Bruno Tobback: “La Belgique est un chouette pays pour les riches”

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“Les employeurs et les entrepreneurs paient beaucoup. Ceux qui ont réussi peu. Je veux inverser cette tendance par une réforme fiscale”. C’est l’objectif du président du sp.a Bruno Tobback.

Comme lors de sa campagne en 1995, le sp.a s’érige en parti qui garantit le paiement des retraites et des allocations.

Selon son président, Bruno Tobback, une hausse des dépenses sociales dans les années à venir est inévitable. “D’ici 2019, s’ajouteront environ 170.000 personnes âgées de plus de 65 ans. Ces gens recevront une pension. Ce sont simplement les faits. On ne peut donc pas économiser là-dessus. À moins de dire ouvertement que tout le monde doit travailler 45 ans et que certains devront donc rester actifs jusqu’à 67 ans au moins. Dans ce cas, les partis en faveur de ce message doivent faire cette communication avant les élections et pas après. Sur base des droits de pension accumulés par de nombreux Belges, les dépenses liées aux pensions augmenteront de 9,6 milliards d’euros les prochaines années. Point”.

La N-VA souhaite également augmenter les dépenses liées aux pensions.

Tobback: Ce parti ne prévoit que 7 milliards d’euros supplémentaires pour les pensions. L’Open VLD et le CD&V mentionnent 5,5 milliards d’euros. Mais pour nous il faut prévoir près de 10 milliards desquels on peut déduire 400 millions d’euros en imaginant des carrières de 42 ans. C’est une économie, car actuellement la carrière moyenne dure quarante ans. Nous aussi, nous voulons éviter les dépenses. D’ailleurs, le sp.a économise encore 2,8 milliards d’euros sur les soins de santé, grâce à des gains d’efficacité.

Pour vous, quand doit-on atteindre un équilibre budgétaire ? En 2016, comme le souhaite le CD&V, ou seulement en 2018, comme le propose la N-VA ?

Tobback: C’est l’un des rares points où je suis d’accord avec la N-VA. La Belgique est l’un des seuls pays à suivre le trajet budgétaire européen. Et nous l’avons fait sans folies comme la suppression de l’index. Je pense que la Commission européenne doit renoncer d’urgence à ses objectifs contraignants qui minent la croissance. Le gouvernement belge a fait ce qu’il a pu.

Votre parti plaide pour davantage d’impôts sur le capital, mais ceux-ci ne sont-ils pas déjà élevés dans notre pays. En matière d’impôt implicite sur le capital, la Belgique occupe la septième place en Europe avec en chiffre de 30 pour cent.

Tobback: C’est 5 pour cent de moins qu’au Royaume-Uni. Si la Belgique occupe la 20e place pour l’impôt sur les taux d’intérêt et la 29e pour les dividendes sur les 34 pays de l’OCDE, c’est lié à un taux d’imposition très bas.

Le classement est-il non pertinent?

Tobback: C’est le cas pour la position que nous occupons. Chaque système possède sa propre logique interne. Depuis des décennies nous imposons lourdement la population active en Belgique : autant la création d’emploi que les revenus générés par le travail. La Belgique est un chouette pays pour les riches et moins pour ceux qui le deviennent. Les employeurs et les entrepreneurs paient beaucoup. Ceux qui ont réussi peu. Je veux inverser cette tendance par une réforme fiscale.

Combien doivent rapporter ces impôts sur la fortune ?

Tobback: Un milliard d’euros grâce à la taxe sur les transactions, un milliard sur la révision du revenu imposable définitif et trois milliards grâce à la lutte contre la fraude. Dans l’ensemble ce sont des montants modestes.

Trois milliards via la lutte contre la fraude, n’est-ce pas une somme énorme?

Tobback: Dans cinq ans, ce sera un objectif modeste en sachant qu’en deux ans John Crombez a obtenu 2 milliards d’euros grâce à la lutte contre la fraude. N’oubliez pas que des études indiquent 30 milliards d’euros de fraude et d’évasion fiscale dans ce pays.

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