Ce qu’il faut retenir du G20 de Los Cabos

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Bisbilles entre dirigeants européens, enterrement de la taxe sur les transactions financières, pressions sur la zone euro: il y a eu peu d’avancées lors de cette réunion des grands dirigeants de la planète. Le FMI, qui a vu sa capacité de prêt renforcée, est le grand gagnant.

Ambiance de forteresse assiégée pour la réunion du G20 en terre mexicaine. Sur les côtes de la basse Californie, des navires militaires montent la garde. Des soldats patrouillent dans les rues devant les hôtels où se trouvent les chefs d’État et de gouvernement. Au loin, les collines désertes, jalonnées de cactus se détachent à l’horizon. Dans les grands hôtels de la cité balnéaire, d’ordinaire prise d’assaut par les touristes américains, les délégations des grandes puissances multiplient les rencontres. L’ordre du jour est chargé. Passage en revue des avancées et des reculs.

La lutte contre les paradis fiscaux avance…

sur le papier: sur ce terrain, une petite avancée est à noter. 13 pays dit “non coopératifs” ont été montrés du doigt. De surcroît, le sujet de l’évasion fiscale des grandes multinationales, via des systèmes de transfert entre filiales de grands groupes installées dans des paradis fiscaux, a été inscrit à l’agenda des discussions. Une nouveauté.

La cagnotte du FMI mieux dotée: le fonds monétaire international a vu ses moyens nettement renforcés. Ils grimpent à 456 milliards d’euros. Une quarantaine de pays vont apporter leur contribution pour permettre à l’institution dirigée par Christine Lagarde d’endiguer la contagion de la crise de la zone euro. Optimiste? Le FMI est, en tout cas, le grand gagnant de cette édition du G20.

La taxe sur les transactions financières enterrée: elle ne devrait pas voir le jour de sitôt. Ce projet ne devrait même pas figurer dans la déclaration finale du G20. Une nette victoire des États-Unis et de la Chine, farouchement opposés à cette mesure. Reste une autre solution, plus limitée: mettre en place une “coopération renforcée” sur le sujet entre pays européens ou réfléchir à un “instrument commun” à plusieurs pays.

De la Grèce à l’Espagne, l’Europe au coeur des discussions: le sommet international avait, cette fois encore, les yeux rivés sur l’Europe. Il a été question de la situation en Grèce, bien sûr, mais la victoire dimanche soir d’une coalition favorable au maintien dans la zone euro a été accueillie avec soulagement par les gouvernants. En revanche, nombre d’entre eux se sont montrés préoccupés par la situation en Espagne, où les banques traversent une crise sans précédent.

La pression de Barack Obama sur l’Union européenne: lundi soir, une rencontre entre le chef d’État américain et ses homologues européens a été reportée. “Il était tard, notamment pour les Européens”, veut croire François Hollande pour expliquer cette décision. Les Américains semblaient plutôt attendre que les Européens clarifient leurs positions sur plusieurs dossiers chauds, comme l’Espagne.

La provocation anti-Hollande de David Cameron : le premier ministre britannique n’y est pas allé de main morte. Il s’est dit prêt à “dérouler le tapis rouge” pour les entreprises fuyant la future tranche d’imposition marginale de 75% promise par François Hollande pendant la campagne, lors d’une rencontre avec des dirigeants d’entreprise lundi 18 juin, en marge du G20.

L’épineuse affaire Florence Cassez: en marge du G20 mexicain, la délégation française s’est voulue discrète sur le cas Florence Cassez, rompant avec la ligne plus interventionniste adoptée par Nicolas Sarkozy. “Nous avons le plus grand respect pour la justice mexicaine”, martèle-t-on. Récemment, le chef de l’État s’est entretenu avec les parents de la jeune française incarcérée au Mexique.

Par Marcelo Wesfried, envoyé spécial de L’Express à Los Cabos

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