Chine: la croissance est là, mais le pouvoir veut sévir contre la dette

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L’économie chinoise est restée vigoureuse au deuxième trimestre avec une croissance de 6,9%, un rythme qui pourrait toutefois ralentir du fait de la volonté affichée des autorités de lutter contre l’énorme endettement du géant asiatique.

Le bon résultat sur le front du produit intérieur brut (PIB) s’est accompagné lundi de chiffres encourageants pour la production industrielle, les ventes de détail et l’investissement, reflétant à la fois la solidité de la demande intérieure comme extérieure.

Mais certains experts doutent que cette vigueur soit durable: “Le récent serrage de vis contre les risques financiers a entraîné un ralentissement de la hausse du crédit, ce qui va peser sur l’économie au deuxième semestre”, avertit Julian Evans-Pritchard, du cabinet Capital Economics.

Dans le collimateur du pouvoir: une dette privée et publique qui atteint désormais 250% du PIB et suscite à la fois l’inquiétude des agences de notation financière et des institutions internationales. Pékin a largement ouvert les vannes du crédit ces dernières années pour soutenir l’économie, générant une bulle spéculative, particulièrement dans l’immobilier.

Fitch Ratings a prévenu vendredi que la dette croissante de la Chine pourrait provoquer un “choc économique et financier” mais a maintenu malgré tout sa note A+ avec une perspective stable.

En mai, sa consoeur Moody’s avait en revanche infligé à Pékin le premier abaissement de sa note depuis 28 ans, disant s’inquiéter des risques d’augmentation de la dette de la deuxième économie mondiale.

Le Fonds monétaire international (FMI) avait pour sa part reproché en avril à Pékin de privilégier la croissance à court terme au détriment de l’assainissement de son système financier.

Le régime chinois pourrait hésiter à peser sur la croissance à l’approche d’une importante échéance politique: le Parti communiste chinois (PCC) au pouvoir tient à l’automne sont XIXe congrès au cours duquel le président Xi Jinping devrait obtenir un nouveau mandat de cinq ans à la tête du pays.

Tentant de rassurer, ce dernier a promis samedi de lutter contre les risques systémiques, dans un discours prononcé devant une conférence nationale sur la finance qui se réunit tous les cinq ans.

‘Facteurs d’instabilité’

Parmi les annonces rapportées par la presse officielle, le régime va mettre en place un “Comité de stabilité financière”, directement placé sous les ordres du gouvernement, afin de coordonner l’action des différents organes de supervision. Le rôle de la banque centrale doit également être renforcé.

Dans le viseur: la dette des entreprises publiques et des autorités locales, qui tendent à renflouer à fonds perdus des usines déficitaires.

“De façon générale, l’économie nationale a maintenu un rythme régulier et stable au premier semestre, établissant un socle ferme pour atteindre l’objectif annuel” de croissance, a tenté de rassurer le porte-parole du Bureau national des statistiques, Xing Zhihong, en annonçant les chiffres du PIB.

Il s’est cependant inquiété des “nombreux facteurs d’instabilité et d’incertitude à l’étranger” ainsi que des “contradictions structurelles à long terme” qui affectent l’économie chinoise.

La hausse du PIB trimestriel est légèrement supérieure aux attentes des analystes interrogés par l’AFP, qui tablaient sur +6,8%. Elle est également supérieure à l’objectif fixé par le gouvernement pour l’ensemble de 2017, “aux alentours” de 6,5%.

La Chine a connu en 2016 une croissance de 6,7%, sa plus faible performance depuis 26 ans.

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