Brésil: les JO du désenchantement

Les Jeux Olympiques sont l'occasion de montrer au monde la bonne santé économique et l'ambition politique d'un pays. © REUTERS

Les 31ème Jeux Olympiques de l’ère au moderne s’ouvrent à Rio dans un climat politique, économique et moral compliqué. Les scandales de corruption politique ne viennent pas arranger la vie d’un pays empêtré dans une très forte récession économique depuis deux ans.

Brésil: les JO du désenchantement
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Pour un pays, accueillir les Jeux olympiques est l’occasion de montrer au monde sa maturité économique et son ambition politique. Les JO de Rio, qui se tiennent du 5 au 21 août, ne devaient pas faire exception. Attribués en 2009, ils étaient censés symboliser la réussite des émergents, hors la Chine qui avait réussi ses JO à Pékin en 2008. Sauf qu’entre-temps, la septième économie mondiale n’a cessé d’accumuler les revers. Le plus conséquent d’entre eux : le miracle brésilien s’est mué en une sévère récession, jamais vue depuis 1930.

Que s’est-il passé ? Durant sa décennie dorée (2004-2013), le pays a été tiré par le boom des matières premières (50 % de ses exportations), par le commerce avec la Chine (son premier partenaire) et par l’afflux des capitaux étrangers (à la recherche de placements). Côté politique, le Parti des travailleurs (PT) au pouvoir a utilisé les dividendes de cette situation pour faire sortir 30 millions de personnes de la pauvreté. En 2014, patatras ! Les prix des commodities ont fait la culbute, l’économie chinoise s’est essoufflée et le relèvement des taux d’intérêt américains a ramené les capitaux aux USA. Les dépenses publiques, elles, n’ont pas été adaptées à temps à ce nouveau train de vie.

Les dirigeants se sont aussi mordu les doigts d’avoir insuffisamment investi en haut de cycle dans les routes, ports ou aéroports, essentiels pour exporter efficacement les produits venus de l’intérieur des terres. Résultat : aujourd’hui, le Brésil se retrouve coincé, avec, en même temps, une récession, un dérapage budgétaire et une économie moyennement compétitive. Et à cela, se sont rajoutés un gigantesque scandale et une crise politique.

L’affaire Petrobras est venue rappeler combien la corruption est un fléau répandu. Pour rappel, des groupes de construction ont arrosé des politiciens de différents bords en échange de contrats avec l’entreprise pétrolière publique. Quant à la crise politique, elle divise le pays. Au pouvoir depuis 2011, l’ex-présidente Dilma Rousseff a été accusée d’avoir financé des dépenses via des emprunts auprès de banques d’Etat. Une technique que ses prédécesseurs ont aussi utilisée mais qui, dans son cas, a amené à sa destitution provisoire le 12 mai. En attendant une confirmation le 22 août, la dirigeante a été remplacée par son ancien allié, Michel Temer du PMDB (centre). A peine en place, le nouveau gouvernement – non élu – a aussitôt perdu trois ministres en un mois, tous rattrapés par les affaires… Dernière précision, l’Etat de Rio, de son côté, a dû demander une aide au gouvernement central en juin. Désargenté. Un comble.

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