“Cela m’énerve d’entendre Van Quickenborne parler de la ‘grande’ réforme des pensions !”

© Image Globe/Herwig Vergult

“Ce n’est pas une réforme.” Le ton de Michel Jadot, président de la Conférence nationale des pensions, se fait tranchant lorsqu’il parle des “grands” projets du ministre Van Quickenborne pour nos pensions. Ce ne sont pas les militants syndicaux qui le contrediront, en cette journée de grève générale…

Retrouvez un dossier complet consacré à l’avenir de nos pensions dans le magazine Trends-Tendances daté du 26 janvier 2012.

Le gouvernement Di Rupo s’est bien gardé d’apporter une réponse radicale à la question des pensions. Point de relèvement de l’âge légal de la retraite, par exemple : l’essentiel est plutôt d’encourager un départ plus tardif de la vie active, qui se situe à environ 60 ans.

Pas de bouleversement dans le mode de calcul, mais des retouches sur les “périodes assimilées”, comme les années de chômage, de prépension, d’interruption de carrière et de crédit temps, où la référence pour le calcul de la retraite devient moins avantageuse.

Une rectification sur le calcul des pensions de fonctionnaires, basée sur les 10 dernières années de carrière, et non plus les cinq dernières. Et une remise en cause des régimes spéciaux légaux (journalistes, marins, ouvriers mineurs) qui pourraient glisser vers un mécanisme de deuxième pilier.

Il reste à espérer que cette batterie de décisions sera suffisante. Le ministre Vincent Van Quickenborne estime que oui, bien que le montant des économies annoncées – 1,5 milliard d’euros sur trois ans – soit visiblement insuffisant. “Le calcul précis de l’impact devrait encore être fait, précise Philippe Ledent, économiste à la banque Degroof et chargé de cours à l’UCL. Mais la réforme ne paraît pas couvrir le surcoût. Car, si l’on prend les calculs du Comité d’étude sur le vieillissement, il intègre déjà une hausse de l’âge de sortie de la vie active.”

En d’autres termes, les 3 milliards supplémentaires à trouver pour 2016 tiennent déjà compte des mesures actuelles de recul de l’âge de la retraite anticipée et de la prépension.

“Ceci n’est pas une réforme”

Michel Jadot, président de la Conférence nationale des pensions, partage cet avis. “Ce n’est pas une réforme, dénonce-t-il. Cela m’énerve d’entendre Vincent Van Quickenborne parler de la grande réforme des pensions ! La hausse de deux ans de l’âge de la prépension et de la pension anticipée s’étalera dans le temps, tout comme ses effets budgétaires. Il faudra faire tous les calculs : si, au lieu de prendre la pension à 60 ans, le travailleur est au chômage pendant deux ans, vous ne faites que passer d’un budget public à l’autre. Ensuite, le mécanisme actuel manque d’incitants pour maintenir les gens au travail plus longtemps. Il ne suffit pas de changer l’âge pour que tout le monde reste actif plus longtemps !”

Michel Jadot marque sa préférence pour des mesures qui favorisent une sortie plus tardive de la vie active, actuellement située à 60 ans. Cet expert reconnu, qui revendique une approche de gauche (il est membre du bureau du PS), pense qu’une partie de la solution repose dans l’élagage des mécanismes d’exonération de cotisations sociales. “Je vais faire hurler tout le monde, mais on a inventé trop de dispositifs pour échapper aux cotisations sociales : les chèques repas d’abord, puis la déferlante avec les éco-chèques, les chèques cultures, les chèques sports et les avantages en nature comme le GSM, l’accès à l’Internet, la voiture de société… Cela représente 20 % de la masse salariale.”

Robert van Apeldoorn

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