Chômage : une victoire à nuancer

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La baisse du chômage est impressionnante : 163.000 demandeurs d’emploi de moins depuis le début de la législature. Mais, en parallèle, il y a plus d’invalides et de bénéficiaires du revenu d’intégration.

Pour la première fois depuis… 1981, la Belgique passe en-dessous du seuil symbolique des 500.000 demandeurs d’emploi indemnisés (très exactement 487.291, selon le rapport annuel de l’Onem). Le chômage a reculé de 45.000 unités l’an dernier (-8,7%), ce qui nous fait une diminution de 163.000 depuis le début de la législature. Et d’après les prévisions du bureau du plan, la baisse devrait se poursuivre en 2018, avec quelque 19.000 demandeurs d’emploi de moins.

Tout cela s’explique évidemment par la croissance économique (1,8% cette année, 1,7% l’an dernier) et par les baisses de cotisation qui ont facilité les embauches. Mais il y a peut-être aussi d’autres chiffres à mettre en parallèle avec ceux des dépenses de l’Onem. Pointons-en trois:

-166.000 chômeurs non-indemnisés. Pour descendre sous le fameux seuil des 500.000, on ne comptabilise que les chômeurs indemnisés. Or, il y a 166.000 autres demandeurs d’emploi qui ne sont pas indemnisés et qui ne sont donc pas repris dans cette statistique. Ce chiffre est en légère baisse en 2017 mais il est en hausse de 10% depuis le début de la législature. On retrouve ici les jeunes en stage d’insertion (46.000), ceux qui sont arrivés au bout de leurs droits à l’allocation d’insertion (6500 en 2017, 43.000 en trois ans) ainsi que les chômeurs sanctionnés (3.000 exclusions en 2017).

-140.000 bénéficiaires du revenu d’intégration. Les familles les plus démunies, par exemple parce qu’elles n’ont pas droit aux allocations de chômage, peuvent obtenir un revenu d’intégration auprès du CPAS. De plus en plus de personnes y ont recours : 140.000 à la mi-2017, selon les statistiques du SPF Lutte contre la pauvreté, ce qui représente une hausse de 12,4% par rapport à 2016 ou de 37% depuis 2014. Le SPF explique cette hausse par les nouvelles réglementations du chômage mais aussi par la conjoncture économique générale et la présence croissante de réfugiés reconnus.

-400.000 malades de longue durée. Le nombre de personnes malades depuis plus d’un an a progressé de 25% en quatre ans. La hausse se ralentit désormais quelque peu, en raison notamment des incitants fédéraux au retour au travail, mais pas assez pour éviter que d’ici peu la Belgique recense plus d’invalides que de demandeurs d’emploi indemnisés ! Il y a clairement un lien entre les deux courbes : on retrouve en effet parmi ces malades de longue durée des personnes qui, autrefois, auraient émargé à la prépension.

En 2017, l’Etat avait déjà dépensé plus en indemnités de maladie qu’en allocations de chômage (7,7 contre 7,3 milliards). La tendance devrait s’accentuer cette année. Le comité de monitoring, qui vient de remettre son analyse de la situation budgétaire avant l’ajustement prévu fin mars, table sur une croissance de 6,5% des dépenses d’invalidité et une baisse de 4,4% en chômage.

Ces trois chiffres invitent à nuancer l’évolution très favorable du chômage. Mais pas à la nier. L’embellie est bien là, comme en atteste le relèvement du taux d’emploi (proportion de travailleurs dans la population en âge de travailler). Il devrait passer de 65,6% en 2017 à 66,3% en 2018, selon le comité de monitoring.

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