Budget 2012 : pas encore voté, déjà erroné !

© Image Globe/Nicolas Maeterlinck

Le Parlement votera le budget 2012 début février. Un budget dont on sait pertinemment que la perspective de croissance sur laquelle il est basé est d’ores et déjà surévaluée. Pourquoi ? Eléments de réponse.

Le budget 2012 sera voté début février en séance plénière du Parlement sur la base d’une croissance économique de 0,8 % et avec un déficit de 2,8 % du PIB, a rappelé Olivier Chastel, ministre du Budget, dans un communiqué.

Pourquoi on va voter un budget 2012 officiellement incorrect…

Raison n° 1 : le régime des douzièmes provisoires. “Etant donné que nous sommes toujours sous le régime des douzièmes provisoires, il est important que ce budget soit voté”, a indiqué le ministre dans un communiqué, pour justifier l’importance du vote en dépit des chiffres de croissance déjà obsolètes sur lesquels le budget actuel se base.

Raison n° 2 : le programme de stabilité. Un contrôle budgétaire sera ensuite organisé sur base de chiffres du Bureau du plan attendus le 10 février. Un suivi devra permettre de maintenir le résultat de 2,8 %, inscrit dans le programme de stabilité adressé par la Belgique à l’Europe.

Le contrôle budgétaire de février sera organisé autour de trois axes, précise encore le ministre : le suivi du budget 2011, dont le déficit est plus élevé que prévu, les nouveaux indicateurs économiques préparés par le Bureau du plan et le suivi du comité de monitoring afin de garantir le déficit de 2,8 %.

… Alors que de nombreux spécialistes dénoncent une croissance quasi-nulle… voire négative

“L’hypothèse de 0,8% de croissance devra être revue à la baisse mais il est encore trop tôt pour s’exprimer sur le montant à trouver lors du prochain contrôle”, a souligné Luc Chastel. Une hypothèse déjà largement réévaluée par rapport à la précédente (1,6 %), mais qui s’avère encore trop optimiste pour de nombreux analystes. Difficile, dès lors, d’affirmer que le gouvernement n’a pas la moindre petite idée sur la croissance du pays en 2012…

Voici quelques jours à peine, la Cour des comptes citait ainsi une prévision de croissance de 0,5 % maximum. Les banques interrogées récemment par la BNB tablaient, quant à elles, sur une croissance de 0,1 % seulement cette année (contre 1,5 % selon leurs estimations de septembre dernier). Olivier Chastel parle du programme de stabilité adressé à l’Europe, mais la Commission européenne elle-même conteste fermement le taux de croissance de 0,8 % brandi par la Belgique.

Pire encore : l’Institut de recherches économiques et sociales (Ires) estimait voici une semaine, dans un communiqué sur ses perspectives économiques 2012, que la croissance du PIB belge pour l’année en cours devrait s’établir à – 0,3 %. En octobre dernier, il tablait encore sur une croissance de 1,5 % pour 2012.

Maingain dénonce un budget qui “manque d’honnêteté politique et intellectuelle”

Cela explique le coup de sang d’Olivier Maingain. Lundi dernier, le président du parti FDF, a reproché au gouvernement de présenter un budget qui “manque d’honnêteté politique et intellectuelle”, car il l’a construit sur des bases qu’il savait erronées au moment de le déposer au Parlement.

Pour lui, il n’est pas étonnant dès lors, n’en déplaise au ministre socialiste Paul Magnette, que la Commission européenne, en gardienne des traités, le remette en question. Olivier Maingain a demandé à l’équipe Di Rupo soit d’adapter dans les jours qui viennent le budget qui doit être débattu au Parlement, soit de différer son examen jusqu’en février, pour faire l’économie du débat sur une épure dont on sait qu’elle n’est qu’illusion.

V.D.

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