Autoroutes : quand la France fait la leçon à la Belgique

© Image Globe/Julien Warnand

Décriées en raison de la pollution, les routes et autoroutes belges pourraient être pensées autrement. Des réalisations concrètes nous en donnent la preuve en Belgique, mais surtout outre-Quiévrain, où le Grenelle de l’environnement a clairement laissé sa marque.

En Belgique, les routes et autoroutes sont mal notées. D’abord parce qu’elles sont souvent encombrées par des bouchons. Ensuite parce qu’avec le réseau très dense que nous connaissons, une partie de la population subit les nuisances sonores, atmosphériques et visuelles de ces infrastructures. Enfin parce que ces aménagements provoquent souvent des conséquences négatives pour l’environnement. Ici et là pourtant, même si l’on ne les remarque pas toujours, des efforts sont consentis par les organes chargés de leur gestion afin d’en améliorer l’impact écologique.

A la DG01 et à la Sofico, on accorde ainsi depuis plusieurs années beaucoup d’importance à la réduction des nuisances sonores des voies de circulation. En 2007, on recensait ainsi près de 100.000 m2 de panneaux anti-bruit installés le long des routes et autoroutes de Wallonie. Le plus souvent, des panneaux en bois. La lutte contre le bruit s’est également attardée sur l’affinement des technologies de revêtement routier avec la pose de surfaces moins “sonores”. En Wallonie, toujours pour l’année de référence 2007, le réseau totalisait plus de trois millions de kilomètres carrés de revêtement présentant à l’usage un niveau sonore inférieur à celui du revêtement classique.

En hiver, à l’exception de la saison 2010-2011 au cours de laquelle les services de déneigement ont été soumis à rude épreuve, les opérations d’épandage ont réduit les quantités de sel projetées sur le sol au strict nécessaire. Une utilisation raisonnée qui a permis de réduire très sensiblement les quantités de chlorure de sodium et de chlorure de calcium déversées sur les routes. L’administration remplace d’ailleurs de plus en plus ces produits par un mélange de sel et de saumure. Et pour éviter que tout cela se retrouve dans la nature, les aménageurs wallons ont mis au point des bassins d’orage où va pouvoir se produire une décantation naturelle.

De manière plus globale, les différents intervenants peuvent encore se reporter au “Qualiroute”, le compendium des clauses techniques générales et des prescriptions relatives au secteur de la construction routière présenté par les ministres Furlan et Lutgen, respectivement en charge des pouvoirs locaux et des travaux publics. Appelé à entrer en vigueur en janvier prochain, ce recueil donne l’obligation formelle à l’entrepreneur qui a emporté le marché de respecter une série d’obligations, entre autres environnementales. Et si le prestataire avait la mauvaise idée de ne pas se conformer aux règles, mal lui en prendrait, car la Région serait alors théoriquement en droit d’exiger de la société de procéder au démontage de l’ouvrage.

L’exemple vient d’à côté

Parmi ces nouvelles exigences posées par la Région, et en limitant le champ aux applications environnementales, on trouve notamment la nécessité d’obtenir un permis d’urbanisme pour l’abattage d’arbres isolés en milieux ouverts ou l’application du décret “sols”… En matière environnementale, les prescriptions des autorités françaises sont plus puissantes. En examinant les chantiers des autoroutes françaises, on découvre en effet une préoccupation environnementale globale qui se matérialise à tous les niveaux : gestion des eaux, gestion de l’air, prise en compte du respect de la biodiversité, optimisation des tracés en fonction de considérations paysagères objectivées… Et lorsque des lacunes sont observées, des accords techniques ou stratégiques peuvent être pris pour remédier aux points de faiblesse constatés.

Vinci Autoroutes et ses filiales ASF, Cofiroute, Escota et Arcour se sont ainsi associés à Renault afin de déployer des infrastructures de recharge pour véhicules électriques. Rien à voir avec les maigrichonnes stations de recharge que l’on trouve en Belgique puisque l’accord passé entre Vinci et Renault permettra d’aménager des parkings de covoiturage sur lesquels au moins cinq places seront dédiées aux véhicules électriques. En outre, les partenaires procéderont à l’installation d’infrastructures de recharge rapide sur les axes du réseau les plus utilisés pour les déplacements de courte distance, en visant particulièrement les trajets domicile-lieu de travail. Et, pour montrer l’exemple, Vinci introduira des véhicules électriques dans sa propre flotte de véhicules d’exploitation.

Un autre grand volet de l’action des aménageurs d’autoroutes françaises concerne le respect d’une “Trame verte et bleue” (un outil majeur de développement du territoire). Une voie dans laquelle la société Vinci Autoroutes s’est clairement engagée en s’associant à six autres grands gestionnaires d’infrastructures. Ensemble, ils ont créé le “Club infrastructures linéaires et biodiversité” pour renforcer leur engagement en faveur de la biodiversité et pour constituer un groupe de référence vis-à-vis des partenaires extérieurs.

Depuis 2007, Vinci calcule les émissions directes générées par ses propres activités, en tenant compte du carburant consommé pour la surveillance et pour l’entretien du réseau, mais aussi de l’éclairage, du chauffage de ses bâtiments et même de la ventilation des tunnels. Cette comptabilité verte a amené la société à découvrir qu’elle a généré, pour l’année 2010, l’équivalent de 42.755 tonnes de CO2. Et cela lui a indiqué les pistes à suivre pour réduire cette quantité de dioxyde de carbone émis dans l’atmosphère. Vinci s’est engagé depuis lors à opter pour des procédés favorisant l’utilisation d’enrobés tièdes pour la construction de ses autoroutes, et à opter pour la rénovation des chaussées à partir de matériaux recyclés.

Vinci s’est aussi engagé dans des actions réduisant l’impact carbonique des utilisateurs de ses autoroutes. A travers son site internet, qui est un portail de services pour les utilisateurs du réseau autoroutier, Vinci s’est associé au spécialiste du covoiturage en ligne covoiturage.fr pour permettre au voyageur de trouver sur son site des offres et des demandes de covoiturage. Un sacré enjeu, sachant que le CO2 généré par les déplacements des utilisateurs du réseau autoroutier de Vinci a atteint 12.862.206 tonnes en 2010.

Johan Debière

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