Budget : “un à deux milliards d’effort complémentaire dès mars”

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Gouverneur de la Banque nationale, Luc Coene évoque l’avenir économique du pays, après une année 2011 très chahutée sur le plan monétaire.

L’impact de la crise mondiale dans notre pays est désormais clairement chiffré. Dans ses prévisions semestrielles, la Banque nationale de Belgique (BNB), a fortement revu à la baisse, c’est un euphémisme, la croissance réelle (c’est-à-dire hors inflation) pour l’an prochain. En théorie, elle devrait se situer en dessous de 0,5 %, contre 2 % cette année.

La Belgique passe en mode ralentissement économique. Le scénario d’une récession semble même inéluctable ?
LUC COENE. Si l’on s’en tient à la définition selon laquelle il suffit de deux trimestres de croissance négative pour parler de récession, alors oui nous sommes entrés en récession. Après une première moitié d’année relativement bonne, le troisième trimestre s’est soldé par une croissance négative de 0,1 %. Selon nos prévisions, celle-ci devrait être également légèrement négative pour le quatrième trimestre 2011 et le premier trimestre 2012. Techniquement, on peut donc dire que nous sommes en légère récession.

Donc, c’est la chute… Après une première moitié d’année relativement bonne, c’est effectivement un coup d’arrêt et pas un ralentissement graduel. Un coup d’arrêt d’autant plus brutal que nos prévisions ne tiennent pas compte de l’impact du plan d’assainissement élaboré par le nouveau gouvernement.

La situation est-elle comparable à celle de l’automne 2008 ?
Pas vraiment. Si la vitesse du ralentissement est similaire, son ampleur n’est pas du tout la même. Contrairement à ce qui s’est passé dans les mois qui ont suivi la faillite de Lehman Brothers, le commerce mondial n’est pas en train de s’effondrer. Loin de là. On s’attend même à ce qu’il soit en croissance l’an prochain. C’est une grande différence avec ce que nous avons vécu voici trois ans.

De nouvelles coupes budgétaires paraissent malgré tout inévitables. Au total, vos prévisions font état d’une croissance pour 2012 de 0,5 % maximum alors que le gouvernement table pour sa part sur 0,8 %. A combien chiffrez-vous cet effort supplémentaire ?

Franchement, c’est difficile à dire avec précision. Il faut laisser retomber la poussière. Autrement dit, voir comment l’économie va évoluer et si nos prévisions se confirment. A ce moment-là, nous serons mieux à même d’estimer l’impact du ralentissement conjoncturel sur le budget 2012. Ce qui est sûr c’est qu’il faudra faire des efforts complémentaires, de l’ordre de un à deux milliards d’euros. Ce sera de toute façon plus que quelques centaines de millions d’euros. Et plus que probablement dès le prochain contrôle budgétaire du mois de mars.

Propos recueillis par Sébastien Buron, Trends-Tendances

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