Chine : pourquoi l’économie s’essouffle

© REUTERS

La Chine a réduit à 7,5% son objectif de croissance pour cette année, après +9,2% en 2011 et +10,4% en 2010. La faute à la crise de la dette en zone euro, mais aussi aux banques chinoises, qui ont trop plombé leurs bilans.

Finie la croissance à deux chiffres. Pékin a limité son objectif de croissance à 7,5% pour cette année. Si ce scénario est le bon, la Chine enregistrera la pire performance de ces 23 dernières années. En apparence, 7,5% de croissance, ce n’est pas si mal. Nombre de pays occidentaux en rêveraient – à titre de comparaison, la France n’espère qu’une croissance de 0,5% cette année. Mais il faut savoir qu’en Chine, 6,5% de croissance, c’est l’équivalent d’une récession pour les pays occidentaux.

A quoi est due cette contreperformance de l’économie chinoise? D’abord à l’évolution négative du commerce international. La croissance de la deuxième économie mondiale connaît un ralentissement progressif mais continu depuis plus d’un an, notamment à cause des difficultés des exportateurs confrontés à la crise de la dette en Europe – le premier marché à l’exportation de la Chine – et à une reprise hésitante aux Etats-Unis. En l’espace de trois ans, l’excédent commercial chinois a été réduit de moitié. Il est passé de près de 300 à 157 milliards de dollars.

Ensuite, après les Etats-Unis et l’Europe, la Chine est confrontée à son tour au risque financier. Sur le marché interbancaire de l’Empire du Milieu, les taux d’intérêt sont proches de 5% alors qu’ils dépassaient à peine 2% en 2006. En d’autres termes, la méfiance est en train de s’installer. A l’image des banques occidentales, les banques chinoises se rendent comptent qu’elles auront du mal à recouvrer leurs créances, notent les experts d’Amplegest.

Les banques chinoises vont devoir faire le ménage dans leurs comptes

Et pour cause : le boom des crédits observé à partir de 2009 a été exceptionnel. Le bilan des banques commerciales est passé brusquement de 200 à 240% du PIB sur les ordres de Pékin, qui voulait à tout prix continuer d’afficher une croissance solide, seule garantie d’une paix sociale. Problème: ce boom du crédit a financé des secteurs improductifs, notamment l’immobilier. La part de ce secteur est passée en huit ans de 8,2% à 13% du PIB avec à la clé des surcapacités énormes. En octobre dernier, les logements mis en ventes étaient en hausse de 25% sur un an, alors que les logements effectivement vendus affichaient une dégringolade de 40%. Aujourd’hui, de nombreux promoteurs se retrouvent étranglés, notent les experts d’Amplegest.

Pour contourner l’encadrement du crédit, les banques ont aussi effectué des prêts hors bilan particulièrement douteux. “Des actifs permettent de convoyer du capital vers des projets n’ayant pas forcément accès au crédit bancaire avec une information assez limitée sur la qualité de crédit de l’emprunteur final … étrange résonance avec les produits structurés de la crise 2008”, note Philippe Ithurbide, Directeur Recherche, Stratégie et Analyse chez Amundi dans une étude récente. Bref, les banques chinoises vont devoir elles aussi faire le ménage dans leurs comptes en 2012. Difficile dans ces conditions de financer l’économie … et de maintenir la paix sociale.

La Chine a besoin d’une croissance très forte – au moins 8% – pour que son marché du travail absorbe les millions de travailleurs migrants présents dans le pays, explique un expert. En 2009, la crise avait mis 20 millions d’entre eux sur le carreau. Le plan de relance de plus de 400 milliards d’euros avait alors permis d’éviter la casse. Mais aujourd’hui, l’heure est plutôt au serrage de vis.

Trends.be, avec Lexpansion.com

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content