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Céline Fremault, la nouvelle ‘Madame Non’

Têtue. Obstinée. Elle se défend bec et ongles. Une tante revêche avec des principes aux antipodes d’une solution. L’aéroport de Zaventem a un client difficile en la personne de Céline Fremault, la ministre cdH de l’Environnement à la Région bruxelloise.

Des besoins désespérés conduisent à des actes désespérés. “Il s’agit de la survie de son parti. Les routes aériennes en sont le levier. Céline Fremault ne se soucie que de ses électeurs”, soupire Walter Vandenbossche (CD&V), membre du parlement bruxellois depuis un quart de siècle. “Un compromis, elle n’en veut pas. On devra lui attribuer une victoire à la Pyrrhus. On ne plaît jamais à l’électeur avec des compromis.”

Au cdH, le trauma des élections de 2014 est encore frais dans les mémoires. Le parti avait alors perdu 3 pourcents (-3,07%) des voix et deux sièges au parlement régional. Le fautif était Melchior Wathelet. Le secrétaire d’État fédéral à la Mobilité avait magouillé avec les routes aériennes. Woluwe-Saint-Lambert et Woluwe-Saint-Pierre, remparts traditionnels du cdH, ont soudainement dû accepter plus de vols. Wathelet a disparu de la politique.

Céline Fremault désire éviter ce scénario. En 2013, elle est devenue ministre bruxelloise de l’Économie, en succédant à son collègue de parti Benoît Cerexhe. Ce dernier est maintenant bourgmestre de Woluwe-Saint-Pierre. Par la plus grande ironie, Fremault plaidait alors pour une diminution du chômage des jeunes, une carotte que le gestionnaire de l’aéroport Brussels Airport Company agite aussi.

Milieu bourgeois

Dans sa propre commune, Céline Fremault n’a pas (ou peu) de nuisances dues au bruit des avions. Elle est née et a grandi à Uccle, dans un milieu bourgeois de la déjà riche commune bruxelloise. Elle a fréquenté l’école Notre-Dame des Champs. “Pas vraiment une école élitiste bruxelloise. Mais certainement une école typique pour le bourgeois nanti”, explique Leo Camerlynck, historien et spécialiste de l’histoire locale d’Uccle. “Vous avez l’école Notre-Dame pour les filles, et le Collège St-Pierre pour les garçons un peu plus loin. Beaucoup de ces élèves se sont mariés entre eux.” Son père, Guy Fremault, était un Flamand de Lier. Céline a aussi étudié une année en néerlandais au Regina Caelyliceum de Dilbeek. Ses quatre enfants vont dans une école flamande à Bruxelles.

À l’Université Catholique de Louvain, Céline Fremault a obtenu un diplôme en droit. Elle y donne aujourd’hui des cours de droit public. “Une excellente juriste”, estime Walter Vandenbossche.

Céline Fremault n’est pas issue des cercles politiques. Son contexte personnel l’a orientée vers les sociaux-chrétiens. Au début des années nonante, elle a appris à connaître Joëlle Milquet. La femme politique bruxelloise était un peu devenue sa mentore. En 1995, Fremault a pu écrire les décisions du congrès des 50 ans du PSC. Lorsque Milquet a supprimé l’intitulé ‘social-chrétien’ du nom du parti en 2002, Fremault a suivi. Le parti s’appelle depuis lors centre démocrate Humaniste (cdH).

La Belgique de papa

L’amitié avec Milquet s’est révélée purement professionnelle. Au printemps 2016, l’ancienne ‘Madame Non’ était mise à l’écart. “Mais tuer la mère, ce n’est pas facile. Surtout à Bruxelles”, écrivait la Libre Belgique. Benoît Lutgen est devenu le président du parti, Fremault le numéro un à Bruxelles. “Le choix stratégique de Milquet pour les électeurs immigrés n’a pas aidé le parti”, estime Walter Vandenbossche. “Céline Fremault cible le bourgeois, avec un profil clairement de centre droit.”

Du fait de son éducation catholique et bourgeoise, elle n’a jamais oublié son électorat. Dans les années nonante, elle avait déjà un contact étroit avec Philippe Maystadt, et elle est devenue assistante parlementaire de Francis Delpérée. En 2014, elle se trouvait en deuxième position sur la liste pour la Chambre, après le spécialiste en droit constitutionnel. “Delpérée est un représentant tellement typique de la Belgique de papa“, estime Leo Camerlynck. “À Uccle, elle vu combien a coûté le départ d’un certain nombre de voix conservatrices catholiques. Stéphane de Lobkowicz, candidat pour le MR, était le principal faiseur de voix de la commune, avec 7.948 voix de préférence en 2000. Il n’est pourtant pas devenu bourgmestre. Il a conclu un mariage de raison avec le cdH, mais il a rompu avec ce parti en 2009”.

Lors des élections communales de 2012, le cdH est passé de 20 à 9%. Fremault a obtenu 1.006 voix (sur une population d’environ 81.000 habitants). Si elle veut augmenter son nombre de voix, elle devra rester ferme dans le dossier des normes de bruit.

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