Belgique sans fumeur : bonne ou mauvaise nouvelle pour l’Etat ?

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Citigroup prédit qu’il n’y aura plus de fumeurs en Belgique d’ici 2051. Quels en seront les pertes et les bénéfices pour les pouvoirs publics ?

On n’attendait pas nécessairement une institution financière sur ce créneau-là, mais Citigroup a osé le coup d’éclat en jouant sur le très long terme. Dans une récente newsletter adressée à ses clients investisseurs, le n° 1 du secteur bancaire américain a décortiqué le marché du tabac et s’est lancé dans quelques prévisions plus ou moins audacieuses. Ainsi, selon Citigroup, le marché de la cigarette va progressivement se rétrécir dans les pays développés et devrait même complètement disparaître en Belgique comme aux Pays-Bas dans une quarantaine d’années.

Une Belgique sans tabac à l’horizon 2051 : bonne ou mauvaise nouvelle pour l’Etat ? Dans une matière aussi polémique que la cigarette, les adversaires et les partisans ne cessent d’aiguiser leurs armes, considérant que la clope a ses avantages et ses inconvénients financiers selon l’angle examiné.

Si les méfaits du tabac occasionnent de sérieuses dépenses en matière de soins de santé, la cigarette rapporte de plantureuses sommes d’argent dans les caisses des pouvoirs publics. En 2009, les recettes fiscales générées par les produits dérivés du tabac ont rapporté pas moins de 2.353 millions d’euros à l’Etat belge, se ventilant entre les revenus de la TVA (566 millions d’euros) et les accises sur le tabac (1.787 millions d’euros) selon les chiffres donnés par le SPF Finances.

Juteuses, ces rentrées ne représentent certes “que” 2 % des recettes fiscales totales de l’Etat, mais elles ont été multipliées par quatre en 30 ans à peine, transformant la cigarette en une belle aubaine pour les pouvoirs publics.

Le coût réel du tabagisme

Ou plutôt en une “demi-aubaine”. Car le revers de la médaille est évidemment beaucoup plus sombre en matière de santé publique, même s’il est difficile de chiffrer exactement le coût réel des effets néfastes du tabac sur la population belge.

Selon la dernière étude du Crioc menée sur ce secteur en 2010, “le coût du tabagisme en Belgique atteindrait 10 % des dépenses médicales totales, soit 1.442 millions d’euros” (ces chiffres se réfèrent à l’année 2002). En comparant naïvement les deux chiffres, on pourrait donc croire, a priori, que la cigarette rapporte davantage à l’Etat que ce qu’elle ne lui coûte.

Erreur, car ce deuxième montant ne prend pas en considération les paiements personnels du patient (qui ne sont pas à charge de l’assurance), ni les frais indirects des maladies liées au tabac, comme l’absentéisme ou encore les ravages du tabagisme passif, plus difficiles à chiffrer.

“Si l’on examine le tout, je dirais que les coûts directs et indirects du tabagisme sont en définitive supérieurs aux recettes fiscales de l’Etat en la matière”, conclut Marc Vandercammen, directeur général du Crioc. Bref, la prévision de Citigroup ne devrait donc pas bousculer tant que ça le budget de l’Etat.

Frédéric Brébant

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