Bourses : une reprise sur le fil du rasoir

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Après des “spéculations”, des “propos souvent sans grand fondement” et des “chasses aux bonnes affaires” qui ont fait plonger les Bourses ces derniers jours, le marché se réajuste. Mais la moindre mauvaise nouvelle pourrait à nouveau enflammer les esprits.

Les marchés financiers remontaient la pente mercredi à la mi-journée, rassurés par les propos de responsables politiques sur la zone euro et profitant d’une reprise technique, après la débâcle des derniers jours liée à des risques de contagion de la crise irlandaise. Mais les intervenants sur les marchés notaient que la situation dans son ensemble restait très fragile, à la merci de la moindre mauvaise nouvelle.

Un regain de confiance était notable mercredi sur les marchés boursiers et obligataires mais aussi sur l’euro, qui arrivait à se stabiliser autour de 1,30 dollar. Principales gagnantes, les valeurs bancaires avaient été les plus sanctionnées ces derniers jours par des craintes d’un effet domino de la crise irlandaise sur d’autres pays fragiles de la zone euro.

“On est allé trop loin ces derniers jours sur des spéculations, des propos souvent sans grand fondement ; le marché se réajuste maintenant”, analyse Patrick Jacq, stratégiste obligataire chez BNP Paribas.

Obligations : le retour au calme est significatif, les esprits s’apaisent sur l’Espagne

Sur le marché obligataire, où se traite la dette des Etats et indicateur de la confiance des investisseurs, le retour au calme était significatif. Les pays comme l’Italie, l’Espagne et le Portugal, les plus visés par une possible contagion de la crise irlandaise en raison de leurs importants déficits publics, enregistraient une baisse sur leurs taux longs (à 10 ans). En clair, les investisseurs ont réduit leur prime de risque pour prêter à ces pays.

Même tendance positive sur les Bourses, avec une mention particulière pour le marché de Madrid, qui s’est nettement repris avec une hausse dépassant les 3 % à la mi-journée. L’Espagne, du fait de son important poids dans l’économie européenne, a été la cible principale des craintes des investisseurs. Illustration de cette défiance, les taux des emprunts d’Etat espagnols avaient atteint des records. Mercredi en milieu de journée, ils se repliaient à 5,3 %, contre 5,5 % mardi.

Sur les autres Bourses européennes aussi, la tendance était à la hausse. Vers 13 h, Paris progressait de 1,13 %, Londres de 1,56 % et Francfort de 1,88 %.

En levant le tabou sur une possible restructuration des dettes d’Etat, le plan irlandais a effrayé les marchés

“Des chasses aux bonnes affaires sont elles aussi à l’origine de la remontée des indices boursiers, mais la nervosité reste très forte”, indique Yves Marçais, vendeur d’actions chez Global Equities.

Le regain sur les valeurs bancaires est à attribuer également, selon lui, à Jean-Claude Trichet, président de la Banque centrale européenne, qui s’est appliqué à rassurer les marchés mardi soir, notamment sur les mécanismes européens qui seront adoptés après 2013 quand l’actuel fonds européen de stabilité arrivera à échéance.

Les marchés ont pris peur en apprenant dimanche, lors de l’annonce du plan d’aide à l’Irlande, que les pays en difficultés financières pourraient éventuellement décider d’une restructuration de leur dette, c’est-à-dire d’étaler dans le temps leurs remboursements, voire de réduire ces derniers.

En levant ce tabou sur la restructuration, le plan a effrayé les marchés, hantés par le souvenir de pays s’étant mis en défaut de paiement, comme le Mexique et l’Argentine, indiquait-on dans les salles de marché. Censé les rassurer et surtout éviter un risque de contagion à d’autres pays de la zone euro, il a eu pendant trois séances l’effet quasi inverse.

Trends.be, avec Belga

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