Ces pistes de sortie de crise qui font espérer les marchés

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Déblocage des prêts à la Grèce, renforcement du FESF, recapitalisation des banques… L’Expansion.com rappelle les options aujourd’hui sur la table qui nourrissent les espoirs des investisseurs.

Après avoir beaucoup déprimé, les marchés sont désormais à l’affût de la moindre bonne nouvelle. Cela provoque des accès d’optimisme, certes fragiles, mais qui parviennent à doper ponctuellement les bourses. Les marchés européens ont ainsi ouvert en forte hausse ce mardi, le Cac 40 progressant par exemple de plus de 3%. Tour d’horizon des questions qui alimentent les espoirs des investisseurs.

La Grèce va-t-elle obtenir son prêt de 8 milliards ? C’est l’étape numéro un pour que le “malade grec” continue à respirer. Athènes possède des ressources pour tenir encore quelques semaines. Après, c’est le défaut de paiement. Ses créanciers (FMI, UE, BCE) doivent lui verser la 6ème tranche de leur premier plan d’aide à la mi-octobre, mais rien n’est encore gagné. La “Troïka” veut des garanties d’austérité car la Grèce est très en retard dans son programme de réduction du déficit budgétaire, dans ses réformes structurelles et en matière de privatisations. Le pays s’est en effet engagé à vendre quelque 50 milliards d’euros d’actifs d’ici à 2015, dont 5 milliards d’ici la fin de l’année. Or les privatisations n’ont rapporté que 400 millions d’euros. Athènes tente donc de mettre les bouchées doubles. Elle annoncera dans la semaine des mesures sur l’extension de la licence d’exploitation de l’aéroport international d’Athènes, une concession sur la société de jeux OPAP, actuellement en monopole public, et des licences pour des loteries vidéo. Par ailleurs, après l’annonce de nouvelles mesures d’austérité draconiennes la semaine dernière, le gouvernement envisage de prendre de l’avance sur son programme de rigueur. Selon son porte-parole Ilias Mossialos, “il n’est pas exclu que des mesures additionnelles prévues pour 2013 et 2014 soient prises plus tôt”. La Troïka est attendue cette semaine pour réaliser un audit fiscal et déterminer si le pays a les moyens de tenir ses promesses.

Le second plan d’aide bientôt voté? La lenteur des pays européens à mettre en oeuvre le second plan d’aide à la Grèce adopté le 21 juillet est une des causes des inquiétudes des marchés. Il semble aujourd’hui enfin la priorité des leaders du Vieux continent. Le plan prévoit un nouveau prêt de 159 milliards d’euros à Athènes et le renforcement des compétences du Fonds européen de stabilité financière (FESF), désormais doté d’une enveloppe de 440 milliards d’euros et autorisé à racheter des obligations aux pays en difficulté sur le marché secondaire. Il a pour l’instant été validé par cinq pays dont la France. Le principal contributeur, l’Allemagne, devrait voter le plan sans accroc ce jeudi. Et l’ensemble des 17 économies de l’euro-zone doivent l’avoir ratifié d’ici au 14 octobre, selon la promesse des ministres des finances européens dans un texte commun publié samedi.

Le FESF peut-il être encore renforcé? Alors que ce FESF renforcé n’est pas encore en validé, Bruxelles envisage déjà de lui donner plus de moyens. Le coup de pouce de juillet lui permettrait en effet de faire face à un éventuel défaut de paiement de l’Espagne. Mais il serait insuffisant en cas de défaillance de l’Italie… ou s’il fallait aider des pays à recapitaliser leurs banques. Seul un doublement de sa capacité d’intervention, voire un quadruplement à 2000 milliards d’euros, comme l’envisagerait un projet du FMI dévoilé par la BBC serait susceptible d’inspirer confiance aux marchés. Mais une fois le bon calibrage déterminé, il resterait encore à trouver comment lui donner plus d’envergure sans solliciter davantage les Etats. Car l’Allemagne a clairement indiqué lundi par la voix de son ministre des finances Wolfgang Schauble, qu’elle n’avait “pas l’intention de renflouer le fonds”.

Cela n’empêche apparemment pas Bruxelles de réfléchir à d’autres façons d’augmenter la capacité d’intervention du FESF. “Nous réfléchissons à la possibilité de le doter d’un effet de levier plus important pour lui conférer plus de force”, a ainsi déclaré lundi la commissaire aux Affaires économiques, Olli Rehn, dans un entretien au quotidien allemand Die Welt. Il pourrait s’agir de permettre au FESF d’apporter sa garantie partielle à des prêts accordés par le secteur privé à des Etats en difficulté, ce qui aurait pour conséquence de faire baisser les taux d’intérêt.

Une autre solution à l’étude consisterait à accorder au FESF une licence de banque traditionnelle, car celles-ci prêtent environ 10 fois le montant de leurs fonds propres. Sans prétendre atteindre un tel effet de levier, Ie fonds pourrait ainsi étendre ses possibilités de prêts aux pays en difficulté en se refinançant auprès de la Banque centrale européenne, celle-ci lui apportant de l’argent frais en échange d’obligations de ces pays fragiles apportées en collatéral. Le problème étant que cela fragiliserait du même coup le bilan de la BCE… qui devrait solliciter à son tour les Etats. Les discussions sont donc encore en cours, a reconnu la Commission. L’objectif serait de parvenir à un accord d’ici au G20 de Cannes, les 3 et 4 novembre.

Va-t-on tirer un trait sur 50% de la dette grecque? C’est le tabou ultime de la crise grecque. L’idée d’effacer 50% de la dette du pays fait pourtant son chemin, au point d’être désormais envisagée par le FMI, croit savoir la BBC. La presse grecque a même affirmé que le ministre des finances Evangelos Venizelos l’aurait proposé aux députés vendredi. Mais l’intéressé a immédiatement démenti. Un défaut de 50% correspond à peu près à la décote nécessaire pour vendre de la dette grecque sur le marché secondaire. A comparer avec les 21% acceptés par les bailleurs de fonds privés au mois de juillet.

Ce scénario est toutefois encore rejeté par beaucoup d’Etats et d’économistes. Patrick Artus, directeur de recherche chez Natixis, estime ainsi que ce serait la bonne solution si la Grèce était un cas isolé… Ce qu’elle n’est pas. “En l’absence de mécanisme de résolution de crise organisé, les investisseurs craignent que le traitement de la Grèce serve de précédent pour tous les pays en situation difficile. Ainsi, un défaut massif de la Grèce, avec sortie ou non de la zone euro, conduirait à une aggravation rapide de la crise dans d’autres pays fragiles, et ce jusqu’à l’Italie, ébranlant l’euro dans ses fondations, avec un risque d’explosion de la zone”, affirme-t-il dans une tribune publiée lundi dans le journal Le Monde. Des banques européennes seront-elles recapitalisées? Si une telle restructuration de la dette grecque devait être mise en place, le FMI prône une recapitalisation des banques, éventuellement par le biais du FESF. Car les conséquences seraient terribles d’une part pour le secteur bancaire grec, exposé à hauteur de 25 milliards d’euros (soit environ un quart de la dette du pays). Mais également pour les banques européennes exposées à la dette du pays. Le FMI propose cette recapitalisation car elles “ont aujourd’hui un capital trop faible pour absorber ces pertes”. En France, le journal du dimanche a affirmé ce week-end que le gouvernement avait proposé à BNP Paribas, Société générale, Crédit agricole, BPCE et Crédit mutuel de les renflouer à hauteur de 10 à 15 milliards. Mais s’il y a bien eu rencontre au sommet, l’exécutif comme les établissements bancaires continuent de nier farouchement tout projet et tout besoin en la matière.

Lexpansion.com

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