Budget européen: Dispute au Parlement européen avant la confrontation au sommet

José Manuel Barroso © AFP

Les eurodéputés ont tenu mercredi un dernier débat sur le budget communautaire 2014-2020, à la veille d’une confrontation attendue au sommet autour de coupes très importantes dans les dépenses de l’Union. Si une large majorité veut limiter la casse, un petit groupe d’élus, notamment dans les rangs britanniques, a dénoncé les euro-gaspillages.

En ouverture de la discussion, le président de la Commission, José Manuel Barroso, a livré un plaidoyer passionné pour son budget, qui permet à l’Europe de réaliser “une économie réelle” grâce à “la mise en commun de la dépense”.

“Chaque milliard retiré au programme Horizon 2020, ça veut dire 4.000 PME privées de financement pour des innovations créatrices de croissance et d’emplois. Ça veut dire 600 chercheurs d’excellence et leurs équipes qui ne peuvent plus poursuivre leurs travaux dont dépend notre prospérité future”, a-t-il affirmé, avant d’énumérer une série d’autres postes importants.

“Et quelques millièmes de pour cent en moins pour le fonds européen de développement et l’aide humanitaire c’est tout simplement, pour les plus vulnérables de ce monde, une question de vie ou de mort”, a-t-il affirmé.

Au diapason, les chefs des principaux groupes politiques se sont indignés des coupes budgétaires, en menaçant les Etats membres de ne pas approuver leur compromis. Au nom des libéraux, Guy Verhofstadt a insisté sur la taille “ridicule” du budget communautaire. A 140 milliards d’euros, il est 50 fois plus petit que le budget total de tous les gouvernements, évalué à 6.300 milliards, a-t-il souligné. Il a également comparé le budget européen, à 1% du PIB, à celui de la Confédération helvétique, qui pèse 12%. Le budget de l’UE est plus petit que celui de la Belgique ou de l’Autriche, a-t-il encore insisté.

Mais cette vision a été critiquée par plusieurs franges minoritaires de l’assemblée, en particulier par le leader des conservateurs britanniques, Martin Callanan.

“M. Barroso assure que le budget européen est un catalyseur pour la croissance. Il a raison, mais seulement du point de vue d’un cochon ou d’une vache”, a-t-il ironisé, en référence à l’importance des dépenses agricoles, cible de longue date du Royaume-Uni. Et de lister les dépenses relevant selon lui du gaspillage, comme les pensions “impayables” des fonctionnaires, le nouvel immeuble de la BCE, le déménagement mensuel à Strasbourg et les nombreuses agences.

Bien qu’il soit issu lui-même d’une région bénéficiaire des fonds de cohésion, M. Callanan a regretté que ceux-ci ne soient pas dirigés exclusivement vers les régions les plus pauvres de l’Union. Selon lui, 40% des aides régionales seront dirigées vers des régions dont le PIB est supérieur à 90% de la moyenne.

Le trublion europhobe Nigel Farage en a rajouté une couche, dénonçant une série de dépenses jugées absurdes, dont la presse eurosceptique anglaise aime à se faire le relais. L’Europe finance des “absurdités culturelles”, telles que la troupe de théâtre pour enfants “Flying Gorillas” (“les gorilles volants”), a-t-il dit, sans se priver d’affirmer que leur titre pourrait bien s’appliquer au Parlement européen.

A l’issue d’un débat émaillé d’escarmouches, Guy Verhofstadt s’en est pris personnellement à l’eurosceptique, en l’accusant d’effectuer un travail parlementaire médiocre. “M. Farage a parlé toute la matinée de gaspillages (…), mais les plus grand gaspillage aujourd’hui c’est le salaire que nous lui payons”, a-t-il lancé. “Vous êtes un membre de la commission de la pêche et vous n’y êtes jamais. En 2011, jamais là! En 2012, jamais là! Vous venez ici et vous vous offrez un salaire sans jamais rien faire”, a accusé l’ancien Premier ministre belge. “Vous pouvez rire, mais j’espère que ceci sera diffusé par la BBC ce soir, pour un fois”, a-t-il renchéri.

Trends.be avec Belga

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