Budget: le gouvernement rencontre les syndicats, avant le patronat cet après-midi

Charles Michel. © Belga

Le Premier ministre et les ministres de l’Emploi, des Pensions et de la Santé publique ont rencontré mercredi matin les représentants des trois grands syndicats pour aborder les mesures contenues dans le budget du gouvernement fédéral. Tous ont quitté la résidence du Premier peu avant 11h en évoquant leur volonté de relancer la concertation sociale au sein du Groupe des 10.

Après une présentation de l’ensemble des réformes par Charles Michel, “chacun a pu exposer son point de vue” et “il y a une volonté commune de travailler, de concertation sociale”, a commenté à sa sortie le ministre des Pensions, Daniel Bacquelaine.

“Notre jugement ne change pas” concernant les mesures prises, a souligné Marie-Hélène Ska (CSC), insistant sur l’importance d’un apport de clarté rapide sur l’évolution des salaires ainsi que sur la concertation sociale. “Nous n’avons jamais refusé de nous mettre autour de la table”, mais il faut qu’il y ait des marges de négociations, a-t-elle estimé. “Beaucoup de précisions restent à obtenir notamment au sujet de la flexibilité du travail.”

Le discours était sensiblement le même du côté de la FGTB. “Il est clair qu’on ne partage pas l’analyse du gouvernement”, a avancé Marc Goblet. “Car nous avons d’autres alternatives.”

CSC, FGTB et CGSLB décideront la semaine prochaine de l’opportunité de mener des actions.

Les thèmes pouvant faire l’objet de négociations au sein du Groupe des 10 ont été abordés.

Les ministres des Pensions, Daniel Bacquelaine, de l’Emploi, Kris Peeters, et de la Santé publique, Maggie De Block, ainsi que le président de la CSC, Marc Leemans, étaient arrivés vers 9h au Lambermont. Marc Goblet (FGTB) et Marie-Hélène Ska (CSC) étaient déjà présents à la résidence du Premier. Pour le syndicat libéral (CGSLB), c’est le président national, Mario Coppens, qui a été convié.

Syndicats et membres du gouvernement ont entamé une réunion vers 9h10 pour aborder les mesures contenues dans le budget du gouvernement fédéral.

Les autorités rencontreront le patronat dans l’après-midi.

“Une braderie à tous les étages”

Mardi, la CSC a rendu une analyse très négative de l’accord budgétaire du gouvernement Michel, le qualifiant de “braderie à tous les étages” et où il y a un “deux poids, deux mesures” entre les plus nantis et le reste de la population. Le syndicat chrétien, dont une réunion du bureau national a eu lieu mardi matin, attend de ce gouvernement qu’il mette en place une réelle équité fiscale. Il se prononcera la semaine prochaine sur les (ré)actions à apporter à ce texte.

La politique du gouvernement n’est ni honnête, ni équitable, ni crédible, ni efficace, analyse le bureau national de la CSC. Elle est “de droite” et “très à l’écoute des plus nantis”, juge le président de la CSC, Marc Leemans. Ce sont ces derniers qui déterminent les choix politiques, avance-t-il, qualifiant l’exécutif fédéral de “gouvernement de braderie” et affublant sa stratégie du même terme.

Cette braderie dénoncée touche les soins de santé et les allocataires sociaux via l’enveloppe bien-être, qui permet de relever les allocations sociales les plus basses et où 161 millions d’euros disparaîtront en 2017 et 83 millions de plus un an plus tard. “Une contradiction flagrante avec la déclaration gouvernementale qui prévoyait que les enveloppes 2015-2016, 2017-2018 et 2019-2020 soient affectées à 100%”, constate Marie-Hélène Ska, secrétaire générale du syndicat chrétien. “Même l’accord de gouvernement, dans son maigre volet social, est aujourd’hui déclassé”, souligne-t-elle.

La braderie concerne également le travail des jeunes avec une réduction du salaire minimum en dessous de 21 ans mais aussi les pensions de demandeurs d’emploi, des personnes en RCC et les travailleurs du secteur public. Le syndicat pointe particulièrement du doigt le régime de pension du personnel roulant de la SNCB et des militaires.

La CSC déplore les sanctions décidées par le gouvernement Michel à l’encontre des malades et des invalides qui ne collaboreraient pas de manière suffisante à un trajet de retour au travail. Elle estime dès lors que la ministre de la Santé Maggie De Block porte bien mal son titre.

Le syndicat n’est pas tendre non plus avec la volonté du gouvernement de limiter l’écartement des femmes enceintes, qui devrait permettre d’économiser 144 millions d’euros dès 2017, et de doubler la période d’attente (de 6 à 12 mois) pour pouvoir bénéficier d’une indemnité de maladie. “Va-t-on interdire à un jeune de tomber malade? ” s’interroge-t-il, rappelant l’exclusion des allocations d’insertion qui vient s’ajouter à cette période d’attente rallongée et à un salaire raboté. “Comment les jeunes pourraient-ils encore considérer positivement leur place dans la société? ”

Enfin, le bureau national de la CSC se montre très critique sur les réformes structurelles annoncées par le Premier ministre sur le travail faisable, l’annualisation du temps de travail et la flexibilité, ainsi que sur la révision de la loi de 1996 sur la modération salariale. “Toutes ces mesures sont très favorables aux employeurs alors que les perspectives de réelles hausses salariales pour les travailleurs sont extrêmement faibles”, glisse Marie-Hélène Ska.

La CSC attend dès lors qu’une fiscalité honnête et équitable soit mise en place. Tout citoyen doit contribuer équitablement mais le gouvernement ne travaille pas dans ce sens, juge-t-elle, en ne tenant pas compte de l’avis et des besoins de 80% de la population. “Il n’est pas normal que l’argent gagné à la sueur de son front soit plus taxé que celui engrangé via les plus-values par exemple”, illustre Marc Leemans.

“La braderie se poursuit pour ce qui concerne l’emploi, les conditions de travail, les pensions et les possibilités de combiner une vie professionnelle et une vie en dehors du travail”, résument dès lors le président et la secrétaire générale.

C’est en revanche toujours la fête pour les hauts revenus et les détenteurs de revenus du capital, disent-ils. Les employeurs bénéficient d'”une politique de cadeaux sans contrepartie demandée” alors que le reste de la société paie lourdement la facture.

“La concertation sociale est un vrai échec de ce gouvernement, qui l’empêche dans les faits. Si celle-ci ne peut aboutir à un résultat autonome, alors nous avons un sérieux problème”, dénonce Marie-Hélène Ska, évoquant le fait que l’exécutif fédéral menace toujours d’aller en force si la concertation ne va pas dans le sens attendu.

Dans ce contexte, les responsables de la CSC ne se montrent pas optimistes quant à la négociation prochaine de l’accord interprofessionnel entre les partenaires sociaux. “Avant de penser à le négocier, il faut voir s’il existe un espace de négociation. Nous ne nous mettrons pas autour de la table si nous nous apercevons qu’il n’y a rien à négocier”, prévient sa secrétaire générale.

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