Cette petite phrase sur la Hongrie qui fait rechuter l’euro

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Une simple petite phrase du vice-président du Fidesz, le parti au pouvoir en Hongrie, comparant le pays à la Grèce, a fait plonger l’euro et ravivé les inquiétudes quant à la monnaie unique. La réaction des autorités financières européennes et mondiales n’a pas traîné : “La Hongrie n’est pas la Grèce !”, ont entonné en choeur Juncker, Rehn et Strauss-Kahn.

L’euro a chuté lundi sous 1,19 dollar pour la première fois depuis plus de quatre ans, en raison de nouvelles inquiétudes pour la situation financière de l’Europe causées par des déclarations alarmistes en Hongrie. Vers 2 h 30 GMT à Tokyo, la monnaie unique européenne a sombré à 1,1888 dollar, son plus faible niveau depuis mars 2006. Elle cotait encore 1,1972 dollar vendredi. Face à la devise japonaise, l’euro a chuté à son plus bas niveau depuis plus de huit ans, cotant 108,35 yens vers 2 h 30, contre 110,01 yens vendredi à 23 h.

Des responsables du parti au pouvoir à Budapest ont alerté sur la situation économique du pays, déjà sous perfusion de 20 milliards d’euros mis à disposition par le Fonds monétaire international, l’Union européenne et la Banque centrale européenne depuis l’automne 2008. Ces déclarations ont renouvelé les inquiétudes des investisseurs pour la monnaie unique européenne, dont la valeur a déjà diminué ces dernières semaines à la suite des problèmes budgétaires de la Grèce.

Pour Juncker, l’euro n’est pas affaibli et la situation hongroise n’est pas inquiétante

Jean-Claude Juncker, Premier ministre luxembourgeois et président de l’Eurogroupe, a affirmé dimanche que l’euro n’était pas affaibli malgré sa chute rapide par rapport au dollar, se montrant également rassurant sur la situation de la Hongrie.

Interrogé sur la baisse de l’euro sur la chaîne francophone TV5Monde, Jean-Claude Juncker a expliqué que, bien que “la monnaie apparaisse très affaiblie aux yeux des marchés”, en réalité “elle ne l’est pas car nos données fondamentales sont meilleures que celles du Japon et des Etats-Unis”. Sur la crise financière grecque et le rôle des spéculateurs, le président de l’Eurogroupe a estimé que “la crise grecque n’est pas due à la seule spéculation mais à une maîtrise strictement insuffisante des comptes publics”.

Il n’est, en outre, “pas inquiet” face à la situation économique hongroise, notant toutefois qu'”il y a eu des propos imprudents de certains dirigeants hongrois”. Lajos Kosa, vice-président du parti Fidesz, a notamment affirmé que “la Hongrie était dans une situation comparable à celle de la Grèce”, ce qui a fait chuter les marchés et l’euro vendredi. “L’incident hongrois prouve la nervosité, la volatilité des marchés, a souligné le Premier ministre luxembourgeois. Il faut être très prudent dans le choix des mots.”

Les ministres des Finances de la zone euro doivent finaliser lundi la création du mécanisme de soutien prévu pour venir en aide aux pays qui seraient, comme la Grèce, en difficulté. Jean-Claude Juncker s’est dit favorable à la création d’une agence de notation européenne et s’est prononcé pour un gouvernement économique de la zone euro.

Hongrie : évoquer un défaut de paiement est “largement exagéré !” (Rehn)

Olli Rehn, commissaire européen aux Affaires économiques, a estimé qu’évoquer un défaut de paiement de la Hongrie était “largement exagéré”, repoussant toute comparaison avec la Grèce, samedi à l’issue d’une réunion du G20 à Busan (Corée du Sud) : “Les récentes comparaisons entre la Hongrie et la Grèce sont trompeuses. La Hongrie a fait d’importants progrès dans le contrôle de ses finances publiques au cours des dernières années.” Et d’ajouter que son déficit public avait été réduit de 5 % du produit intérieur brut entre 2006 et 2009.

Dominique Strauss-Kahn, patron du Fonds monétaire international (FMI), s’est dit quant à lui “surpris” par les déclarations sur la Hongrie mais s’est refusé à tout autre commentaire.

La devise nationale hongroise, le forint, la Bourse de Budapest ainsi que les couvertures de défaillance de la Hongrie (CDS, credit default swap) ont toutes chuté en fin de semaine après des déclarations alarmistes quant à la situation économique du pays d’hommes forts du parti au pouvoir, le Fidesz, qui a formé le nouveau gouvernement de centre-droit voici une semaine.

La Hongrie, afin d’éviter une faillite de l’Etat, est depuis l’automne 2008 sous perfusion de 20 milliards d’euros mis à disposition par le FMI, l’Union européenne et la Banque centrale européenne.

Trends.be, avec Belga

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