Austérité pour le budget européen 2012

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Les gouvernements des 27 Etats de l’UE et le Parlement européen sont parvenus à s’entendre samedi matin à Bruxelles pour limiter les dépenses à 129 milliards d’euros en 2012, mettant le budget communautaire au diapason de la rigueur imposée à l’Europe par la crise financière.

“L’accord a été obtenu à l’unanimité”, s’est félicité le sous-secrétaire d’Etat aux Finances polonais Jacek Dominik, qui présidait la réunion. “Il s’agit d’un budget d’austérité”, a déploré le commissaire au budget Janusz Lewandowski, qui s’est dit “préoccupé par les risques de ne pas pouvoir payer toutes nos factures”.

Le ministre néerlandais des Finances Kees de Jager avait annoncé cet accord vendredi en début de soirée, mais le Parlement européen réclamait des contreparties sur les engagements des Etats. L’accord a été finalisé samedi vers 02h00, au terme de 16 heures de difficiles négociations. Kees de Jager avait signifié les limites de l’exercice à son arrivée à Bruxelles. “Le Conseil a accepté une hausse de 2% pour les dépenses, égale à l’inflation (prévue pour 2012). Partout en Europe les gouvernements adoptent des mesures d’austérité et procèdent à des coupes budgétaires. Ce serait un peu étrange que le budget européen soit en augmentation”, a-t-il déclaré.

Le budget commun est essentiellement constitué par les contributions des Etats. L’accord est une défaite pour les élus européens. Ils avaient mis la barre très haut en votant le 26 octobre un projet de budget doté de 133,1 milliards d’euros pour les dépenses. Mais dans leur grande majorité, ils étaient conscients de ne pas pouvoir forcer la main aux gouvernements, pour la plupart étranglés par leur dette et contraints de payer très cher les fonds levés sur les marchés. “Le réalisme l’a emporté”, a reconnu leur représentant, le député conservateur français Alain Lamassoure. “Tout le monde savait que le chiffre du Conseil était le maximum de ce que les Etats pouvaient donner”, a-t-il souligné, en déplorant que “le budget européen soit à la merci de la situation budgétaire des Etats les moins bien gérés, qui ont jeté l’argent par les fenêtres depuis des années”.

La seule solution pour éviter cette “prise en otage” est de doter l’Union européenne de ressources fiscales propres pour remplacer les contributions nationales, a-t-il affirmé. Les élus ont toutefois obtenu un engagement politique des gouvernements sur la mise à disposition de financements supplémentaires si nécessaire. Les Etats avaient pris cet engagement lors de l’accord sur le budget 2011. Ils ont été mis au pied du mur vendredi avec la présentation par la Commission européenne d’une demande de complément budgétaire pour un montant de 550 millions d’euros pour 2011. Ils ont contesté la pertinence de ce montant et l’ont ramené à 200 millions d’euros. Ils ont accepté en contrepartie d’augmenter de 1,1 milliard d’euros les crédits d’engagements dans le budget 2012, qui passent de 146,2 à 147,2 milliards d’euros.

Cet argent ne sera toutefois pas déboursé. Il s’agit d’engagements pour de futurs paiements. L’enveloppe globale du budget de l’UE est fixée pour sept ans et constitue le principal mécanisme de redistribution au sein de l’Union. L’accord sur le budget 2012 préfigure la bataille à venir sur l’enveloppe budgétaire pour la période 2014-2020. La Commission européenne a proposé une augmentation de 5% par rapport au précédent budget sur 7 ans, portant les dépenses à 1.083,3 milliards d’euros, soit 1,11% du PIB européen. Mais neuf pays – Autriche, Danemark, Allemagne, Finlande, France, Italie, Pays-Bas, Suède et Royaume-Uni – ont rejeté cette proposition jugée trop élevée dans un contexte de rigueur généralisée.

Trends.be, avec Belga.

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