M, qui fabrique des post-it, des scotchs et des rubans adhésifs, entre autres, dans plus d’une soixantaine de pays à travers le monde.

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