Austérité : “La droite veut mettre l’Europe au pain sec et à l’eau !”

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Guerre des nerfs entre partis de gauche et de droite au Parlement européen. Objet de leur divergence : la gouvernance économique européenne. Et plus précisément l’austérité à adopter afin de sortir de la crise.

Mardi, Guy Verhofstadt, chef du groupe libéral, avait indiqué que les trois plus importantes familles politiques du Parlement européen (Parti populaire, socialistes et libéraux) discutaient d’une résolution commune à soumettre au vote mercredi. Mais les débats de mercredi ont montré les divergences d’approche persistantes entre les groupes politiques.

Conservateurs : pour Joseph Daul (PPE), chef de groupe conservateur, l’accent doit être mis sur la discipline budgétaire, accompagnée de sanctions et d’un système de bonus-malus aux pays membres : “Les mesures sont connues, appliquons-les !”

Socialistes : le socialiste Martin Schulz plaide davantage en faveur de mesures contre un système financier “immoral” et pour une agence de notation européenne. L’emploi et la croissance doivent être les priorités, a-t-il dit, soulignant l’importance de recettes fiscales pour alimenter la croissance.

Ecologistes : à ce titre, les Verts ont plaidé pour une taxe sur les transactions financières, que ne rejette d’ailleurs pas personnellement Joseph Daul (PPE), même si son groupe n’est pas acquis à cette idée. Dans cette optique de dégager des recettes nouvelles pour relancer la croissance, la Commission se doit de présenter un plan de coopération et de cohérence fiscale, a ajouté l’eurodéputé belge Philippe Lamberts (Verts), soulignant également l’importance de la lutte contre la fraude fiscale.

Libéraux : pour Guy Verhofstadt, l’Union est confrontée à une crise de sa propre gouvernance, trop intergouvernementale et pas assez communautaire. Il préconise entre autres un Fonds monétaire européen et un marché obligataire commun, en plus d’un renforcement du Pacte de stabilité accompagné d’une “longue liste de sanctions”, et d’une stratégie de gouvernance économique pilotée par la Commission.

Guerre des nerfs entre socialistes et libéraux/conservateurs du Parlement européen

En cours de journée, les socialistes ont publié un communiqué accusant la droite (PPE et libéraux) de vouloir mettre l’Europe “au pain sec et à l’eau” en imposant une “cure d’amaigrissement drastique aux Etats membres” afin de respecter le Pacte de stabilité, alors que la croissance doit primer à leurs yeux.

Dans ce dilemme des priorités à accorder à la réduction des déficits budgétaires ou à la relance de la croissance, Elena Salgado, ministre espagnole des Finances – dont le pays assure la présidence de l’UE – a observé que certains pays devraient, par la force des choses, agir sur la réduction de leurs déficits car ils ne disposent pas de marges suffisantes. Elle reconnaît que ces mesures d’austérité auront un impact sur la croissance, mais un impact à court terme selon elle.

Jusqu’il y a peu, le binôme croissance-réduction des déficits penchait en faveur de la croissance, mais ce n’est plus le cas, a-t-elle fait remarquer devant la commission de l’économie du Parlement. Elena Salgado en conclut à la nécessité d’une meilleure coordination des politiques économiques, variant selon les pays qui devront agir sur la réduction des déficits budgétaires et ceux qui peuvent se permettre encore d’agir sur la croissance.

Car il faut agir aussi dans ces derniers pays, qui disposent encore d’une marge de manoeuvre, a-t-elle dit, ajoutant que cette coordination serait une tâche du groupe de travail (task force) placé sous la houlette d’Herman Van Rompuy, président du Conseil européen, et dont la première réunion est programmée demain vendredi.

Gouvernance économique : Verhofstadt appelle à dépasser les clivages

Le débat sur l’euro, l’économie et le marché du travail n’est pas un choix entre la discipline budgétaire et la croissance économique, mais c’est une question de combinaison des deux, a indiqué jeudi le chef de groupe libéral au Parlement européen, répondant aux critiques des socialistes accusant la droite de l’échec d’une résolution commune sur le sujet.

“Afin de rétablir la confiance en notre monnaie et nos marchés, nous devons combiner une stabilité renforcée et un pacte de croissance avec une stratégie économique ambitieuse et une véritable gouvernance économique”, souligne l’ancien Premier ministre belge, au lendemain de débats dans l’hémicycle de Strasbourg qui ont démontré des divergences persistantes entre partisans des réductions des déficits budgétaires nationaux et adeptes de la relance de la croissance.

Guy Verhofstadt, qui a dénoncé mardi la “cacophonie” entretenue selon lui par certains dirigeants européens qui avaient émis des doutes sur le programme de stabilité financière de la zone euro de 750 milliards d’euros, appelle le Parlement européen à “travailler ensemble sur une stratégie audacieuse et ambitieuse en matière de gouvernance économique qui sera votée au Parlement en juin”. Il espère toujours une résolution commune du Parlement européen sur le sujet pour la session plénière de juin.

Gouvernance économique : le vote de la résolution est reporté à juin

[UPDATE] Le Parlement européen a reporté à la session de juin prochain le vote d’une résolution attendue sur la stratégie européenne EU2020, qui doit surtout déterminer les grandes lignes de la gouvernance économique de l’Union selon les députés européens.

La droite (PPE, libéraux) a voté pour ce report, au contraire de la gauche (S&D, Verts, Gauche unitaire), qui réclamait un vote dès ce jeudi sur l’une des cinq propositions de résolution déposées. PPE et libéraux espèrent une majorité “forte” en juin pour une résolution commune, afin que le Parlement européen puisse peser sur le Conseil. La gauche, elle, a dit par la voix du chef de groupe S&D, Martin Schulz, constater qu’il y avait aujourd’hui un “problème de contenu” sur les recettes à préconiser…

Trends.be, avec Belga

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