Bourses, Europe, trafic aérien : la crise grecque sème la tempête

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La crise grecque et les menaces de contagion à d’autres économies ont fait – une nouvelle fois – plonger les places de marchés mercredi matin. Les premières fissures dans la solidarité européenne se sont par ailleurs fait jour, tandis que l’Allemagne réclame une réforme du Pacte de stabilité… et que plusieurs vols étaient annulés au sein des aéroports belges.

Les Bourses européennes plongeaient à nouveau dans le rouge mercredi après une ouverture prudente. Les places d’Athènes et de Madrid perdaient ainsi quelque 3 % mercredi matin, après un plongeon de plus de 5 % la veille. A Bruxelles, l’indice Bel 20 affichait parallèlement un repli de 1,4 %.

Hier mardi déjà, les Bourses européennes étaient chahutées face aux risques de contagion de la crise à d’autres pays de la zone euro et à la chute des principales places européennes. Plusieurs rumeurs faisaient état d’une baisse de la notation de l’Espagne et du Portugal. Le démenti opposé par José Luis Rodriguez Zapatero, Premier ministre espagnol – “Toute nouvelle spéculation sur la zone euro est sans fondement, irresponsable” – n’a apparemment pas apaisé les marchés.

L’euro continuait également de perdre de sa valeur mercredi, la monnaie unique valant 1,2949 dollar vers 10 h 30 après avoir touché un plancher à 1,2937 dollar, son cours le plus bas depuis avril 2009. L’euro avait déjà perdu 2,50 cents face au dollar hier mardi, la plus grosse perte journalière enregistrée depuis belle lurette. Notre monnaie unique a perdu 4 cents depuis le début de la semaine.

Aide à la Grèce : première fissure dans la cohésion européenne

Les marchés d’actions ne sont pas seuls à souffrir de la crise grecque : deux jours après le feu vert enfin décidé par la zone euro pour aider la Grèce, la belle solidarité affichée par les Européens commence déjà à se lézarder.

Robert Fico, Premier ministre slovaque, a ouvert le feu lundi en déclarant que son pays ne pouvait “octroyer à la Grèce aucun prêt avant de les voir faire leur devoir”, pour réduire leurs dépenses. “Toute décision concernant une aide doit être précédée d’une décision effective du Parlement grec de réduire les avantages sociaux que le pays est incapable de financer”, a-t-il souligné. Or, “personnellement, je ne pense pas que le Parlement grec sera en mesure d’approuver le plan d’austérité” prévu.

Le Premier ministre a en outre prévenu que le prêt slovaque à la Grèce, qui ne doit cependant s’élever qu’à quelque 800 millions d’euros – sur un ensemble de 110 milliards pour la zone euro et le FMI sur trois ans – ne serait éventuellement approuvé que par le prochain gouvernement qui émergera des élections parlementaires du 12 juin.

Un certain nombre de parlement nationaux doivent en effet encore ratifier le programme d’aide à la Grèce avant de pouvoir délier leurs bourses. La Commission européenne s’est cependant voulue rassurante mardi, expliquant que “les procédures nationales avaient plusieurs calendriers” mais que cela ne remettait pas en cause “la décision d’activer le mécanisme” : “Il y a déjà une décision politique de l’Eurogroupe”, prise par les ministres des Finances dimanche, “au nom de leurs gouvernements”, et “rien n’est remis en question”, a souligné un porte-parole.

Selon un expert européen, la procédure prévoit qu'”un Etat membre ne peut être forcé de débloquer” des fonds, lors du versement de chaque tranche trimestrielle de prêts, mais qu'”il ne peut non plus empêcher les autres de débourser” les leurs. Traduction : la Slovaquie pourrait décider de ne pas payer sans bloquer l’ensemble du mécanisme.

Les doutes de Bratislava sur la capacité d’Athènes à mener à bien sa cure promise d’austérité ne sont toutefois pas isolés. Joseph Pröll, ministre autrichien des Finances, a averti de son côté que l’Europe perdait patience avec la Grèce : “Lorsqu’on voit les mouvements de protestations en Grèce, notre patience, à moi et au reste de l’Europe, est quasiment à bout”, a-t-il affirmé mardi, en invitant le gouvernement grec à expliquer clairement à la population que les mesures d’austérité sont absolument nécessaires pour sortir le pays de la crise. Son gouvernement a cependant avalisé mardi l’aide à la Grèce, avant une ratification parlementaire attendue mercredi.

Les chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro, qui se réunissent en sommet vendredi soir à Bruxelles, devront faire le point sur les étapes de mise en place de leur plan, juste après une ratification par le Parlement allemand attendue vendredi. Un certain nombre d’autres pays devraient avoir bouclé leurs procédures à cette date.

La grève en Grèce et le nuage de cendres perturbent légèrement le trafic aérien belge

Côté belge, sept vols, au moins, ont été annulés dans nos aéroports, mercredi peu avant 10 h, a constaté l’agence Belga. La grève nationale observée en Grèce et l’éruption volcanique en Islande perturbent quelque peu le trafic aérien dans le royaume, puisque trois vols à destination et trois en provenance d’Athènes ont été annulés à Brussels Airport.

Du côté de l’aéroport de Brussels South Charleroi Airport, seul un vol à destination de Glasgow, prévu dans l’après-midi, a été annulé à la suite de la fermeture de l’espace aérien au-dessus de l’Ecosse et de l’Irlande du Nord en raison d’un nouveau nuage de cendres venu d’Islande, a indiqué David Gering, porte-parole de BSCA, à l’agence Belga. Aucun vol en provenance ou à destination de la Grèce n’était programmé, mercredi, dans l’aéroport carolo.

A Liege Airport, aucune annulation n’était signalée sur le site Internet de l’aéroport.

Pour tirer les leçons de la crise grecque, le Pacte de stabilité doit “être réformé de telle sorte qu’il ne puisse plus être violé” (Merkel)

La chancelière allemande a estimé mercredi, devant les députés du Bundestag, que la nécessité de changer le Pacte de stabilité qui lie les pays de la zone euro s’imposait, comme leçon de la crise grecque. “La tâche de mon gouvernement, et de tous les membres de cette assemblée aujourd’hui, est de s’assurer que l’on adhère au Pacte de stabilité, de le défendre et de continuer à le modifier, (tirant une) leçon de cette crise, a déclaré la chancelière conservatrice. Il doit être réformé de telle sorte qu’il ne puisse plus être violé.”

Angela Merkel s’est dite favorable au retrait du droit de vote au sein des instances européennes des pays qui ne respecteraient pas les critères d’orthodoxie budgétaire européens, “en dernière instance”. En outre, “une procédure de défaut de paiement organisé doit être élaborée” pour les Etats de la zone euro, a-t-elle ajouté, reprenant une idée évoquée par Wolfgang Schäuble, son ministre des Finances : “Je m’engage personnellement et avec force pour cela”, et ce, bien que le processus législatif de modification des traités s’annonce “long et laborieux”.

La chancelière s’est aussi défendue d’avoir freiné l’aide à la Grèce, expliquant que davantage de rapidité “aurait été contre-productif”. L’Allemagne doit verser cette année 8,4 milliards d’euros à la Grèce dans le cadre du programme d’aide auquel l’opinion publique est largement hostile. La loi doit être approuvée cette semaine par le Bundestag et le Bundesrat.

Trends.be, avec Belga

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